Les péquistes étaient encore tellement sous le choc de la gifle électorale subie le 1er octobre, pendant la courte session parlementaire d’automne, qu’ils ont quitté Québec pour la période des Fêtes sans même tenir un débriefing.
À la rentrée du 27 novembre dernier, pour deux semaines de mini-session, la députation du PQ avait fondu du tiers, à seulement dix députés, par rapport à la rentrée ayant suivi l’élection de 2014.
Entre le scrutin et le retour en chambre, les survivants du raz-de-marée caquiste auraient pu avoir le temps d’encaisser le coup, mais au contraire, certains ont vécu difficilement ces journées de travaux parlementaires.
Comme s’ils avaient pris la mesure de la raclée en prenant place, à l’étroit entre l’opposition officielle libérale et les solidaires quasi triomphants, dans un Salon bleu dominé par les troupes de François Legault.
« C’était un choc », confie un membre de la députation péquiste, selon qui la formation a subi le contrecoup de la reconfiguration.
Pas facile, par exemple, de discuter stratégie pendant la période de questions, alors que même les officiers péquistes se retrouvent enclavés par des députés d’autres formations.
« On a vu que l’espace médiatique ne serait pas facile à prendre, en plus avec Québec solidaire, mais aussi c’était la gestion de la décroissance, des employés qui ont dû quitter, d’autres qui ont travaillé sans savoir s’ils pourraient être payés », continue la source.
La zone de turbulence était telle que l’équipe est passée de 60 personnes à 20.
Pascal Bérubé et Sylvain Gaudreault ont déjà apprivoisé l’inconfortable statut de 2e groupe d’opposition en chambre, après la dure défaite encaissée en 2007 avec André Boisclair. Pour les autres, il s’agit d’un terrain inconnu, qui nécessite un apprentissage. Toutefois, les sources contactées disent n’éprouver aucune jalousie à l’égard de QS, qui a occupé l’espace public au moyen de coups d’éclat et de vidéos controversées.
« Nous, on ne l’aurait pas fait comme ça, on ne veut pas faire de spectacle », a répondu un député du tac au tac. « On ne va pas se dénaturer », a insisté un autre.
Stratégie et positions
Au cours du caucus préparatoire qui se tient jusqu’à demain dans les Laurentides, les péquistes devront tout de même revoir leur stratégie et leurs positions en vue de la reprise des travaux le 5 février.
Notamment, sur la laïcité, pas sûr qu’ils continueront de prôner l’interdiction du port des signes religieux pour les éducatrices des CPE.
« C’était la position de Jean-François (Lisée) et ce n’était pas unanime dans le caucus », nous dit-on.
Équilibre
Par ailleurs, selon nos sources, les ex-députés Nicolas Marceau et Alain Therrien tentent encore de convaincre des élus péquistes de remettre le cap vers le centre, alors qu’un autre clan préfère un parti plus à gauche, axé sur la social-démocratie.
Le chef intérimaire Pascal Bérubé se retrouve avec la délicate tâche de garder son équipe unie dans un spectre plus large, afin de préparer une piste d’atterrissage pour le futur chef, qui pourra ensuite trancher et choisir la direction à prendre.
D’ici là, il devra, tel un funambule, maintenir l’équilibre entre les différentes factions à l’intérieur du parti.
Et avec une équipe de dix députés seulement, la marge de manœuvre est bien mince...