Au lieu de lancer le message que le Québec est une société ouverte, tolérante, fière et cosmopolite - et que le français ne s'est jamais aussi bien porté - monsieur Bernard Landry a fait exactement l'inverse, le 25 août, en attisant les feux de l'intolérance et en rabâchant nombre de mythes tirés du chapelet péquiste.
Dans un premier temps, monsieur Landry s'edst permis d'affirmer que le Québec n'est pas multiculturel. Or, une promenade dans les rues de Montréal, une randonnée dans les petites villes, voisinages et quartiers des quatre coins du Québec aurait tôt fait de le convaincre que le multiculturalisme est un fait incontournable au Québec en 2007. Et en réalité les chiffres démontrent que la population de la province est de plus en plus diversifiée : alors que 13 p. cent des Québécois se disaient d'origine autre que française, britannique ou autochtone, en 1986, ce chiffre est passé à 16 p. cent, en 1991, avant d'atteindre les 20,4 p. cent, aujourd'hui. Pas multiculturel le Québec ? Voyons donc monsieur Landry !
Par ailleurs, si la population du Québec a cru de 4,3 p. cent entre 2001 et 2006 - c'est-à-dire qu'il a connu la deuxième croissance la plus élevée depuis la fin du baby boom au milieu des années 60 - c'est largement en raison de l'augmentation du solde de l'immigration internationale, selon Statistiques Canada. Loin d'être une menace, comme semble le suggérer monsieur Landry, le multiculturalisme est une des pierres d'assises sur lesquelles reposera le Québec de demain N'est-ce pas, monsieur Dumont ?
Et monsieur Landry de déterrer le vieux mythe que seule la séparation pourrait stopper l'anglicisation des nouveaux arrivants. Appuyant son propos sur le fait que 50 p. cent des immigrants choisissent un collège anglophone pour poursuivre leurs études, il déforme le portrait, passant sous silence l'énorme progrès réalisé par le Québec au chapitre de la scolarisation des immigrants. Ainsi, alors qu'il y a trente ans 85 p. cent des enfants d'immigrants allaient à l'école anglaise, aujourd'hui 80 p. cent d'entre eux sont inscrits à l'école française, selon le Conseil supérieur de la langue française. Et dans ce contexte, que penser du fait que 84 p. cent des francophones du Québec travaillent aujourd'hui en français, et que la part de l'économie aujourd'hui contrôlée par les francophones est de 67 p. cent, alors qu'elle était de 47 p. cent dans les années 60?
Vouloir parfaire sa connaissance d'une autre langue n'est pas un mépris de l'identité québécoise. Il s'agit plutôt d'une pratique qui cadre avec le véritable caractère pluraliste, ouvert et tolérant de la société québécoise. Nous vivons à l'époque de la mondialisation, et les immigrants aujourd'hui savent qu'ils doivent non seulement avoir la scolarité et les compétences requises pour être concurrentiels, mais qu'ils réussiront davantage s'ils possèdent une bonne connaissance de l'anglais, voire des autres langues importantes que sont l'espagnol, le mandarin, l'arabe, etc.
Le discours péquiste est usé, dépassé et déconnecté du Québec moderne. Ce n'est pas en niant que la diversité est à la base de la structure sociale, économique et culturelle du Québec, que le français progressera. C'est en valorisant l'apprentissage et l'usage corrects de la langue par les Québécois d'origine et autres. Et c'est aussi en élargissant l'espace francophone et en renforçant la vitalité de nos communautés de langue minoritaire partout à travers le Canada.
Pour ma part, je pense comme l'a si bien dit l'honorable Stéphane Dion : " Le Canada est un pays bien plus riche, bien plus fort, grâce à sa dualité linguistique. " Et nous devrions remercier les immigrants qui ont choisi le Québec, sa langue et sa culture afin d'en assurer sa prospérité et sa spécificité.
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Céline Hervieux-Payette
L'auteure est leader de l'opposition au Sénat.
Le discours péquiste est usé
Pas multiculturel le Québec ? Voyons donc monsieur Landry !
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