Un groupe de 18 linguistes francophones originaires du Canada, de la Suisse, de la Belgique et de la France, affirment, dans un essai de 65 pages publié récemment, que «le français va très bien, merci». Selon ces linguistes «chevronnés», il ne faudrait pas s’inquiéter de l’avenir du français ni de sa dégradation aussi bien à l’écrit qu’à l’oral. Bien au contraire, il faudrait s’en réjouir et y voir une saine évolution de la langue, et condamner la prolifération de supposées idées fausses sur la langue française, notamment dans les médias et le milieu de l’enseignement. Dans cette foulée, ils arguent que les anglicismes devraient être perçus comme un enrichissement et qu’il faudrait et, de surcroît, privilégier l’utilisation d’Antidote aux dictées pour apprendre à écrire.
Toutefois, là où le bât blesse avec le plus d’acuité, c’est que les linguistes n’ont considéré dans leur étude que l’aspect formel de la langue en excluant catégoriquement le fait que notre langue incarne aussi et surtout un outil identitaire et culturel.
Par ailleurs, les données du dernier recensement de Statistique Canada, dévoilées l’automne dernier, démontrent sans le moindre doute que le français continue de décliner tant au Canada qu’au Québec. Enfin, je suis d’avis que les pires ennemis de la survie de notre langue sont les médias sociaux qui triturent la structure de la phrase et le lexique en une sorte de jargon incompréhensible réservé exclusivement aux initiés de ce club «sélect».
À mon sens, ces linguistes se conduisent comme des charlatans au service d’une langue dénaturée qui accentue son déclin, voire sa disparition. Leur laxisme éhonté doit être condamné sur-le-champ… C’est une simple question de fierté envers notre valeureuse langue française qui a su surmonter par monts et par vaux les écueils que l’histoire a placés devant elle en terre d’Amérique.
Henri Marineau, Québec
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