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Liminaire : J’ai publié il y a une quinzaine, ici même, chez Vigile, quelques lignes sur le sujet. En voici la version étayée. D’abord proposée au Devoir. En vain
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«Volonté de puissance chez les grands peuples,
le nationalisme, chez les petits, est une volonté d’être.»
Jean Bouthillette, Le Canadien-Français et son double [1972]
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RÉQUISITOIRE À L’ENCONTRE DE: Mme Marie-Claire Lévesque, présidente du C.A. de l’Institut canadien: intouchable aux abonnées absentes en permanence…, M. Jean Chabot, directeur général de l’Institut canadien: jchabot@institutcanadien.qc.ca, Mme Julie Lemieux, V.-P. du Comité exécutif de la ville de Québec (responsable du secteur Culture): julie.lemieux@ville.quebec.qc.ca, ainsi que M. Régis Labeaume, maire de Québec: cabinetdelamairie@ville.quebec.qc.ca. Imputables sans l’assentiment desquels – tacite, explicite ou directif – les insidieuses initiatives ici dénoncées, aux effets dévastateurs, n’auraient jamais pu être mises à exécution
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Borne d'ancrage : Louis Cornellier, Le point sur la langue. Montréal, VLB Éditeur, 2016
Dès que j’ai été informé de la publication à venir de cet ouvrage, en Janvier dernier, il y a quelque sept mois, j’ai immédiatement recommandé à la Bibliothèque de Québec, administrée par l’Institut canadien (lui-même mandaté par la municipalité pour ce faire), d’acquérir ce livre dès sa parution.
Or trois mois après son édition effective, en mai dernier, je constate que le document ne figure toujours pas au catalogue. Pas même en rubrique «Titres à paraître» (en commande).
Un ouvrage d’ici – par un critique littéraire chevronné du Devoir qui plus est, et portant sur un sujet hautement sensible en pays de Fernand Dumont – sur lequel notre très "culturée" Bibliothèque de la Capitale nationale lève le nez…?
Pendant ce temps (primo), sur les rayons apparaissent (en continu, à perte de vue, et jusqu’à plus soif, dans les quelque vingt-cinq antennes du Réseau de par tout le territoire) disques vidéo-numériques étatsuniens (DVD et Blu-ray) avec mention : Version française non disponible. Ç’en est proprement hallucinant. Oh! je force le trait. Un tantinet. Je dois admettre, en effet, qu’à l’occasion il est plutôt signalé: Version française sous-titrée… Il m’arrive même – ô surprise (le hasard sans doute) – de repérer un film ou une télésérie américaine (entendre ici le numéral plutôt que l’indéfini) intelligible dans la langue de Voltaire, de Félix et de Michel Serres.
Aussi, à quoi bon s’ingénier à procéder au travail de doublage en langue française – se disent en chœur, se frottant du coup les mains avec contentement, sinon délectation, producteurs et autres intervenants du milieu de l’Empire d’outre-45e parallèle – si les institutions culturelles les plus prestigieuses et les plus représentatives de la Nation gauloise du Nord s’empressent d’elles-mêmes (obéissant aveuglement de ce fait au marché anglo-saxon comme sous l’effet d’un impératif moral, voire, d’un inéluctable décret des dieux: « ll suffit qu’on vende pour que j’achète », chantait Sylvain Lelièvre dans l’une de ses immortelles) à se saisir à pleines mains, et ce sans compter, du flot ininterrompu des US Products in english only. À telle enseigne, du reste, que les radios-poubelles – paradis de la paresse intellectuelle et du préjugé / enfer de l’honnêteté intellectuelle et de la pensée (ou, si on préfère, l’impudente mesure du Monde à l’aune de sa propre ignorance) – peinent à contenir leur jubilation devant l’indécence d’un pareil spectacle public d'assujettissement volontaire.
Pendant ce temps (deuzio), l’Administration déniche motifs, plus souvent que rarement, pour opposer fins de non-recevoir à des propositions pertinentes d’acquisition. De livres ou de quelque autre type de documents. En français. Hormis, peut-être, un livre de recettes (de bonbons ou de séduction, c’est selon) ou une méthode d’apprentissage du danois. En englissh… Cela dit – rendons à César... – le fonds de la Maison n’est pas mauvais. Il est vrai. Pour l’instant du moins.
Pendant ce temps, en effet, dis-je, a contrario de sections Jazz et Musique classique convenables, ainsi que de l'indéniable bonne volonté du responsable du département Multimédia, des créations originales de langue française se voient proposées au compte-gouttes dans le catalogue "American Tire" de notre Espace de culture. Je pense tout spontanément aux très riches collections de Arte Vidéo (cinéma de répertoire, documentaire), de la Librairie sonore Frémeaux, du site cybernéen de l’Académie Charles-Cros (qui nous aiguille avec régularité vers des joyaux peu connus de l’univers du disque) et de l’éditeur Thélème («livres lus»), pour ne citer que ces enseignes outre-frontières parmi moult cavernes d’Ali Baba au sein de notre extraordinaire francienne Culture.
En outre, alors que l’on trouve tout ce que l’on pourrait désirer (y compris les productions les plus insipides) aux pléthoriques comptoirs des american CDs/DVDs (ou le requérir rubis sur ongle si absence constatée), il est particulièrement exaspérant, en synchronie, de devoir prendre acte que de nombreux films (notamment européens), d’une part, d’innombrables titres de la Grande Chanson française, d’autre part, tous pays confondus, restent ici sans voix...
Pendant ce temps (terzo), les «gestionnaires» n’hésitent pas un instant à délier la bourse – et ce, en permanence – à coups de milliers de dollars pour une unique télésérie étatsunienne… non doublée en français. Dont, le croirait-on (!), un grand nombre parmi celles déjà diffusées... en français sur les ondes télévisuelles québécoises. Ainsi, à plus de 50$ l’unité-coffret (plus sûrement 60$ et +) pour chaque saison, unité multipliée par l’ensemble ou la quasi-totalité des (vingt-cinq) établissements du Réseau, certaines séries représentent, au total des saisons, un investissement en deniers publics (depuis le portefeuilles des citoyens-contribuables qui constituent la nation française du Québec) qui peut atteindre ou approcher, voire dépasser, les 10,000.00$. Pour une (1) seule télésérie, je dis bien. Sur plusieurs saisons. Inaccessible dans la langue de Gabrielle Roy... Celle-là même, on le sait, qui a donné son nom (consentement mis à part, et aujourd’hui plus que jamais, on peut le présumer) au vaisseau amiral de la Bibliothèque de cette Capitale. Laquelle pour le coup semble rêver (U.S. c’est Us itou! péremptorise sans doute M. Chabot), si on s’en fie à nos ami(e)s du 4e, de n’être rien plus que le faubourg anonyme d’une Buffalo égarée. Alors, citoyens, faisons le décompte. Alors que ces «produits» s’accumulent par centaines sur les rayons. À flot continu.
Et que l’on ne s’y trompe point. Il ne s’agit pas en l'occurrence, expression de la plus sournoise des mauvaises foi/s, et plus d’une fois entendue, de réclamer, là contre, Beatles, Barbra Streisand, Leonard Cohen ou Celine Dion – voire, Gilbert Rozon & Family! – en français…
Pendant ce temps (quarto: et pour ne parler un court instant que de l’audiophonique musical), si vous désirez vous offrir, par exemple (sommaires cas de figure issus des Soixantines et des Septantines pour fin diligente d’illustration du propos), les interprétations de la vaporeuse Jacqueline Dulac, nombre des plus belles compositions d’Aznavour, certaines des plus délicieuses créations de la compositrice-interprète Alice Dona, des titres fort originaux de Michel Polnareff, ou même un des plus solides albums, tantôt de Jacques Michel, tantôt de Paul Piché, eh bien vous pourrez toujours faisander sur place. Faute de vous présenter chez Renaud-Bray. Ou équivalent.
Après tout, n’est-ce pas, notre culture – oui, la nôtre – c’est comme la langue maternelle de notre Philippe Pétain national: elle est pour ainsi dire seconde par définition. Et ce n’est pas M. Jean, Mme Marie-Claire, Mme Julie ou M. Régis, isn't it, qui pourront feindre de prétendre le contraire. Ni d’ailleurs une certaine Félicité (from France au surplus...), persuadée, à l’évidence, de l’intelligence de sa repartie à mes doléances: «Mais nous sommes au Canada, monsieur!». Stupéfiant!
«So ist es!», glapissent avec conviction valets et laquais de tous les pays. Marx n’en dort plus...
Et ce, nonobstant le professionnalisme qui prévaut, je n’en disconviendrai aucunement, chez quelques-uns des «adjoints» de ces derniers. Car, il faut le dire, il y a en ces lieux des gens de qualité qui, en dépit de ce climat délétère, cherchent résolument à offrir le meilleur service possible.
En clair -. La Bibliothèque de Québec. Ou l’auto-aliénation heureuse et satisfaite. De sa largeur d’esprit! Hélas, ainsi que l’écrivait le devoirien Jean Dion (ou était-ce plutôt le regretté Devos...? ou même Coluche...?): «Souventes fois, plus c’est large plus c’est épais». Oh! comment, dites-moi, coquette dame au si joli plumage, s’insurger contre aussi sage adage?...
Une part colossale du budget de l’Institution se voit consacrée à des documents unilingues anglais (imprimés compris). Par le biais exclusif des taxes et des impôts des Québécois. Or, loin de se réformer (je renvoie à ce propos à mon intervention en section «Idées» du Devoir du 17 août 2015, il y a exactement un an, ou sinon à la version intégrale originale accessible à la page numérique suivante: www.soreltracy.com/liter/2015/aout/18a.htm), la situation se dégrade chaque jour un peu plus. À vitesse folle, pour tout dire.
Version française non disponible... Version française non disponible... Version française non... Ou, plus succinctement: «Version française? Non!» So, Hurry! Canadian Institute.
Bref, depuis que madame Marie-Claire Lévesque s’est vue remettre les clés du Logis – hormis qu’il s’agisse d’une simple coïncidence (je ne demande pour ma part qu’à m’en voir convaincu, mais comme madame semble avoir une trop haute opinion de sa position – ou de sa personne? – pour daigner se rendre «accostable», ou répondre tout naturellement aux interrogations des citoyens qui lui versent son salaire, disons qu’à cet égard ce n’est pas encore tout à fait dans le sac) – il ressort, selon toute vraisemblance, que la plus notable ambition d’icelle résidât dans l’objectif de métamorphoser la Bibliothèque de Québec en une solide émule de la Public Library of Toronto. So... Plus c’est anglo, plus c’est beau...?
Qu’en pense madame la ‘vice-exécutrice’ Julie Lemieux?
Ce n’est certainement pas sous l’autorité du très regretté maire Jean-Paul L’Allier – vous en conviendrez aisément, je pense, M. Labeaume – qu’une dégénérescence pareille aurait pu advenir au sein de la Cité qui représente – l’ignorez-vous? – la Capitale française de toutes les Amériques.
Or, utiliser massivement des fonds publics à des fins d’anglicisation systématique du Réseau québécois (je dirais volontiers : à des fins d’englissement, ou d’anglaisement) constitue rien d’autre – et je soupèse mon verbe – qu’un véritable scandale.
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Coda
Un Point sur la langue - (Ave, Louis!) - qui peine à investir les espaces du sanctuaire Gabrielle-Roy. Pendant que...
Voilà en condensé la tragique illustration du coup de poing américain sur la langue de nos ancêtres / sur l’identité de nos enfants.
Et que déploie avec force obstination, et sans vergogne aucune, le directoire de cet Antre québécois du Savoir et de la Culture. Par ignorance, par idéologie, par médiocrité, par inculture, par bêtise, par aveuglement, par lâcheté ou par indigence intellectuelle, voire – hélas, nullement impensable dans notre actuel régime bananier à faire "rougir" d’envie tous les Taschereau et les Duplessis de notre Histoire – par concussion ou prévarication...? Je ne saurais dire. Mais sans conteste, toujours sous aliénation (a-lien: «sans lien» / «étranger à soi-même»).
Comme on dirait «sous perfusion létale» un malade en phase terminale.
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7 commentaires
Jean-Luc Gouin Répondre
2 décembre 2016--> Rectificatif
Dans ce texte je fais référence, à un moment, à une membre du personnel du nom de Félicité (Anne-Christine Félicité, plus précisément).
Or j'ai commis ici une erreur sur la personne. Il s'agissait plutôt, en l'occasion, de mademoiselle Julie Briant.
Aimable personne au demeurant. Mais qui, il faut bien le dire, aura puissamment erré dans ce cas de figure.
À sa défense : le climat idéologique, bien entendu, qui règne chez ses supérieur(e)s hiérarchiques du réseau des Bibliothèques de la ville de Québec (RBVQ).
Désolé de ce contretemps, disons, technique.
Merci.
JL Gouin
Jean-Luc Gouin Répondre
3 octobre 2016Le 30 septembre 2016, le maire de Québec, M. Régis Labeaume, aura finalement laissé filtrer son opinion relativement à ce texte.
On pourra consulter ce mot, accompagné d'une courte repartie, consternée, de l'auteur, toujours chez Vigile, à la page numérique suivante.
Merci.
JLG,
3 Octobre 2016
Archives de Vigile Répondre
2 septembre 2016Texte à la fois documenté, implacable, structuré et... rigoureusement courtois.
Ce sont là, de nos jours, des qualités très rarement regroupées chez un même auteur.
Chapeau monsieur.
Archives de Vigile Répondre
31 août 2016Post Scriptum
Tiens, tiens...
Le point sur la langue, de Louis Cornellier, a été commandé aujourd'hui...
Presque 4 mois après sa publication, ainsi que sa présence dans l'ensemble des librairies du Québec.
Du service professionnel, à n'en pas douter.
Misère...
Archives de Vigile Répondre
31 août 2016Je prends un tout petit instant pour ajouter mon grain de sel.
Non seulement ce qui a été dit précédemment correspond, malheureusement, à la vérité toute crue, mais on pourrait ajouter d'autres doléances.
Par exemple: ne pas être remboursé à titre d'usager lorsque nous louons des documents "endommagés", CD et DVD en particulier. Je comprends que c'est un problème sans doute sérieux pour la bibliothèque (il y a des gens pour qui le vandalisme est une seconde nature lorsque les biens concernés ne leur appartiennent pas en propre), mais les autres usagers n'ont pas non plus à défrayer les coûts pour eux. C'est là un problème récurrent. Payer pour une location dont on ne peut utiliser l'objet est inadmissible. C'est carrément du vol, en fait.
Autre point ponctuel. Je suis outré par la malhonnêteté de ce service public. Public: c'est-à-dire, en principe, au service de la population; non l'inverse!
Je veux en cela faire référence à ce que madame Chenonceau appelle la Supercherie caractérisée de l'administration.
À savoir. Depuis longtemps maintenant, de nombreux mois qui deviennent des années, tout ce qui est américain (film et télésérie) est unilingue anglais. Les versions traduites deviennent l'exception. C'est ainsi que sur les présentoirs des nouveautés, on ne voit plus sur les boîtiers que la mention suivante:
Version française non disponible
ou, quelquefois,
Version française en sous-titres
Partout. Tout le temps.
Mais voilà que depuis quelques jours (j'ai encore vérifié hier, le 30 août, à la Bibliothèque Gabrielle-Roy), subitement, et comme par enchantement, on ne voit plus du tout ce type de document ou de présentation... Or, pareille manipulation relève d'un comportement délinquant de bas étage. Et indigne d'une organisation professionnelle et responsable.
Une organisation qui trompe sciemment le public afin de dissimuler ses actes inacceptables. C'est franchement révoltant.
On nous présente du Version française non disponible à volonté, en permanence, et depuis plusieurs années. Et voilà que, suite à la publication d'une lettre critique de M. Gouin, tout bascule!
« On cache tout, en attendant que l'orage passe!
Ensuite on reviendra à la "normale": l'anglicisation sans limites. »
C'est tout un sens professionnel que vous démontrez là, monsieur Jean Chabot et madame Marie-Claire Lévesque. C'en est renversant.
Et carrément dégoûtant.
Aussi je ne vois pas comment la population québécoise pourrait, devant pareil dossier, continuer à vous faire confiance.
Car vous êtes devenus des fonctionnaires parfaitement indignes de confiance.
Reste à savoir si madame Julie Lemieux (V-P du Comité exécutif de la ville de Québec), le maire Régis Labeaume également, sont parties prenantes - activement ou implicitement - à ces procédés incompatibles avec l'intégrité publique dont ils sont, ultimement, les garants.
(Merci de publier mon... indignation citoyenne)
Archives de Vigile Répondre
30 août 2016^
La Direction du Réseau des bibliothèques de la ville de Québec (RBVQ):
De l'Aliénation comme système de pensée à la Supercherie caractérisée
Je désirerais ajouter quelques mots à ce dossier absolument invraisemblable. À savoir: un service public québécois au service de l'anglicisation du savoir et de la culture, doublé, ensuite, par des manières répugnantes pour mieux dissimuler cette "politique".
Je m'explique.
Fidèle des lieux depuis longtemps, je puis corroborer au mot près le "réquisitoire" de M. Gouin. J'apporterai même des précisions que celui-ci, ou n'aura pas cru utile d'incorporer à son discours, déjà très développé, ou qu'il aura tout simplement oublié de mentionner.
D'abord, il est exact d'affirmer que depuis quelques années l'immense majorité des téléséries et des films américains offerts à la population de la Capitale (c'est particulièrement remarquable en ce qui regarde les téléséries) sont unilingues anglais. Les documents de cette sorte doublés en français - la langue des Québécois, est-il vraiment nécessaire de le rappeler, même si notre propre Premier ministre, à Québec, semble l'ignorer! - constituent la peau de chagrin restante.
Mais M. Jean Chabot et Mme Marie-Claire Lévesque, le tandem à la direction du Canadian Institute (comment le nommer autrement?), ne voient là, très manifestement, aucun problème. Des sommes phénoménales (publiques) se voient consacrées à des produits qui ignorent la langue de Gilles Vigneault.
But No! No Problem at all! se convainquent nos fonctionnaires de service qui estiment savoir ce qui est "bon" (et ce, à même "notre" argent) pour les citoyens. Tout juste "bons", de toute évidence, pour l'acculturation systématique à la langue de Jostin' Trewdow. Et de Donald Trump.
Or non seulement ces manières sont-elles profondément méprisantes et pour les citoyens, et à l'endroit de la langue officielle du Québec, mais dame Lévesque et sir Chabot (sous l'oeil complaisant de monsieur le maire Labeaume et de madame Julie Lemieux) s'amusent, comme pour ajouter l'insulte à l'injure, à en rajouter couche sur couche. Ad infinitum.
Ainsi, dans l'ensemble des 25 établissements du réseau, exception faite, semble-t-il, de la Maison de la Littérature (en Vieux-Québec), on donne en permanence priorité à la visibilité desdits films et téléséries en provenance des États-Unis. En effet, dans les présentoirs, tout spontanément ce sont des produits de cette catégorie qui sont les plus aisément identifiables ou repérables. Puisque boîtiers et coffrets se voient "proposés" côté face à l'usager. Alors que "les autres" documents vidéo-numériques, québécois et européens, par exemple, toujours très minoritaires au surplus, sont banalement rangés... côté tranche. De manière à se "révéler", autorisez-moi l'oxymore, invisible. Ou presque.
Bref. On s'croirait chez Jean Coutu. Avec leurs présentoirs d'American DVD. N'y cherchez surtout pas un film français ou québécois: You wont find them. En revanche il faut dire, léger progrès, et contrairement à notre splendide Bibliothèque de Québec, qu'il s'agit en ces occurrences de versions également accessibles en français...
Ce qui m'amène à ce qui suit.
Supercherie, disais-je. D'entrée de jeu. Voici pourquoi.
C'est que, voyez-vous, quelques jours après avoir lu la première (et très courte) mouture de l'intervention de M. Gouin sur le sujet, il y a quelques semaines, je constatai, pour ainsi dire du jour au lendemain, une "présentation" des nouveautés en DVD tout à fait modifiée. À Gabrielle-Roy, bien sûr. Mais également au sein des quelques succursales que je fréquente.
Alors que, habituellement, n'est-ce pas, défilent sous nos yeux, sans jamais désarmer, téléséries et films américains avec mention "Version française non disponible" (on ne voit plus que ça. Littéralement!), voilà que je constate un grand nombre de documents "français" de cette catégorie... Oh! bien sûr, ramenés du fonds régulier (de l'arrière-boutique?), la plupart ne constituait pas des "nouveautés". Mais c'était remarquable. Comme trompe-oeil... strictement cosmétique!
Ainsi, non contente de détourner de lourds budgets vers des acquisitions dans la langue unique des United States of America, et du Kanada, la direction n'hésite pas un instant, au surplus, à tromper délibérément sa clientèle en masquant ses manières tout à la fois aliénantes et malhonnêtes. La-Men-Ta-Ble.
J'aurais encore beaucoup à dire, à propos de moult détails qui font de cette Bibliothèque, autrefois véritable fleuron de la Capitale du Québec, un instrument et d'"englissement" et de canado-déquébécisation.
Illustrations. Le fait, incidemment, que la quasi-totalité des CD musicaux acquis dans les dernières années sont également d'origine américaine. Un CD québécois ou français, ici ou là, à l'occasion. Mais c'est l'exception. Comme à Toronto, quoi... "Pendant ce temps", comme dirait M. Gouin, c'est la galère si on exprime le désir d'acquérir un livre (en français) ou un No American Film... Etc. Même si, j'abonde en cela, il y a des membres au sein du personnel qui font du bon boulot. Reste que ces individus ont forcément les mains liées, compte tenu de l'Organisation parfaitement tordue qui prévaut à la Direction des lieux.
Mais j'arrête ici. Car je ne suis pas certaine que je parviendrais à contenir ma colère. Et à m'abstenir de dire très précisément ce que je pense de ces gens-là...
Je me contenterai donc de cette finale.
M. Jean Chabot, Mme Marie-Claire Lévesque, je partage tout à fait l'avis de madame Morgane: vous êtes des individus parfaitement indignes de diriger un bijou culturel de la valeur et de l'importance de ce patrimoine que constitue, à Québec, notre Bibliothèque. C'est-à-dire la Bibliothèque des citoyennes et des citoyens de la Capitale. Et non point votre "chose" personnelle "gérée" à la lumière - à l'obscurité, dis-je - de vos idéologies politiques et linguistiques étriquées.
Et en totale contradiction avec l'intérêt supérieur public.
Aussi votre démission, ou votre congédiement sur-le-champ, deviennent-ils la seule issue possible.
Marianne,
citoyenne et contribuable (notamment de vos salaires)
Archives de Vigile Répondre
28 août 2016.
Scandale à la Bibliothèque de Québec
Ou la Propagande d’une poignée d’administrateurs-bibliothécaires
La formulation n’est ici en rien exagérée.
Pendant que l’on ratisse les fonds de tiroirs pour tous les budgets publics possibles, et ceux concernant la Culture au premier chef (il s’agit d’enveloppes dites fermées, puisque lesdits budgets, bien sûr, ne sont jamais illimités), voilà que la direction de ce Centre du Savoir (i.e. le tandem Jean Chabot / Marie-Claire Lévesque, sous l’oeil complaisant du maire Régis Labeaume ainsi que de son bras droit Julie Lemieux) investit massivement dans des documents offerts dans une autre langue que celle de sa clientèle.
L’équivalent, dans n’importe quelle bibliothèque de n’importe quelle ville en Canada (à savoir un service unilingue français à grande échelle) provoquerait une véritable révolution. Et même, soyons-en convaincus, violence à la clé! Même leurs bibliothèques universitaires (!) se montrent largement réticentes à s’enquérir des travaux en français - langue de Savoir et de Haute Culture pourtant. La «québécoise» McGill University comprise! C’est dire...
Ces «décisions administratives» profondément colonisées (une bibliothèque publique municipale n’est pas une bibliothèque universitaire), et extrêmement onéreuses pour le Trésor public, participent d’un état de servitude volontaire qui banalise, avant que d’inféoder, la langue - l’unique langue - officielle du Québec. C’est d’un mépris sans nom pour la collectivité québécoise tout entière.
Allez, Québécoises et Québécois : contribuez de vos taxes et de vos impôts à votre propre abrutissement culturel et linguistique!
Mme Lévesque, M. Chabot, M. Labeaume et Mme Lemieux, vos manières constituent rien moins que des actes de criminalité. Criminalité contre la personnalité, l’identité et la langue du Québec.
Et le «phénomène» est d’autant plus révoltant qu’il est accompagné comme par surcroît, en latéral, de manoeuvres comparables, et d’ailleurs pas très subtiles, en ce qui regarde moult documents, expositions et autres prestations publiques de la Maison gérée par le bien nommé Canadian Institute.
Depuis quelques années, en effet (je dirais deux ou trois ans), je constate que les vocables Québec et Québécois(es), par exemple, sont à toutes fins utiles devenus tabous.
Ô Canada…! Voilà ce qu’il convient désormais de dire. Et de lire.
En termes abrégés : sous la poigne de Mme Marie-Claire Lévesque et de M. Jean Chabot, c’est La Presse de Gesca / Power Corporation qu’il me semble lire partout.
Or, un tel programme de «décérébralisation» du citoyen - on croirait que c’est plutôt le tandem Trudeau/Couillard qui tient bien en main les rênes de notre Bibliothèque, pourtant de bonne et belle tenue jusqu’à il y a quelques années - constitue un véritable travail de sape contre l’identité québécoise.
Et que je sache, ce n’est pas le mandat d’une bibliothécaire, madame Lévesque, d’agir de la sorte. Vous êtes au service des Québécois, madame (qui vous allouent votre salaire, très substantiel au demeurant). Ce qui signifie, entre autres conséquences, que ce ne sont pas les Québécois qui, comme vous semblez le croire, sont au service de votre propagande idéologique. Aliénée et aliénante à la fois.
Cela étant, je ne m’oppose pas, bien assurément, à l’insertion au catalogue de productions audio-vidéo-numériques états-uniennes. Dans la mesure où - en cela respectueuses de la Charte québécoise de la Langue française - elles sont accessibles en formats doublés dans notre langue - celle des Charles de Gaulle, des Léopold Sanghor et des René Lévesque.
Comme nous procédons, du reste, pour tout autre produit culturel de quelque origine qu’il soit - chinoise, allemande, espagnole, danoise ou indienne. Ou que sais-je encore. Et pour les gens qui désirent les créations dans les langues originales non françaises, eh bien le commerce en rapports privés satisfait tout à fait à la demande.
Ce n’est pas à l’ensemble de la collectivité québécoise de pourvoir à des besoins privés de cet ordre. Nous n’avons pas, en effet, à investir des sommes publiques absolument fabuleuses dans le mépris ouvert et sans fin de Nous-Mêmes comme Peuple.
Concluons. Monsieur Jean Chabot, madame Marie-Claire Lévesque, vous avez détourné et vos fonctions, et les budgets publics qui vous ont été confiés, à des fins politiques au sens lourd - citoyen - du terme.
Or, s’il restait en vous encore un petit fond de dignité, vous quitteriez ces fonctions dans les plus brefs délais. Et ce, avant que les médias - et avec raison - ne le réclament à grands cris d’indignation.
Car, il faut bien le dire sans détour, madame, monsieur, vous avez puissamment failli à votre tâche.