Ainsi, Jean-François Lisée considère qu’il n’a commis aucune erreur pendant la dernière campagne électorale.
Ben coudonc.
J’aimerais avoir autant d’assurance dans la vie.
Autant confiance en moi.
LA PESTE NATIONALISTE
Comme Joseph Facal, je trouve le manque d’humilité de monsieur Lisée sidérant.
La pire défaite de l’histoire du PQ, et le chef est content de lui ! Il trouve qu’il a mené une excellente campagne !
Faut le faire, non ?
Cela dit, monsieur Lisée n’est pas le seul responsable de cette déconfiture historique.
Il y a aussi l’époque.
Car le vent a tourné, depuis le 15 novembre 1976.
À 180 degrés.
Prenez le mot « nationalisme ». Dans les années 1970, ce terme était considéré comme noble, respectable.
Exaltant.
On chantait la nation, on la célébrait, on la louangeait !
La nation était la solution à tous les problèmes. C’est pour protéger la nation que les Russes avaient écrasé les nazis, que les Cubains avaient botté le cul des Américains et que les « damnés de la terre » s’étaient révoltés contre leurs oppresseurs !
La gauche tripait sur la nation !
Or, aujourd’hui, le nationalisme est considéré comme une peste.
Qui dit « nationalisme » dit « fermeture », « étroitesse d’esprit », voire « fascisme ».
« Le nationalisme, c’est l’égoïsme d’un peuple qui ne regarde que ses intérêts », a déclaré Emmanuel Macron le 11 novembre dernier.
LA HAINE DU PEUPLE
Il n’aura fallu que 40 ans pour que ce nom jadis respecté devienne détesté, honni.
Vous voulez faire peur aux gens ? Sortez le mot « nationalisme », vous allez voir, ils vont trembler.
Idem pour le mot « peuple ».
On aimait René Lévesque, car il parlait au peuple. Il aimait le peuple. Même chose pour Bernard Landry.
Aujourd’hui, qui dit « peuple » dit « populisme ».
Le peuple est une bête qu’il faut regarder de loin. Et de haut.
Avant, l’élite défendait le peuple. Aujourd’hui, elle le méprise. Ouvertement et sans honte.
Plus tu t’approches du peuple, plus tu risques d’être contaminé par son « ignorance » et ses « idées révoltantes ».
DES MOTS INFRÉQUENTABLES
Un troisième mot qui a changé de sens au cours des dernières années : « identité ».
Avant, on voulait faire l’indépendance pour protéger notre culture, nos valeurs, notre « identité ».
Aujourd’hui, seules les minorités ethniques, sexuelles et religieuses peuvent célébrer leur « identité ».
Quand tu fais partie de la majorité – c’est-à-dire : quand tu es un Blanc francophone de souche –, tu n’as pas le droit d’utiliser ce mot.
Car dans ta bouche, il devient abject, infâme, nauséabond.
Le « Sésame, ouvre-toi » qui ouvre toutes grandes les portes de l’enfer.
Le sens des mots a changé, au cours des 40 dernières années.
Le monde s’est transformé, la rectitude politique a viré notre langue sens dessus dessous.
Les trois mots qui, pendant des décennies, étaient au cœur même du discours péquiste sont devenus infréquentables.
Et le parti ne s’en est pas aperçu.
Pas étonnant qu’il se soit planté !
LE TEMPS ASSASSIN
Oui, monsieur Lisée a fragilisé son parti en flirtant avec Québec solidaire.
Mais ce qui a tué le PQ, c’est l’époque.