Plusieurs se demanderont, dans les mois à venir ce qui a manqué au Parti conservateur pour l’emporter dans cette élection. Ils se questionneront sur la stratégie, sur la personnalité du chef.
Ils sont condamnés à tourner en rond s’ils ne font pas un diagnostic plus exigeant : le Parti conservateur du Canada a un problème d’identité. Fondamentalement, il ne sait pas qui il est ni ce qu’il veut être.
Il est idéologiquement dominé par le Parti libéral du Canada.
Idéologie
La seule différence idéologique de fond qu’on lui concède est celle dont il ne veut pas : je parle évidemment du conservatisme social-religieux. Cette différence sert de repoussoir pour lui coller une réputation indésirable.
Sinon, le Parti conservateur se contente de se présenter comme le parti de la bonne gestion et de la décentralisation raisonnable, ce qui n’est franchement pas assez.
Quand on invite le Parti conservateur à se recentrer, on lui demande en fait de devenir une pâle copie du Parti libéral.
Il n’ose s’emparer des enjeux qui lui seraient favorables, de peur d’offenser les grands prêtres du politiquement correct.
Je donne deux exemples tirés de la récente campagne.
Le Parti conservateur s’est couché lamentablement au moment de l’affaire des auto-dafés, alors qu’il aurait pu s’en prendre aux délires et dérives du multiculturalisme incarné par Justin Trudeau.
On peut croire, sans trop risquer de se tromper, que les « gens ordinaires », au Canada anglais, trouvent absolument scandaleuse l’idée de brûler des livres. Erin O’Toole les a abandonnés.
Le Parti conservateur s’est couché de la même manière quand Maryam Monsef a parlé des talibans nos frères. Cela aurait été l’occasion de dénoncer les communautarismes qui colonisent la politique canadienne et transforment le Parti libéral en agrégat de baronnies ethniques.
En fait, le Parti conservateur ne mène pas une bataille idéologique. Il ne cherche pas à définir ses propres références.
On le voit avec son rapport trouble avec l’héritage de Stephen Harper. Les conservateurs se sentent obligés, aujourd’hui, de répudier l’héritage de leur ancien chef, et de prendre leur distance.
On peut penser ce qu’on veut de l’ancien premier ministre, mais il fut le seul, au cours des dernières décennies, dans ce parti, à comprendre que le Parti conservateur ne devait pas simplement mieux gérer le Canada que les libéraux, mais proposer une autre idée de ce pays, une autre conception de son passé, de son présent, de son avenir.
Les conservateurs devraient peut-être moins le fuir que s’en inspirer, dans leur propre intérêt.
Une chose certaine, ils devront renouer avec la bataille des idées.
Tendre la main au Québec était une bonne étape. Mais cela ne saurait être la seule. Que veut dire être conservateur, au Canada, aujourd’hui ?
Enjeux
Que pensent les conservateurs de la censure ?
Que pensent les conservateurs de l’orientation idéologique de Radio-Canada ?
Que pensent-ils de la banalisation du niqab au Canada ?
Ont-ils quelque chose à dire sur l’immigration massive et les délires du multiculturalisme ?
Croient-ils que le Canada est un territoire non cédé ?
Voilà quelques questions qu’ils devraient se poser.
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