Le maire de Chambly a remis sa démission. Denis Lavoie a invoqué des problèmes de santé pour expliquer sa décision, qui est annoncée alors que sa municipalité traverse une importante crise.
« Cette décision, qui va à l’encontre de mon désir ardent de [terminer] mon mandat, m’a été imposée par mon médecin hier vu mon présent état de santé », écrit-il dans sa lettre de démission, datée du 26 mars dernier.
M. Lavoie indique qu’il songeait à quitter son poste depuis novembre dernier : « J’ai tout fait pour reporter cette décision avec, pour conséquence, une aggravation importante de mon état. Je n’ai donc plus le choix. »
Le maire se dit par ailleurs « très fier » de ses réalisations à titre de maire durant quatorze ans, citant la réduction de la dette et l’augmentation des services offerts aux citoyens. Il remercie aussi les citoyens de Chambly « pour leur appui chaleureux ainsi que leur confiance indéfectible durant toutes ces années » : « Je pars avec l’assurance de léguer une ville dans un état exceptionnel de vitalité et de dynamisme », conclut-il.
La démission du maire Denis Lavoie sera officielle le 7 mai prochain. Une élection devra par la suite avoir lieu.
[Denis Lavoie] a fait beaucoup de choses pour la Ville de Chambly. J’aurais souhaité aujourd’hui qu’on ait un peu plus de respect plutôt que de festoyer.
Rappelons que la Ville de Chambly a été placée sous tutelle en février dernier et que l’Unité permanente anticorruption (UPAC) a ouvert une enquête sur l’administration Lavoie. Les cartes de crédit détenues par le maire et deux hauts fonctionnaires ont aussi été suspendues en raison de leur utilisation jugée inappropriée.
« Les enquêtes en cours se poursuivent », a indiqué vendredi Isabelle Rivoal, conseillère stratégique à la Commission municipale du Québec (CMQ), qui gère la tutelle.
La conseillère de l’opposition, Alexandra Labbé, s’est dite surprise de la démission du maire. « Mais on se doutait bien que ça n’allait pas, car il ne siégeait plus au conseil et on nous disait qu’il était bien malade. »
Obstruction ?
L’élue de Démocratie Chambly croit que cette démission facilitera le travail du conseil municipal et des tuteurs. « On verra si les conseillers [d’Action Chambly] changeront d’attitude, mais il y avait beaucoup d’obstruction qui provenait du maire. Ça va peut-être alléger le processus », a-t-elle dit.
Joint par Le Devoir, le conseiller Serge Gélinas, membre de l’équipe du maire, a vanté le travail de celui-ci, dont la réduction la dette de 60 à 15 millions, l’implantation de la gratuité du transport collectif et la construction du Pôle du savoir, de l’histoire et de la culture.
« Il a fait beaucoup de choses pour la Ville de Chambly. J’aurais souhaité aujourd’hui qu’on ait un peu plus de respect plutôt que de festoyer », explique-t-il. « Ce que je souhaite, c’est qu’on se souvienne des bons coups de M. Lavoie. »
Denis Lavoie avait été traité pour un cancer en 2009, mais il y a deux ans, sa santé était vacillante, selon M. Gélinas. « Son état de santé était tel en 2017 qu’il n’aurait probablement pas dû faire la course, mais il l’a faite quand même », avance-t-il. « Depuis octobre, M. Lavoie aurait dû écouter ses médecins et quitter la scène. »
Retour au conseil municipal
Jeudi, la CMQ a fait savoir qu’un de ses procureurs mènerait une enquête sur les trois élus d’Action Chambly, le parti du maire Lavoie, qui ont boycotté à deux reprises cette semaine l’assemblée du conseil municipal. La Direction du contentieux et des enquêtes de la CMQ devra déterminer s’ils ont enfreint le code d’éthique.
Serge Gélinas est l’un des trois élus qui ne se sont pas présentés à l’assemblée. Il dit avoir fait ce geste parce qu’il jugeait ne pas avoir obtenu les explications qu’il réclamait concernant la demande des tuteurs de revenir sur les allocations de dépenses déjà approuvées à l’unanimité par le conseil.
M. Gélinas a toutefois parlé au tuteur vendredi et assure qu’il sera présent à l’assemblée de lundi soir.
Denis Lavoie était maire de Chambly depuis 2005 et a été réélu à trois reprises. Il a été auparavant enquêteur à la Sûreté du Québec et avocat.