Le Hezbollah à l'assaut

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La semaine qui débute s'annonce cruciale pour le Liban. En effet, certains politiciens ont promis d'entonner l'air de la fuite en avant si les contours d'un gouvernement d'union nationale ne sont pas fixés d'ici au15 novembre au plus tard. Au risque, évidemment, de fragiliser davantage ce pays.
Le moins que l'on puisse dire, c'est que, politiquement, le Hezbollah n'emprunte pas les chemins de traverse. Qu'on y pense: il y a peu, il a envoyé un ultimatum au gouvernement du premier ministre Fouad Siniora. Lequel? Si l'opposition, soit essentiellement le Hezbollah, n'hérite pas du tiers des portefeuilles plus un d'ici à la mi-novembre, alors elle n'hésitera pas à descendre dans la rue, à utiliser tous les moyens dont elle dispose pour ébranler, à tout le moins, l'autorité du pays.
Avant de poursuivre, un aspect extrêmement important du dossier doit être précisé. Pourquoi le tiers des ministères plus un? Parce que, selon la Constitution libanaise, lorsqu'un parti ou une alliance de partis a autant de portefeuilles, il ou elle constitue de facto la minorité de blocage. C'est exactement ce que recherchent le Hezbollah et ses tuteurs syrien et iranien.
Commençons par la Syrie. Si l'enquête sur l'assassinat de l'ex-premier ministre Rafic Hariri, un sunnite, se poursuit encore, tout le monde se doute, grâce aux fuites orchestrées jusqu'à présent, que, dans les conclusions de celle-ci, le président syrien Bachar Al-Assad sera montré du doigt. Le travail de la commission internationale chargée d'élucider le mystère entourant la mort d'Hariri approchant de son terme, les autorités syriennes auraient décidé de tout faire pour que le Hezbollah augmente ses parts sur l'échiquier de la politique officielle.
Histoire de parer aux contrecoups que cette enquête va immanquablement produire, Damas a également fait pression sur son vassal en chef, soit le président Émile Lahoud. Celui-ci vient de se porter à l'attaque d'un projet patiemment élaboré par des représentants de l'ONU, des juristes libanais et le cabinet de Siniora. Contrairement à ce qu'ils proposent, Lahoud ne veut pas que l'immunité parlementaire des personnes mêlées à l'attentat contre Hariri soit levée. Qui plus est, il veut que le pouvoir d'amnistie qui va avec sa fonction s'applique à ceux qui se retrouveraient un jour sur le banc des accusés. Passons à l'Iran.
L'évaluation que Téhéran se fait des conséquences de la guerre de juillet dernier n'est pas à la hauteur de ses aspirations ou de ce qu'elle avait prévu. En effet, le régime des ayatollahs s'attendait à ce que la cote de popularité d'Hassan Nasrallah dépasse largement celle de Siniora au point d'obliger celui-ci à jeter l'éponge. En clair, Téhéran espérait sa démission.
Or que s'est-il passé? Siniora a démontré à plus d'une reprise un doigté certain pour faire aboutir certains dossiers. Ainsi, les observateurs s'accordent pour souligner que son talent de négociateur avait permis que son pays obtienne un milliard d'aide financière lors du sommet international qui rassemblait notamment des représentants du Conseil de sécurité.
Le fait que Siniora soit appelé à administrer le montant en question irrite au plus haut point l'Iran. Car cela laisse supposer que, la somme ayant été obtenue dans le cadre des obligations découlant de la résolution 1701, le premier ministre sera prochainement sommé de s'atteler à la très délicate question du désarmement des milices. On se souviendra que cette résolution stipule que le Hezbollah ainsi qu'Amal, l'autre milice chiite, devront tôt ou tard déposer les armes.
C'est donc dans ce contexte que tant l'Iran que la Syrie ont décidé de se livrer à un exercice qu'il faut bien nommer pour ce qu'il est: une tentative de coup d'État, et rien d'autre.


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