Le coeur de la nation

Ce que nous devons réconcilier, ce sont ces deux dimensions de notre identité nationale. Réconcilier ce Québec démocratique, pluraliste et ouvert sur le monde que nous avons construit au fil des années, mais demeurer fidèle à l’histoire qui l’a porté jusqu’ici.

Le "Nous" - l'expérience québécoise


ALLOCUTION DE MME PAULINE MAROIS, CHEF DU PARTI QUÉBÉCOIS, À L’OCCASION DE SON ASSEMBLÉE DE NOMINATION

CENTRE COMMUNAUTAIRE DE BEAUPRÉ

BEAUPRÉ, LE MERCREDI 29 AOÛT 2007
La version prononcée fait foi.

Bonsoir.
D’abord, je voudrais dire merci.

Merci à mon ami Rosaire.

Je sais combien tu aimes cette région et combien tu lui es dévoué.

J’apprécie d’autant plus ta générosité qui me donne la merveilleuse possibilité d’être choisie par les gens d’ici.
Ce soir, j’ai l’immense plaisir de faire partie de la grande famille du Parti Québécois de Charlevoix. Et j’en suis très fière.
Depuis quelques jours déjà, j’ai eu l’occasion de rencontrer plusieurs d’entre vous et laissez-moi vous dire que votre motivation et votre ardeur m’impressionnent.
De Sainte-Anne-de-Beaupré à Baie-Sainte-Catherine, le Parti Québécois de Charlevoix compte plus de 2300 membres. C’est donc dire que dans chacune des 18 municipalités, des bénévoles ont mis énormément de temps et d’énergie pour parler, pour écouter, pour entretenir la flamme.
Ce travail de terrain que vous avez fait a porté fruits car depuis l’élection de 1994, Charlevoix est représenté par un député du Parti Québécois, mon ami Rosaire, et, croyez moi, je ferai tout pour que ça ne change pas.
Depuis mon retour comme chef du Parti Québécois, vous m’avez souvent entendu dire que nous devons écouter davantage. À l’élection du 26 mars dernier, que nous ont dit les gens? Notre capacité à gouverner, personne n’en doutait. Notre parti est à l’origine de certains des progrès les plus décisifs de la société québécoise de ces 30 dernières années. Le problème était ailleurs.
Les concitoyens nous ont dit, à leur façon, qu’ils ne se reconnaissaient plus dans notre projet. Ils ont eu l’impression que notre Parti, qui a tant fait dans le passé pour affirmer et défendre l’identité québécoise, n’avait plus rien à dire sur ce sujet.
C’est pour cette raison que Mario Dumont a pu se présenter, aussi facilement, comme le défenseur de cette identité alors même que son discours s’est limité à dénoncer, sans trop d’arguments, certaines dérives liées aux accommodements raisonnables.
L’heure est venue pour notre Parti de se remettre à l’écoute des gens. Il faut revenir à ce que nous avons trop souvent laissé de côté, revenir aux raisons fondamentales qui militent en faveur de la souveraineté du Québec.
Il faut remonter à la source même de cette grande idée. Cette source, elle se trouve dans le sentiment d’une culture singulière en Amérique, d’un parcours historique qui n’est pas tout à fait le même que celui des autres, dans le sentiment aussi d’une identité particulière qui a besoin pour s’affirmer d’un cadre politique qui ne soit pas soumis aux volontés des autres.
C’est aussi la raison pour laquelle il faut rompre avec l’obsession référendaire. Pas parce que nous renonçons à la souveraineté. Au contraire, elle s’impose plus que jamais.
Regardez ce qui se passe avec la loi 101 actuellement. Cette décision de la Cour d’appel qui fait que des immigrants pourraient envoyer à l’école privée anglophone un de leurs enfants faisant ainsi en sorte que cet enfant, et tous ses frères et sœurs, pourraient ensuite fréquenter l’école publique anglophone.
Quel message veut-on donner aux immigrants? Qu’on peut faire de la main gauche ce que la loi interdit de la main droite? Quelles conséquences cela aurait-il sur notre identité francophone?
Les lois linguistiques au Québec n’ont pas été faites contre les autres. Elles ont été écrites dans le respect de la minorité anglophone, pour nous assurer que notre langue traverserait le temps. Elles ont été faites parce que justement notre identité francophone est fragile en Amérique, parce qu’elle demande une vigilance de tous les instants, parce qu’elle ne peut souffrir de recul sans menace de disparaître.
Imaginez ce que cela signifierait si la Cour suprême donnait raison à la décision rendue par la Cour d’appel. Quels recours aurions-nous alors?
Ce qu’il nous faut expliquer à la population du Québec passe maintenant par le cœur autant que par l’esprit. C’est justement parce que nous sommes engagés dans cette pédagogie des cœurs que les aspects plus directement stratégiques doivent être mis en veilleuse.
Dans l’immédiat, nos efforts doivent consister à retrouver le sens le plus profond de notre projet. S’agit-il de revenir à une vieille définition de nous-mêmes en tournant le dos au caractère moderne et progressiste du Québec? S’agit-il de faire revivre le vieux monde canadien-français comme s’il était demeuré inchangé depuis la Conquête et qu’il attendait qu’on le ressuscite? Certainement pas. Les Québécois ne se reconnaîtraient plus dans cette définition qui les couperait du monde.
Ce que nous devons réconcilier, ce sont ces deux dimensions de notre identité nationale. Réconcilier ce Québec démocratique, pluraliste et ouvert sur le monde que nous avons construit au fil des années, mais demeurer fidèle à l’histoire qui l’a porté jusqu’ici.
Depuis une dizaine d’années, nous avons été saisis d’une espèce de mauvaise conscience qui nous a empêchés de dire « nous ». Comme si le «nous» était un mot tabou. Comme si le prononcer ou poser des gestes pour défendre NOTRE identité était synonyme de racisme et d’intolérance. Comme si le désir d’exister et de vivre dans la langue et la culture qui sont les nôtres était un projet ethnique ou folklorique.
Depuis plusieurs années, nous avons été incapables de présenter notre projet de manière stimulante tant nous étions occupés à en démontrer les vertus démocratiques. Comme si le fait pour un peuple de vouloir exister et de s’affirmer était anti-démocratique!!! Que les choses soient claires et redites s’il le faut : les Québécois ne renieront jamais leur attachement profond aux valeurs démocratiques.
Mais nous ne devons plus être gênés ou avoir peur de dire qu’au Québec, la majorité francophone veut être reconnue et qu’elle est le coeur de la nation.
À ceux, nombreux, qui ont fait du Québec leur terre d’adoption, nous disons aussi que l’histoire est un train en marche. Chacun y monte depuis la gare qui est la sienne et fait partie du voyage. Il n’est pas nécessaire d’être né ici pour être passager de notre histoire.
J’ai étudié et analysé longuement les résultats de la dernière élection dans Charlevoix, mais aussi ailleurs, beaucoup de nos sympathisants se sont réfugiés dans les rangs de l’ADQ. Ce message, nous devons l’entendre, mais aussi le comprendre.
Ce soir, nous sommes conscients que nous avons beaucoup de travail à accomplir, que rien n’est gagné d’avance. Dans les jours qui viennent, nous aurons à travailler très fort. Comme vous le savez, je ne suis pas seule à vouloir devenir députée de Charlevoix. Et je vous avoue que je trouve cela très stimulant.

L’Action démocratique a terminé deuxième dans Charlevoix le 26 mars et les militants de cette formation travailleront très fort pour faire élire leur candidat. Ici sur la côte de Beaupré plus particulièrement, nous devrons prendre les bouchées doubles. Mais je crois qu’ensemble, nous pouvons y arriver. Je compte donc sur vous pour continuer l’excellent travail que vous avez déjà commencé.
Ce soir, dans cette salle, il y a des membres de la première heure, il y a aussi de jeunes amoureux du Québec qui brûlent d’envie de travailler. Mais avant d’aller plus loin, il y a une chose que je veux clarifier avec vous ce soir.
Comme je vous l’ai mentionné, je crois que nous devons écouter les gens, écouter plus et écouter mieux. Écouter mieux veut aussi dire comprendre les craintes de la population et je sais que certains d’entre vous en ont.
Certains disent que je suis ici temporairement seulement. Pour moi qui veut être votre députée, la circonscription de Charlevoix n’est pas un lieu de pèlerinage ou une couette et café où l’on s’arrête un soir ou deux au cours d’un voyage, histoire de se reposer et d’admirer les superbes paysages. Pour moi, Charlevoix, c’est bien plus que cela. Charlevoix est un choix, Charlevoix, c’est mon choix.
Lorsque Rosaire m’a proposé Charlevoix, c’est sans aucune hésitation et avec beaucoup de gratitude que j’ai accepté son offre.
Alors je vous affirme que si les gens me font confiance le 24 septembre prochain, je les représenterai avec toute la détermination que vous me connaissez. Je les sais fiers. C’est donc avec une immense fierté que je les représenterai, maintenant, et, je le souhaite de tout mon cœur, pour longtemps. Qu’on se le dise : je ne viens pas ici en touriste. Au cours des prochaines semaines, j’irai vous visiter et vous écouter. Les gens des cinq municipalités de la Côte-de-Beaupré ont certainement beaucoup à dire.
Ceux de Sainte-Anne-de-Beaupré voudront, entre autres, me parler de la Vélo Route; les gens de Beaupré, de l’industrie forestière et de leurs craintes concernant l’avenir du moulin de Beaupré; ceux de Saint-Joachim, de l’importance du Festival de l’oie des neiges ou de l’extraordinaire patrimoine culturel de la Corporation de la grande ferme.
Je sais que le développement du Mont-Sainte-Anne préoccupe les résidents de Saint-Ferréol-les-Neiges. Qu’à Saint-Tite-des-Caps, on s’inquiète de développement économique et de création d’emploi.
Et toutes ces choses sont importantes pour vous quel que soit l’endroit où vous demeuriez.
J’ai parlé de la Côte-de-Beaupré, mais il en va de même pour les 13 autres municipalités de Charlevoix. Une préoccupation qui nous est commune est celle de l’exode des jeunes vers les grands centres. Cette réalité, nous la vivons dans toutes les régions du Québec et Charlevoix ne fait pas exception.
Je crois fermement qu’une partie de la solution se trouve dans l’éducation et la formation de la main-d’œuvre. Nos jeunes sont comme tous les autres jeunes du Québec. Ils veulent évoluer dans un environnement où ils pourront s’épanouir, élever une famille, aspirer à une carrière professionnelle stimulante.
Des emplois intéressants sont disponibles chez nous, des emplois de qualité, des emplois bien rémunérés. Il faut qu’il y en ait davantage.
Ici, un immense travail a déjà été fait. Des partenariats entre les commissions scolaires et les centres locaux d’emplois ont déjà donné des résultats tangibles. Des formations en soudage-montage ont été mises de l’avant afin de combler des besoins de main-d’œuvre. Des cours de papetier ont été dispensés. Les techniques de soins infirmiers ont aussi fait leur apparition au centre d’études collégial pour pallier les besoins des établissements de la région. Nous devons continuer dans cette voie.
Charlevoix vibre de créativité. C’est souvent à travers la palette de ses peintres que nous avons découvert la splendeur de ses paysages.
La région est reconnue pour le dynamisme et la grande force de son industrie touristique. Si Charlevoix occupe cette place de marque sur l’échiquier des destinations les plus populaires du Québec, c’est grâce au dévouement de ses travailleurs et travailleuses.
Le tourisme est une industrie importante, soumise à une foule de facteurs. Mais nous avons des piliers stables et le tourisme hivernal est de plus en plus solide avec ses montagnes de ski : le Mont-Sainte-Anne, le Massif, le Mont Grand Fonds.
D’est en ouest, nous avons toutes les cartes en main pour développer notre industrie touristique. Je suis convaincue que nous n’avons pas encore atteint notre plein potentiel, que les possibilités sont encore très nombreuses. D’autres industries ou marchés sont en effervescence dans Charlevoix.
Je pense à l’agriculture, celle plus traditionnelle mais aussi toute cette diversification de la production agricole avec les produits du terroir. Qu’on pense à l’agneau ou au veau de Charlevoix, au fromage de St-Fidèle, au Migneron et j’en passe.
Ce soir, quand je vous regarde, je vois briller une étincelle qui ne demande qu’à s’enflammer. Celle qui permet de faire bouger les choses, celle qui donne envie d’aller plus loin, de croire que tout est possible.
Vous savez, la force d’une maison ne dépend pas de l’heure ou du jour de sa construction, mais bien du bois dont elle est faite.
Et Charlevoix s’inscrit dans le parcours d’une certaine histoire, celle de ces gens qui depuis quatre siècles ont inventé une façon bien à eux de vivre en Amérique, qui ont traversé l’histoire en refusant d’abandonner leur culture et leur identité aux forces de circonstances souvent adverses. L’histoire de Menaud maître draveur. Celle du Cirque du soleil. L’histoire de celles et ceux qui construisent un pays, celui que nous voulons mettre au monde, celui que nous voulons léguer aux générations qui viennent.


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