Réplique au collectif « droit au travail » en appui à la décision de la FFQ intitulé :
Le port de signes religieux dans la fonction publique
Nous sommes tous et toutes Québécois et avons tous et toutes les mêmes droits.
L'interdiction du voile dans les fonctions de l'État, l'interdire à l'école, ne consiste pas comme le prétend le collectif en appui à la décision de la FFQ, « interdire à certaines personnes de contribuer à la société ». Et, si c'est « un acte discriminatoire » il n'est pas « indigne d’une société qui se veut ancrée dans la justice sociale. » Au contraire.
Discriminer la discrimination est l'exacte réplique qu'il faut pour assurer la dignité de la « justice, qu'elle soit religieuse, sociale ou politique ».
On ne tolèrerait pas que les policiers affichent un écusson du PQ, ni d'un fonctionnaire qu'il se couvre d'un drapeau du FLQ ou des tigres tamouls, pas plus qu'ils se vêtissent de manière obscène, trop légèrement, ou pas du tout sous prétexte d'adhésion au nudisme ou de droit à la libre expression vestimentaire. Pourquoi ? Parce que d'une part cela minerait la neutralité de l'État ou afficherait un parti pris pour une pratique répudiée par l'État ou devant être circonscrite à la sphère privée. Or, le port du voile islamiste ;
- est une pratique religieuse musulmane qui contredit le principe d'égalité des sexes défendu par l'État ;
- est un signe évident de soumission religieuse ou morale à des principes discriminatoires.
Représenter l'État comme l'expose bien Christian Rioux dans « L'État voilé ? » publié dans Le Devoir du 2009 05 15, impose certains devoirs qui peuvent limiter la portée de certains droits. Le port du voile doit être de ceux-là, non parce qu'il est religieux, mais
- parce que ce symbole prosélyte religieux est discriminatoire ;
- parce que ce symbole est prosélyte de la discrimination sexuelle ;
- parce que ce symbole discriminatoire est obligatoire dans certains pays et non pas libre comme il l'est supposé ici ;
- moins il est défendu, plus il est permis, plus son encouragement à le porter ( euphémisme de l'obligation commune à plusieurs communautés, voire pays ) atteint son but prosélyte, plus il devient la norme à respecter, ne serait-ce que par convention supposée neutre puisque tout le monde le fait et que ce n'est que dénoncé sans réelles conséquences ;
- parce que le succès de ce prosélytisme repose sur tout ce qui peut faire pression sur les femmes pour qu'elles l'endossent, la permission de le porter dans la sphère hautement symbolique de l'État participerait au succès de cette contrainte faite aux femmes ;
- parce que l'absence d'interdiction, parce que la permission de le porter dans une fonction représentant l'État laïque, participe à la pression exercée sur les femmes de le porter ;
- parce qu'il est le symbole d'un activisme religieux qui fait de la femme un être soumis à la volonté de l'homme ;
- parce que des femmes meurent ou subissent des violences, des pressions ou des vexations quand elles veulent user de leur droit de n'en pas porter.
- parce que c'est la première chose que les États islamistes imposent. Parce qu’abonder dans cette licence ne fait qu'encourager, valider, justifier l'obligation de le porter.
S'il est admis qu'une juge ne puisse porter le voile, c'est donc que si telle femme accepte de le retirer en siégeant en cour, la chose peut être admise même par une femme voilée. Quel est le problème ? Si l'interdiction peut être admise par une juge, il n'y a pas de raison pour qu'une femme voilée soit contrainte de renier son « droit au travail » si ce droit est limité par l'État dans d'autre fonction de l'État que celle de juge.
On prétend que des femmes voilées seraient ainsi empêchées de travailler, de sortir de la maison, d'échapper à l'emprise discriminatoire mâle. Et c'est en vertu de ce seul principe que sont bafouées toutes les femmes qui ici et dans le monde, publiquement ou privément dans l'enfermement de leurs unions familiales, se battent pour conserver leur liberté de n'en pas porter au risque de leur vie et de leur sécurité bien souvent, ou sinon dans la peur et l'inconfort de la transgression d'un tabou ;
Le « droit au travail » est un droit limité
Le droit au travail est un droit qui souffre plusieurs contraintes outre le fait d'être qualifié pour en jouir. Il faut se vêtir décemment par exemple. Le port du voile est indécent, obscène. Il l'est dans la mesure et tant et aussi longtemps que dans le monde des femmes seront forcées de le porter, forcées moralement ou par loi écrite ou non écrite. Le jour où cela ne sera plus le cas, on pourra toujours penser qu'il s'agit bel et bien d'un symbole neutre. Mais on en est loin.
Ne pas interdire le voile dans les fonctions de l'État, n'est pas neutre et n'est pas que se conformer à l'usage du « droit au travail ».
Concrètement, une femme ne pourra occuper un emploi parce qu'elle désire porter le voile, librement. Si ce choix est libre, elle est donc libre d'occuper l'emploi en question en ne portant pas le voile. Et, libre de le remettre hors ces fonctions d'emploi. Quel est le problème ?
Le problème réside dans l'absolutisme du choix de le porter en fonction de son adhésion à des principes discriminatoires qui font du corps de la femme un objet du corps de l'Homme, ce qui n'est pas réciproque. Le corps de l'homme lui n'a pas à se voiler de même. Pourquoi ? Parce que le corps de l'homme ne serait pas apte et capable à se maitriser, parce que seul le voile porté par la femme est en mesure de le faire se distancier d'avec son corps d'Homme. S'il a des problèmes avec son corps, pourquoi n'est-ce pas lui qui porte des oeillères ?
Le problème réside aussi, dans le droit de l'homme musulman d'être le seul à pouvoir contempler ce qui lui appartiendrait en propre. Le regard des autres hommes serait une insulte à son droit de propriété sur ses avoirs qui doivent rester privés. Alors que la femme elle peut supporter de voir son époux vu et désiré par d'autres femmes. Cela est discriminatoire.
Que cela se vive dans le privé, ou dans l'espace public normal, passe encore, mais quand l'État s'en mêle, quand la fonction de l'État est en cause, tous les droits, même celui au travail doivent être mis dans la balance et être limité par d'autres droits, dont celui qui prévoit l'égalité des droits entre homme et femmes.
Rien n'interdit à la femme de ne pas porter le voile. Rien ne la force à le porter. Sauf lorsque l'État laïc décrète que le port de signe discriminatoire, religieux ou autres, n'ont pas leur place. Ainsi, puisque rien ne force la femme à le porter, elle pourra user de son droit au travail et acceptera de ne pas le porter dans le cadre de son travail.
Si quelques femmes n'y consentent pas, est-ce que cela mérite que tant de femmes y trouvent par là un encouragement au fait de devoir le porter sous peine de discriminations, de sévices, voire de mort ?
« L’appareil de l’État, incluant tous les services offerts par lui, a pour rôle de traiter de façon juste et égale tous les citoyens et citoyennes, sans discriminer les uns des autres. »
Et c'est bien pour cela qu'il doit tenir compte non pas seulement du droit au travail, mais aussi de l'impact de ses décisions concernant l'usage de ce droit en s'assurant qu'il ne contrevient pas ce faisant au droit des femmes à ne pas se trouver piégées par l'obligation de porter un voile.
« « En somme, la prise de position des membres de la FFQ vient, selon nous, réaffirmer que le Québec est une société dans laquelle nous refusons qu’il existe des droits différenciés, et des citoyens et des citoyennes de seconde zone. »
Et c'est en raison de ce refus qu'il existe des droits différenciés que le Québec doit refuser le port du voile sexiste dans les fonctions de l'État. C'est bien parce que le voile est une seconde zone de l'existence des femmes, ici, et dans maints pays du monde qui n'attendent que soit en Occident admis tel prosélytisme pour achever de contrer le combat des femmes qui se battent pour ne pas avoir à vivre et travailler voilées qu'il faut que le Québec refuse le chantage des activistes musulmanes qui se battent au nom des islamistes pour nous convaincre que le droit au travail pourrait souffrir d'être contrebalancé par le droit à l'égalité des sexes, à la liberté des femmes de ne pas le porter, droit bafoué dans maints États musulmans et non pas seulement islamistes.
En fait, les femmes voilées du Québec, si elles étaient solidaires des femmes musulmanes contrées, battues, assassinées ou menacées de l'être dans le monde devraient être les premières à retirer leur voile en signe de solidarité. Les femmes du Québec et la FFQ devraient être les premières à les appuyer. Cela, à commencer pas demander à l'État d'interdire le voile dans les fonctions de l'État et à l'école, comme cela se fait maintenant en France, sans nuire pour autant au droit au travail et à l'éducation comme le rapporte Christian Rioux. Cela pour donner un signal clair à l'obligation de porter le voile. Cela est discriminatoire et n'a pas lieu d'être.
La FFQ et le collectif afférent, doivent suspendre leur décision et remettre sur le métier leur ouvrage. Certaines femmes voilées sont parvenues à faire croire à un certain nombre de femmes du Québec que leurs motivations libres pouvaient endosser le voile en invoquant leur liberté individuelle au mépris du symbole que représente cet affichage public dans les pays musulmans, comme si la vie des femmes concernées collectivement par l'obligation de le porter ailleurs n'avait pas d'incidence sur elles si ici, est garantie la liberté de le porter ou pas, si tant est que cela soit le cas et rien n'indique que cela puisse l'être et le demeurer.
Pour comprendre la portée de cet aveuglement, il faut transposer la chose. Ainsi, en caricaturant à peine, si le « droit au travail » est absolu, des enfants pourraient ici tenir à occuper un emploi en vertu de leur « droit au travail », en admettant que cela soit admissible, et l'État s'en porterait garant sans plus d'investigation, sans plus s'assurer que ce choix est bel et bien libre, alors que partout dans le monde on se bat pour empêcher que les enfants soient soumis aux travaux forcés. Le « droit au travail » ne peut être considéré comme étant supérieur aux autres droits. En l'occurrence ici, le travail des enfants est proscrit en vertu de leur droit à l'enfance. Contestable du reste... mais admis.
Ainsi, le « droit au travail » des femmes voilées, doit tenir compte du droit des femmes à l'égalité. Ce que le voile en fait et en tant que symbole, en tant qu'affichage prosélyte, nie.
Cela dit, dans la mesure où une telle interdiction était décidée, rien n'empêche de surveiller la situation des femmes éventuellement victimes de cette contrainte obligée compte tenu de la concurrence qu'un droit exerce sur les autres et vice vers
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1 commentaire
Archives de Vigile Répondre
15 mai 2009Exellent commentaire.
1. Il identifie exactement en quoi la FFQ n'a pas faire d'analyse féministe du voile mais à tenter de ''Sauver'' un groupe voilé en voulant être 'solidatire''avec lui, sans toutefois ce poser la question de la solidarité de ce groupe voilé avec toutes les femmes opprimées par le voile.
2. Chaque point énoncé est une réflexion qu'il faudra élaborer pour trouver une solution à cette situation indigne tant pour l'homme que pour la femme québécoise.
Mireille