Le PLQ et le PQ furent les deux grands perdants de la dernière élection.
Ce sont donc eux qui sont confrontés aux plus grandes remises en question.
Commençons par le PQ : a-t-il encore un avenir ?
Peut-être, mais répondre oui tient plus de l’acte de foi que de la froide analyse politique.
Dans toute l’histoire du Québec, un seul parti a traversé le temps : le PLQ.
Le PQ pourrait aussi ne pas mourir, mais rester un joueur marginal, exclu de la lutte pour le pouvoir, éloigné de la possibilité de transformer son idéal en réalité concrète.
Régime
L’autre jour, je participais, sur les ondes de la nouvelle radio QUB, en compagnie de Martine Tremblay, ex-directrice de cabinet de René Lévesque, à une discussion sur l’avenir du PQ.
Je crois ne pas me tromper en disant que nous nous sommes entendus sur deux conditions minimales de redressement du PQ.
Il y en a d’autres, et même ces deux-là ne garantissent rien. Mais il faut bien commencer quelque part.
La première condition concerne le discours à tenir sur la situation du Québec dans le système canadien.
Le Canada n’a aucune intention de concéder le moindre accommodement particulier au Québec.
François Legault le verra bien assez vite. Le PLQ, lui, ne fait même plus semblant.
Québec solidaire n’est souverainiste que si c’est pour construire un pays socialiste – ce qui ne ralliera jamais une majorité chez nous – ou pour tuer le PQ, ce que nombre de péquistes ne comprennent toujours pas.
Fondamentalement, la souveraineté se justifie parce que le régime fédéral et son multiculturalisme radical nient notre identité nationale et notre capacité à nous gouverner nous-mêmes.
Toutes les autres raisons de vouloir la souveraineté – les dédoublements administratifs, le gaspillage, etc. – sont secondaires.
Jean-François Lisée a eu raison d’écarter un référendum qu’il est impossible de gagner à court terme.
Mais il a eu tort de ne pas faire le procès du régime fédéral : pourquoi alors voter pour le PQ ?
Obsession
La seconde condition de base d’un possible redressement du PQ est d’en finir avec son obsession avec QS.
On verra ce qu’il y a moyen de faire avec ces gens si, un jour, le scrutin proportionnel devient réalité et si la possibilité d’un référendum force à des pourparlers.
D’ici là, le PQ se rend ridicule et pathétique en voulant courtiser un parti qui le déteste et n’espère que sa mort.
Le créneau de la gauche dure est déjà occupé par QS. Que le PQ le lui laisse.
René Lévesque n’a jamais voulu d’un rapprochement avec le RIN de Pierre Bourgault.
Il avait compris que le prix à payer serait de s’éloigner du centre. La suite lui a donné raison.
La majorité des nationalistes est composée de gens modérés et pragmatiques, dont plusieurs, le 1er octobre dernier, sont partis à la CAQ ou sont restés à la maison.
C’est à eux que le PQ doit parler.