Surveillez bien les prochaines chroniques des Barbara Kay, Diane Francis et autres Andrew Coyne. On ne doute pas que le spectaculaire et draconien retournement de veste de Maria Mourani lui vaudra, dans les journaux du Canada anglais, les éloges de tous les pires détracteurs de la « société distincte » québécoise, comme ce fut le cas de l’avocat Guy Bertrand en 1995. On notera d’emblée que le titre de sa lettre de rupture d’avec le mouvement indépendantiste, « Pour protéger nos foyers et nos droits », fait clairement référence à un passage de l’hymne national canadien se lisant « Et ta valeur, de foi trempée, protégera nos foyers et nos droits ». Outre le fait que ces mots d’inspiration religieuse et datant du lointain 19e siècle sont sauf un modèle en matière de laïcité de l'État, il n’est pas anodin de se rappeler qu’ils font partie d’un hymne commandé à l’époque par la Société Saint-Jean-Baptiste pour s’affranchir du colonialisme britannique en terre canadienne, là où le « God Save the Queen » du Royaume-Uni a tenu lieu d’hymne national jusqu’en 1980.
Il apparaît donc paradoxal et incongru que la députée d’Ahuntsic cite un texte d’affranchissement des francophones face à l’ordre colonial pour vanter cette charte canadienne des droits sciemment anti-Loi 101 dont l’imposition aux Québécois constitue – avec l’adoption de la constitution de 1982 sans l’accord du Québec – le pire affront colonialiste de notre histoire récente. Il est d’ailleurs significatif que la version originale française de l’Ô Canada ne soit à peu près plus chantée nulle part au Québec, et encore moins dans le reste du Canada.
Le pavé dans la mare canadienne de Mme Mourani fera-t-il des remous assez longtemps pour lui valoir la faveur de ses commettants aux élections fédérales de 2015? Ou subira-t-elle plutôt le sort habituellement réservé aux vire-capot? En vertu de ce qu’elle se gardera bien de qualifier de « nationalisme ethnique », moins le nouveau découpage de la circonscription d’Ahuntsic sera la « Terre de nos aïeux » francophones, plus la carrière de ladite néo-trudeauiste sera longue. C'est d'ailleurs là le propre de tout politicien fédéraliste au Québec.
Le pavé d'une mare à l'autre de Maria Mourani
Tribune libre
Christian Gagnon138 articles
CHRISTIAN GAGNON, ing.
_ L’auteur a été président régional du Parti Québécois de Montréal-Centre d’octobre 2002 à décembre 2005
Laissez un commentaire Votre adresse courriel ne sera pas publiée.
Veuillez vous connecter afin de laisser un commentaire.
1 commentaire
François Ricard Répondre
20 décembre 2013« Pour protéger nos foyers et nos droits »
Il faut noter que ces mots n'apparaissent pas dans la version anglaise.