Lettre ouverte à Stéphane Dion et à tous ceux qui crachent sur le Nous québécois.

Le génie québécois

Le Québec, c'est mon chez moi, le territoire où le génie québécois a produit la culture qui a façonné mon identité.

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Retour sur le Nous

Peut-être avez-vous [l'appartenance à géométrie variable->archives/ds-souv/docs3/02-6-22-dion-nation.html], Québécois le 24 juin, Canadian le 1er juillet et Français le 14. Moi, pas. Le 24 juin, c'est la Fête nationale des Québécois. Le 1er juillet, c'est le jour le plus long de l'année, comme un mal de dents. Le 14 juillet, un jour sympathique. Vous cumulez, je concentre. Vous incluez, j'exclus. Vous clarifiez, je tranche. [Vous exhibez une éthique supérieure->archives/pol/partitionGQ/thuotmorale.html], je me contente d'être transparent, sans fard.
Je ne suis pas Canadian. Je suis Québécois. Le Québec, c'est ma Patrie, la terre de mes pères. Et, très bientôt, ce sera mon Pays, la terre de mes concitoyens, anciens et nouveaux.
Le Québec, c'est mon chez moi, le territoire où le génie québécois a produit la culture qui a façonné mon identité.
Le Canada, c'est l'obstacle à ma liberté. C'est le NON perpétuel à mon identité. C'est le cumul de mon indifférenciation. C'est la menace à mon existence. Un principe d'agression permanente. Et cela a un nom!
Et je le dis sans ressentiment. Sans agressivité. Sans émotion suspecte.
Quand vous promenez vos discours d'un bout à l'autre de la planète, auréolé de votre titre de ministre et de conseiller de la Reine, vous avez l'émotion tranchante. Vos discours grandissent l'appartenance au Canada en caricaturant l'appartenance au Québec. Vous associez ma passion du Québec aux pires catastrophes identitaires - fascisme, nazisme->archives/01-4/vastel-dion.html], et mettez-en, il n'y a pas de limite à la boursoufflure. Ceux qui écrivent vos discours ne manquent pas d'imagination. Malheureusement, ils ont coupé tout lien avec la réalité historique qui a façonné les rapports Canada-Québec. Ils souffrent de démesure. [Hybris. Délire.
Quand vous vous adressez aux Québécois, vos discours tentent toujours d'oblitérer la conscience qu'ils ont d'être Québécois avant d'être Canadians. [Ils chantent la supériorité d'une éthique de l'inclusion, de l'ouverture, de la solidarité->archives/ds-souv/docs2/01-4-5-dion-ethnicisation.html]. Quel bonheur d'appartenir au plus-meilleur-pays-du-monde... Ils portent sur la grandeur et la noblesse associées à l'appartenance canadian... et sur la petitesse et la mesquinerie de ces mêmes valeurs quand elles se disent de l'appartenance québécoise. Allez comprendre...
Dans ces hauteurs, on jouit d'entendre la pureté de ses paroles, lyrisme narcissique qui prétend échapper au prosaïsme. On peut faire illusion. Cacher la plomberie mise en place par le gouvernement dont vous faites partie pour forcer la loyauté des Québécois à ce pays qui les nie. Les plombiers d'Ottawa, dont vous êtes un des contremaîtres, ont poussé le forage de l'âme québécoise, pour y introduire le mal canadian, au delà des limites raisonnables et acceptables dans une société démocratiquement saine. La corruption dont souffre votre gouvernement étale au grand jour la corruption des principes qui l'animent. Est-il donc si "plus-meilleur", ce pays, qui recourt à la propagande massive, au conditionnement de l'opinion publique pour consolider le lien d'appartenance de ceux qu'il entend subordonner, lien dont on constate, chaque jour, qu'il s'effrite toujours davantage chez ceux qui ont compris votre manège...
Votre manière d'inclure, nous la connaissons. Votre cumul identitaire, nous le connaissons. Et le monde en est témoin. La mascarade approche de sa fin. ("Le châtiment de l’hybris est la némésis (« destruction »), le châtiment des dieux qui a pour effet de faire se rétracter l'individu à l'intérieur des limites qu'il a franchies.")
Non, mon pays rêvé n'inclut pas le Canada, il l'exclut. Comme le Canada exclut les USA... Non, je ne me paye pas de mots creux, non je ne mets pas l'éthique au service du politique. J'ai trop de respect pour les valeurs qui font l'humanité pour me permettre de les instrumentaliser à la défense d'un État dont on voit bien, depuis quelques années, qu'il n'est plus que la caricature du discours qu'il tient sur lui-même.
Je le dis sans ébranlement intérieur, sans turbulence émotionnelle. Car dans mon esprit, les choses ont pris leur place. Et je ne ressens pas monter en moi la puissante force des conflits anciens non résolus. Je suis ce que je suis, je vis dans le présent. Et je parie sur la liberté. Et ça me suffit.
Quant à vous, je suis désolé de vous le dire, les choses paraissent autrement plus ténébreuses. Faut-il s'étonner que vos postures laissent transpirer les émotions non-contrôlées quand vous vous adressez aux Québécois? Hier, vous n'avez pas craint d'affirmer haut et fort que les lois linguistiques du Québec n'étaient pas racistes. Il y a presque dix ans, alors que vous n'étiez pas encore ministre..., [vous vous portiez à la défense du droit du Québec d'exister comme société française contre ceux qui l'accusaient de toutes les intolérances->archives/pol/racisme/dionfranco.html]. Aujourd'hui, vous faites partie d'un gouvernement qui multiplie ces accusations, et qui met tous les efforts requis pour diluer cette identité, pour en interdire le cumul... jusqu'à ce que, réduite à l'insignifiance, elle ne soit plus que "foyer francophone", "région linguistique", ou "n'importe quoi d'autre" qui brouille sa prétention et écrase sa volonté d'être ce qu'elle est.
Dion-l'ancien travaille la conscience de Dion-le-nouveau... Tant pis pour les deux... C'est le destin de [l'indirect ruler->archives/ds-souv/docs/bariteau-rule.html]...
Je termine en vous souhaitant "Bonne fête, Canada", comme je le ferai pour les Américains, le 4 juillet et pour les Français le 14, avec sympathie, n'étant ni l'un ni l'autre, mais étant ouvert sur l'universalité, avec une sympathie donc d'autant plus sincère que je suis conscient de faire partie d'une nation québécoise qui n'est sans doute pas la "plussss-meilleure-des-nations" mais la première dans mon coeur.
***
Titre original - suivi de commentaires: [Bonne fête, Canada - Lettre ouverte à Stéphane Dion->archives/ds-edito/bf/bf-02-7-1.html]
Bernard Frappier, 1.7.2002

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Fondateur, directeur et animateur de Vigile.net de 1996 à 2012.

Récipiendaire de la médaille Bene Merenti de Patria de la Société Saint-Jean Baptiste de Montréal, 2012.

« Bernard Frappier a réalisé une oeuvre d’une importance capitale dans le destin du Québec. Contre ceux qui voudraient effacer la mémoire de la nation, il a créé Vigile, grand phare et lieu de débat incomparable. » - Bernard Desgagné





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1 commentaire

  • Archives de Vigile Répondre

    5 octobre 2007

    Nos indépendantistres/souverainistes sont souvent les premiers à critiquer leurs compatriotes parce qu'ils ne comprennent pas assez vite à leur goût les bienfaits de la souveraineté du Québec. Ils seraient mieux avisés de conserver leur énergie à tenter d'en convaincre le plus possible des bienfaits de cette chose qui leur fait encore un peu peur.
    Pour ce qui est de M. Dion, il est en train de se punir lui-même par son intransigeance et sa hauteur. Il nous a annonce qu'il va bientôt faire le clown à la télé pour montrer son fond comique et humain pour améliorer ses chances aux prochaines élections. On attend le miracle.