Le clan Chrétien ne veut pas voir la cause portée en appel

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Chrétien vs Gomery

Jean Chrétien (Photo AP)

Hugo de Grandpré - Le clan Chrétien s'est lancé hier dans une offensive pour convaincre le gouvernement Harper de ne pas porter en appel la décision rendue jeudi en faveur de l'ancien premier ministre et de son chef de cabinet.

«La décision du juge Teitelbaum est un avertissement des dangers et des ravages que peut causer une commission qui a perdu de vue sa raison d'être», a écrit Peter Doody, de chez Borden Ladner Gervais. Le même cabinet représente Brian Mulroney, un autre ancien premier ministre qui fera bientôt l'objet d'une telle enquête.
Or, selon Eddie Goldenberg, bras droit de Jean Chrétien, il n'est pas certain que le gouvernement conservateur souhaite porter la cause en appel.
«Je suis sûr que Stephen Harper n'a pas oublié que le juge Gomery, il y a quelques semaines, l'a critiqué pour ne pas avoir mis en application les recommandations de son deuxième volume...» a-t-il indiqué.
«M. Harper n'est plus le chef de l'opposition, a ajouté M. Goldenberg. Il va penser à ce qui peut arriver à un ancien premier ministre...»
Le jugement de la Cour fédérale donne raison à Jean Chrétien et à Jean Pelletier contre John Gomery. Max M. Teitelbaum a estimé que des commentaires faits par le commissaire Gomery durant l'enquête publique sur le scandale des commandites créaient une apparence de partialité. Il a donc invalidé les conclusions touchant les deux hommes.
Dans son premier rapport, daté du 1er novembre 2005, le juge Gomery blâmait le premier ministre et son chef de cabinet pour avoir exercé la direction politique d'un programme qui a permis à des compagnies de publicité et à au moins un haut fonctionnaire de frauder le gouvernement fédéral de plusieurs millions de dollars. Le commissaire n'était pas allé jusqu'à les associer aux fraudes. Il a toutefois accusé le Parti libéral d'en avoir profité.
Le gouvernement Harper étudie toujours la décision. Il dispose de 29 jours pour faire appel. «Cette affaire ne disparaîtra pas tant que tous ceux qui ont profité du gouvernement du Canada et des contribuables, mais surtout ceux qui ont créé une crise d'unité nationale pour leur propre bénéfice et dans l'intérêt de leur parti, soient tenus responsables de leurs actes honteux», a déclaré hier Geneviève Breton, la directrice des communications du ministre de la Justice, Rob Nicholson.
Par ailleurs, Eddie Goldenberg ne compte pas insister auprès de Paul Martin pour qu'il présente ses excuses à Jean Pelletier, comme il le lui a demandé jeudi. Par l'entremise de collaborateurs, le successeur de Jean Chrétien a refusé de le faire.
«Je laisse le soin aux gens de porter jugement là-dessus. J'ai dit (jeudi) que M. Pelletier avait beaucoup souffert et que ça avait eu un impact sur sa santé. Qu'il a gagné non seulement sa cause contre M. Gomery, mais aussi sa cause en Cour fédérale sur son congédiement.»
«Mais c'est fini. Je ne peux rien faire. Je pensais avoir fait quelque chose qui aurait pu aider à démontrer une classe et une grâce que l'on connaissait chez M. Martin... Mais il a pris une décision et il a le droit de la prendre», a-t-il conclu.
Une dernière cause relative à la partialité de M. Gomery reste en délibéré: celle de l'ancien ministre des Travaux publics, Alfonso Gagliano. La dernière journée d'audience a eu lieu la semaine dernière. La décision pourrait n'être rendue qu'à l'automne.
M. Gagliano, qui a été plus sévèrement blâmé que MM. Chrétien et Pelletier, n'était pas joignable, hier.


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