J'ai écouté très attentivement l'émission « Le vrai négociateur »
de Claude Poirier à LCN, diffusée en date du 14 juin 2010 à 20h. À peu
près toutes les déclarations de Me Bellemare ont été relayées par les
autres chaînes et médias. Étrange tout de même, pas beaucoup d'échos sur
une précision importante de Me Bellemarre qui soulève des doutes très
raisonnables sur la partialité de Me Bastarache et sa clique de têtes à
claques de chez Heenan Blaikie, inféodés à l'appareil gouvernemental. On
n'en a pas entendu parler, ni aux bulletins de nouvelles de Radio-Cadenas,
ni à l'émission d'Homier-Roy avec son bouffon libéral de service dénommé
Pratte. Rien non plus dans La Presse ou Le Devoir sur Me Bellemare qui
prévoyait que le mandat de Me Bastarache va l'amener inévitablement à
enquêter sur la nomination d'une collègue de chez Heenan Blaikie, nommée
présidente au Tribunal administratif du Québec, Hélène de Kovachich, qui
est la conjointe de Pierre-Marc Johnson, ce dernier étant un proche du PLQ,
ce qui placera Me Bastarache dans une position assez évidente de conflit
d'intérêt.
Par ailleurs, le site internet de Canöe rapportait aujourd'hui que Me
Jean-Claude Hébert, représentant du Tribunal administratif du Québec, a dit
que « les liens entre Hélène de Kovachich et Pierre-Marc Johnson sont du
domaine de la vie privée. » On ne l'a pas déjà entendu quelque part
celle-là ?
Lors du coup d'envoi de sa commission sur le processus de nomination des
juges qui a eu lieu en même temps que les nouvelles déclarations et
révélations de Me Bellemarre, Me Bastarache s'est dit surpris en soulevant
des doutes relativement à une demande de l'opposition officielle d'obtenir
le statut de participant, sans toutefois s'étonner de la demande de statut
de participant du PLQ et de l'avocat délégué par Jean Charest, à nos frais,
Me André Ryan, le fils de feu Claude Ryan. Comment peut-on réclamer être
participant ou intervenant à une commission lorsqu'on est sous enquête ?
Qu'à cela ne tienne, assailli par les critiques qui fusent de toutes parts
à l'endroit de son opération de sauvetage du mercenaire Charest et irrité
par l'unité de l'opposition à l'endroit de son protégé, Me Bastarache a
fait cette remarque qui caractérise si bien le double langage libéral : «
dans sa requête, l'opposition officielle affirme qu'un statut de
participant lui permettrait d'obtenir toute l'information de la commission
pour mieux jouer son rôle. Mais est-ce qu'on ne cherche pas plutôt ici
comment vous, vous allez aider la commission, plutôt que comment la
commission va vous aider vous ? » Me Bastarache a laissé entrevoir peu
d'espoir à l'opposition officielle quant à sa participation. Il s'est
limité à faire savoir que sa demande sera étudiée comme les autres, se
montrant hésitant parce qu'il ne connait pas de précédents en la matière
tout en prétendant ne pas vouloir politiser son forum.
Un texte du 14 juin du journal Le Soleil mettait en relief le fait que
l'avocate de l'opposition officielle se réclame non partisane et qu'elle
souhaite prolonger le mandat de surveillance du gouvernement et
d'élaboration des lois à la commission, ce qui est à la base de la
démocratie parlementaire. Patrice Laroche rapportait les arguments
suivants de Me Julie Chenette : « Le but n'est pas de faire une chasse aux
sorcières contre un parti ou un autre, mais d'aider le gouvernement à faire
son boulot, » Me Chenette demandait également, au nom de l'opposition
officielle, une aide financière pour couvrir ses frais de représentation.
Se réclamant impartial et indépendant, Me Bastarache a été mobilisé
uniquement pour anesthésier la colère du public soulevée par les
accusations de Me Bellemare à l'endroit de son protégé, ce qui relève de la
politicaillerie des plus crasseuses et des plus hypocrites. Il a eu le
culot de demander à Me Chenette : « Quel est l'intérêt direct qui n'est pas
un intérêt partisan ? »
De son côté, l'avocat du PLQ, André Dugas, disait s'inquiéter pour « les
risques d'atteinte à la réputation pour le parti. La réputation est un
outil pour un parti politique qui se traduit par un appui ou non de la
population. »
D'une part, un réputation se mesure au mérite, qu'elle soit bonne ou
mauvaise. D'autre part, l'appui sans réserves au PLQ par les minorités
reste la même, malgré les scandales. Le danger pour le PLQ, c'est de ne
pas être capable de récolter un minimum de votes chez la majorité qui elle,
est influençable par les scandales.
Pour revenir à son discours d'ouverture des cérémonies, le très détachant
Me Bastarache a souligné qu'il n'a pas la possibilité d'élargir son mandat,
ce que demande l'opposition. Il va s'en tenir à son mandat de lessiver et
de savonner Me Bellemare.
Visant à endiguer toute cette attention négative portée à l'endroit de son
employeur actuel, l'ancien juge de la cour d'Ottawa a décidé d'analyser le
processus de nomination des juges en remontant jusqu'aux mandats de Lucien
Bouchard et de Bernard Landry, en invoquant qu'il lui « apparaît utile de
voir si les processus ou les pratiques ont changé durant la dernière
décennie. »
La commission de Me Bastarache est une opération de sauvetage à peine
camouflée qui va coûter des millions aux contribuables et qui va aboutir à
des conclusions semblables à d'autres commission qui n'ont eu aucune
conséquence, comme la commission Johnson sur l'effondrement du viaduc du
boulevard de la Concorde et la commission Bouchard-Taylor sur les
accommodements religieux.
Me Bastarache a circonscrit très clairement le caractère bénin du mandat de
son opération médiatique en rappelant dans son discours d'ouverture des
cérémonies que sa commission « n'est pas un tribunal judiciaire et qu'elle
n'est pas habilitée à se prononcer sur la responsabilité ou la culpabilité
de qui que ce soit. »
Le 14 juillet, Me Bellemare doit se présenter en cour supérieure pour faire
face à la poursuite baîllon de 700 000$ de Crapet Charest. Payés à nos
frais, les avocats de Crapet vont certainement demander un huis clos sur
les procédures. À suivre, comme diraient certains. Tout de même, on doit
retenir que sans Me Bastarache, la commission Bastarache demeurera un
exercice en futilité.
Par ailleurs, l'aplomb et la résistance de cet ancien ministre de la
justice qui subit cette guérilla judiciaire, à ses frais, doivent être
mises en relief avec la lâcheté du PLQ, notamment de son chef Jean Charest.
Bravo Me Bellemare, les cons du réseau mafieux de Charest se sont auto
piégés !
La guérilla libérale se poursuit dans tous les médias du Québec. À LCN, en
date du 15 juin, un reportage d'Alexis Deschênes avançait que Me Bellemare
n'aura pas le choix de témoigner devant Me Bastarache selon deux juristes
qu'il a consulté pour son reportage, soit Me Pierre Cimon et Me Catherine
Piché. Comment être surpris que Me Cimon, contributeur au parti libéral
depuis des décennies et Me Piché, formée par les universités d'Ottawa et de
McGill, s'entendent comme des larrons en foire pour accuser Me Bellemare
d'user de stratégies dilatoires. En fait, c'est la commission Bastarache
qui est une stratégie dilatoire.
Daniel Sénéchal
Montréal
Le grand cirque libéral de Bastarache
Ou comment baîllonner Bellemare et l'opposition avec un piège à cons et la complicité des médias
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3 commentaires
Archives de Vigile Répondre
16 juin 2010La planète des libéraux
Un procès de politiciens libéraux et de robins libéraux, serviteurs de riches et de sous-ministres libéraux, contre un accusé robin libéral ???
« Tout serait perdu, si le même homme, ou le même corps des principaux, ou des nobles, ou du peuple, exerçaient ces trois pouvoirs : celui de faire des lois, celui d'exécuter les résolutions publiques, et celui de juger les crimes ou les différends des particuliers. »
Montesquieu, L'Esprit des Lois
N. B. :
Jean Lapierre de TVA : Est-ce un humoriste libéral, un journaliste libéral, un "expert" libéral en politique ou une taupe libérale ?
Archives de Vigile Répondre
16 juin 2010Salut M.Sénéchal
Crapet Charest dans l'eau bouillante ou la marée rouge...
On voit bien ce que ça donne dans le golfe du Mexique; l'incapacité de colmater un puit de pétrole dans le fond de l'océan résultat de la négligence d'une compagnie pétrolière avide de profits.
La commission Bastarache, c'est comme si on demandait au studio Walt Disney pictures de faire un film sur la vie de Fidel Castro.
C'est aussi crédible qu'un congrès libéral où les jeunes libéraux applaudissent à tout rompre le sauveur Charest sous une pluie de ballounes rouges.
http://matin.branchez-vous.com/nouvelles/2010/04/congres_liberal_sur_fond_de_ma.html
Archives de Vigile Répondre
16 juin 2010M. Daniel Sénéchal
Pour vous dire que j'apprécie beaucoup vos analyses. Vous avez du souffle.
Une petite correction peut-être: vous écrivez:
Tout de même, on doit retenir que sans Me Bastarache, la commission Bastarache demeurera un exercice en futilité.
C'est évident qu'il faut lire:
"Tout de même, on doit retenir que sans Me Bellemare, la commission Bastarache demeurera un exercice en futilité."
salutations,
Robert Barberis-Gervais, 16 juin 2010
p.s. Que pensez-vous de la saga Appel citoyen? Où en êtes-vous avec le Parti indépendantiste étrangement silencieux ces derniers temps? Vous êtes devenu un agent libre?