Le jour de la marmotte - *En référence au film Groundhog Day, qui raconte l'histoire de cet homme coincé dans un cycle étrange où la même journée recommence continuellement.
***
Au monde de la grosse municipalité nommée " Province De Québec ", les
jours, les mois et les années politiques se suivent et se ressemblent.
Dans les deux familles dominantes à l'Assemblée Nationale, les mêmes
cultures viciées produisent et reproduisent à l'infini les mêmes
aberrations.
Pendant que la fourberie libérale -- un examen objectif de la gestion du
dossier de la corruption autorise ce choix de terme -- pendant que la
fourberie libérale, donc, ne cesse de dépasser de nouvelles limites, toutes
plus hallucinantes, et collectivement coûteuses, les unes que les autres,
le PQ, lui, continue de se décomposer en refusant obstinément de voir que
son discours schizophrène l'a mené là où il est, dans une impasse, d'où il
tente de toutes ses forces de garder l'indépendance du Québec bien enfouie
au fond de sa poche.
Gouvernement suspect au dernier degré, et opposition en perte de sens,
tout cela dans un système politique qui s'avère bancal, où, au fond, il n'y
a que deux protagonistes suivis par une trâlée de perroquets sans aucun
libre-arbitre.
La seule alternative aspirant au pouvoir qu'on nous annonce à tours de
bras, la CAQ, s'incarne en une sorte d'hybride de ces deux courants
défectueux; logique comptable, accointances affairistes, nationalisme
provincial et souveraineté dans la semaine des quatre jeudi. Le pire des
deux mondes, quoi.
Après avoir frôlé quelque chose de grand entre 1990 et 1995, le Québec
politique a depuis régressé jusqu'au provincialisme le plus ringard, fait
de débats mal engagés, de combines et de petites ambitions régionales,
au travers desquels le sens de l'État, le patriotisme et l'intérêt
collectif sont des concepts abstraits qu'on laisse au gouvernement des
grandes personnes, à Ottawa.
Entre-temps, les circonstances laissent imaginer l'arrivée de Gilles
Duceppe au PQ. L'ex-chef du Bloc est un politicien qui a prouvé son ardeur
et son efficacité, et qui dispose d'une très haute cote de popularité
depuis de nombreuses années.
Malheureusement, le discours et l'action de M. Duceppe donnent à penser
qu'après André Boisclair et Pauline Marois -- ou avec Marois --, il serait le candidat de la continuité souverainiste. Solidement identifié à vingt années de rigoureuse "défense des intérêts du Québec à Ottawa", ce qui fait de lui un champion objectif du Québec fort dans un Canada uni, l'ex-bloquiste appuie sans ménagement le souverainisme péquiste des dernières années, avec une conviction qui va bien au-delà de ce que commanderait une solidarité de bon aloi.
Alors qu'on voit bien que les péquistes, loin de remettre en question leur
programme, sont surtout affolés par les sondages, la perspective d'un
changement dans l'organigramme de ce parti risque fort, d'un point-de-vue
indépendantiste, d'être un miroir aux alouettes, un appel à la fuite en
avant. Avec ce souverainisme qui refuse de faire son examen de conscience,
plus le Parti québécois s'approche du pouvoir, plus l'indépendance risque
d'être remise à plus tard et traînée dans les boues de l'aliénante
gouvernance provinciale, aussi " souverainiste " soit-elle, comme cela
s'est produit si souvent et longtemps dans le passé.
Dans ce contexte, une démarche comme celle, annoncée, d'Option nationale, est éminemment pertinente. Plus cette voix est forte, plus elle est
susceptible de bien servir l'objectif indépendantiste, non seulement en lui
redonnant droit de cité, mais ne serait-ce qu'en amenant le PQ à clarifier
ou changer -- changer le PQ, est-ce possible ? -- ses positions, action
utile, sinon essentielle, à une meilleure cohésion des forces
indépendantistes.
***
Je viens peut-être d'écrire une bêtise, en parlant d'un PQ qui changerait
dans le sens de ce qu'attendent les indépendantistes.
En août 2004, Jacques Parizeau s'était montré sympathique à une démarche
suggérée par Robert Laplante, directeur de l'Action Nationale, en vertu de
laquelle un PQ nouvellement élu aurait enclenché un processus menant à
l'indépendance, en passant par un référendum sur une constitution qui
serait l'"acte de naissance " du Québec indépendant.
Bernard Landry, alors chef du PQ, était défavorable à cette proposition
qu'il jugeait "divisive", en ajoutant cependant : "Je n'ai pas envie
d'arrêter le débat. J'ai envie d'aller au fond des choses."
Le député Jonathan Valois, lui, qualifiait plutôt ce débat de " niaisage
", et voulait parler d'autres sujets, pour répondre aux vraies
préoccupations des Québécois.
Il faut bien faire la distinction suivante : Landry était contre la
démarche Parizeau-Laplante alors que Valois, lui, critiquait sévèrement le
simple fait qu'on parle de cette question.
Huit ans plus tard, alors que Landry se désole en affirmant que le PQ
envoie un message de gouvernance provinciale qui nuit à l'objectif
indépendantiste, cette sensibilité que j'identifie chez Valois s'exprime
avec force, et sans contrepartie, dans le Parti québécois. Plusieurs
députés en sont même rendus à demander à Parizeau de se taire, même quand
il n'a rien dit !
En outre, les péquistes, et ceux qui soutiennent leur position actuelle,
n'hésitent pas à dire qu'il faut être " pur-et-dur " et " pressé " pour ne
pas y adhérer, et les péquistes eux-mêmes n'hésitent pas à dire de leur
propre parti qu'il est difficile à gérer à cause des militants ( trop )
pressés.
Or, ce que proposera bientôt Option nationale, proposition que je connais
en bonne partie, étant au nombre de ceux qui ont été consultés pendant son élaboration, ressemblera jusqu'à un certain point à Parizeau-Laplante, à tout le moins dans son caractère décisif.
Difficile, donc, d'imaginer le PQ actuel se rapprochant d'une telle
politique, ou un tel niveau d'engagement indépendantiste, sans d'immenses efforts et beaucoup de grincements de dents. Comme dirait le José Théodore des Grandes-Gueules : Bonne chan' !
Mais on ne sait jamais. Mme Marois, M. Duceppe, étonnez-nous !
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4 commentaires
Archives de Vigile Répondre
3 novembre 2011Monsieur Payne,
Je dois vous citer: «En août 2004, Jacques Parizeau s’était montré sympathique à une démarche suggérée par Robert Laplante, directeur de l’Action Nationale, en vertu de laquelle un PQ nouvellement élu aurait enclenché un processus menant à l’indépendance, en passant par un référendum sur une constitution qui serait l’"acte de naissance " du Québec indépendant.»
Vous Nous rappelez là ce que le Parti Indépendantiste de Monsieur Tremblay entend réaliser une fois majoritaire à l'Assemblée Nationale.
À la différence que le programme du P.I. stipule que sa procédure est directe, c'est la déclaration de l'indépendance du Québec par l'Assemblée Nationnale dès qu'il est élu. Une Constitution provisoire sera adoptée aussitôt et une constituante formée pour rédiger la Constitution de l'État du Québec qui sera soumise au peuple par voie référendaire.
Depuis l'annonce officielle de la formation de son Parti M. Aussant ne parle plus en publique. Ce qui m'inquiète, c'est que jusqu'à maintenant, pas une fois en publique le mot «indépendance» n'est sorti de la bouche de M. Aussant, ni dans ses écrits ni à la télévision ni à la radio. J'ai compté moi-même et le compte est zéro fois.
Option Nationale offrirait-il une solution plus directe que le P.I. de Monsieur Tremblay? Je me permet d'en douter. Mais si c'est pareil, alors pourquoi rejeter le P.I.?
J'espère qu'il ne s'agit pas d'une autre mise en scène, du genre même de celles que vous dénoncez. Si oui, la journée péquiste se répétera, encore et encore ...
Le P.I. entend réaliser le Pays du Québec, en termes et en mots clairs et sans ambiguïté.
[Réjean Pelletier]
Archives de Vigile Répondre
3 novembre 2011Vous commencez à nous mettre l'eau à la bouche, Monsieur Payne! Bien hâte de voir ce que nous proposera l'ON.
Archives de Vigile Répondre
3 novembre 2011C'est à Aussant de nous étonner. Option nationale recueillera-t-elle plus d'appuis que le PI (parti indépendantiste)? Au fait, pourquoi Aussant a levé le nez sur le PI?
Même Beaudouin, Curzi et Lapointe n'ont pas suivi Aussant dans sa démarche. Un rassembleur, un leader né ce Jean-Martin...
Archives de Vigile Répondre
2 novembre 2011En vérité, les VRAIS c.-à-d. ceux et celles qui possèdent du nerf, de l’audace et du courage, ceux et celles qui sont conscients de leur rapport de force dans ce Canada qui n’en n’impose plus à personne, ceux-là et celles-là étaient depuis longtemps en attente d’une alternative à l’extérieur du Parti québécois. Maintenant que nous avons notre véhicule politique, nous pouvons laisser le PQ s’agiter et s’entredéchirer de l’intérieur dans ce qui constitue ses derniers soubresauts avant l’extinction définitive.
L’Histoire dira qu’il aura accompagné le peuple québécois dans son mouvement de libération, qu’il l’aura fait cheminé d’être colonisé à citoyen conscient, confiant et fière de lui-même et de ses semblables. Mais l’Histoire retiendra aussi qu’il n’aura pas su aller jusqu’au bout de lui-même, qu’il aura sombré dans l’insignifiance de la petite politique et qu’il aura été rejeté par la très grande majorité des québécois parce que dépassé par l’évolution fulgurante des mentalités. Le PQ est devenu le symbole de l’échec et de l’impuissance. Traumatisé par deux référendums perdus, il s’est figé, replié, rapetissé sur la gouvernance provincialiste. Il n’ose plus parler de son projet mais n’ose pas non plus reconnaître qu’il n’y croit plus. Voilà l’impasse psychologique (schizophrène) dont il faut sortir à tout prix.
Regardons en avant maintenant. L’espoir vie à nouveau avec la naissance de l’Option Nationale. Ce Parti dira les choses vraies, directes et sans détours. Il affirmera la confiance en nos capacités et nos talents pour construire un pays, une société originale, audacieuse et prospère. Il dira clairement que l’Indépendance est non seulement possible, faisable, légitime mais qu’elle est aussi essentielle à notre bien-être collectif et individuel. L’ON abolira l’ancien et le dépassé. L’ON rassemblera tous les nationalistes. L’ON écrasera les fédéralistes. Ensemble, l’ON réalisera notre indépendance !