Ah ils sont bons en communication, les libéraux. Ils ont inventé un chiffre: 7,2 milliards de dollars. Et ils le martèlent, pour bien le graver dans nos têtes.
C’est la somme colossale — record historique — du trou budgétaire qui aurait existé sans leurs soins.
Ces chiffres, écrit le chroniqueur économique de Radio-Canada Gérald Fillion « n’existent pas dans la réalité ». Pour sept économistes québécois, il s’agit d’une « campagne de désinformation ». Je résume la situation comme suit:
Voilà ce qu’écrit Gérald Fillion dans un blogue de décembre dernier:Pourquoi Martin Coiteux et Carlos Leitao ne cessent-ils pas de répéter depuis huit mois que le déficit à enrayer est de plus de 5,8 milliards cette année et de 7,3 milliards l’an prochain? Ces chiffres n’existent pas dans la réalité. Ce sont des projections qui sont faites et qui sont utilisées dans la communication politique du gouvernement Couillard parce que le gouvernement Marois n’a pas publié son budget de dépenses avant de déclencher des élections l’hiver dernier.
Le compte est resté ouvert, la calculatrice abandonnée sur la table, tout le monde est sorti de la pièce pour aller faire campagne et ce sont de nouvelles personnes qui sont entrées dans le local après l’élection.
Puisque les comptes n’étaient pas encore terminés, puisque les réponses aux demandes des ministères n’avaient pas encore été données, puisque les révisions de programmes n’avaient pas été amorcées ou terminées, puisque certaines annonces n’avaient pas encore été « budgétées », le nouveau gouvernement s’est emparé des chiffres du compte des dépenses au moment où les ministres du gouvernement Marois ont laissé leur table de travail pour partir en élections. Et ce sont ces chiffres qui servent aujourd’hui de base à leur communication pour expliquer les compressions budgétaires à faire.
Voici ce qu’écrivaient sept économistes, Marie Connolly, Arianna Degan, Alain Guay, Catherine Haeck, Marie-Louise Leroux, Charles Séguin, Dalibor Stevanovic: Professeurs au département des sciences économiques, ESG UQAM ; Jean-François Rouillard: Professeur au département d’économique, Université de Sherbrooke, également en décembre:
Depuis plusieurs mois, le gouvernement du Québec a entrepris une campagne de désinformation quant à l’ampleur de son déficit. Il tente de convaincre les Québécois que l’État a atteint une taille insoutenable et qu’en conséquence, il est urgent de l’amincir et de réduire l’accès aux services.
Même le rapport du Vérificateur général, que les libéraux citent comme preuve à conviction, indiquait clairement qu’il ne fallait pas prendre ses hypothèses pour argent comptant:Limites inhérentes à notre analyse
Les prévisions sont fondées sur des hypothèses relatives à des événements futurs. En conséquence, les résultats réels seront différents des informations présentées et les écarts pourraient être significatifs.
Notre mandat de vérification n’avait pas pour but d’exprimer une opinion sur la possibilité ou la probabilité que les hypothèses et les prévisions se réalisent.
Alors, toute cette mascarade comptable n’est en définitive, pour reprendre les mots de Gérald Fillion, que de la « communication politique »
« Le gouvernement Couillard gagnerait en pertinence en parlant des vrais chiffres plutôt que d’exagérer la réalité budgétaire », conclut-il.
Le déficit inventé par les Libéraux pour justifier l’austérité
Les chimères du gouvernement Couillard mises à nue
Jean-François Lisée297 articles
Ministre des relations internationales, de la francophonie et du commerce extérieur.
Il fut pendant 5 ans conseiller des premiers ministres québécois Jacques Parizeau et Lucien Bouchard et un des architectes de la stratégie référendaire qui mena le Québ...
Cliquer ici pour plus d'information
Ministre des relations internationales, de la francophonie et du commerce extérieur.
Il fut pendant 5 ans conseiller des premiers ministres québécois Jacques Parizeau et Lucien Bouchard et un des architectes de la stratégie référendaire qui mena le Québec à moins de 1% de la souveraineté en 1995. Il a écrit plusieurs livres sur la politique québécoise, dont Le Tricheur, sur Robert Bourassa et Dans l’œil de l’aigle, sur la politique américaine face au mouvement indépendantiste, qui lui valut la plus haute distinction littéraire canadienne. En 2000, il publiait Sortie de secours – comment échapper au déclin du Québec qui provoqua un important débat sur la situation et l’avenir politique du Québec. Pendant près de 20 ans il fut journaliste, correspondant à Paris et à Washington pour des médias québécois et français.
Laissez un commentaire Votre adresse courriel ne sera pas publiée.
Veuillez vous connecter afin de laisser un commentaire.
Aucun commentaire trouvé