Les Anglais ont leur parti, le PLQ ; la gauche a trouvé son parti, Québec Solidaire ; la droite a l’ADQ et le centre droit aura bientôt le sien, celui de François Legault.
La grande majorité des indépendantistes ont aussi le leur, le Parti Québécois, mais pas en exclusivité, puisqu’ils doivent le partager avec ceux qui sont plus intéressés par le pouvoir, ceux qu’on appelle les pragmatiques.
Or, même si bon an mal an entre 40 et 45% de la population se dit en faveur de l’indépendance, parce qu’il veut ratisser encore plus large pour des raisons électoralistes, le PQ dirigé par les pragmatiques a bâti toute sa stratégie sur la prise du pouvoir, ce qui l’a amené à diluer son discours indépendantiste pour ne pas faire peur à ceux qu’il dit vouloir convaincre, alors qu’il vise plutôt à les rassurer au sujet de l’indépendance qu’ils ne veulent pas.
Si cette stratégie a fonctionné pendant quelques années à cause de la règle de l’alternance, elle est devenue obsolète en raison de l'émergence de nouveaux partis. D'autant plus que les indépendantistes veulent de moins en moins faire de compromis sur l’objectif, ils veulent un parti qui prépare l’indépendance, pas la prise du pouvoir.
Le PQ n’est donc plus le parti des indépendantistes qui veulent d'abord faire l’indépendance, mais le parti de ceux qui veulent surtout prendre le pouvoir et qui sont prêts à faire toutes les concessions pour l’obtenir, même des courbettes devant des personnes qui n’ont rien à faire de cet objectif, d’où la crise de l’amphithéâtre de Québec.
De sorte que de nombreux indépendantistes en sont venus à se demander à quoi servait le pouvoir sinon qu’à permettre aux pragmatiques de l’exercer au premier chef, la prise de pouvoir pour faire l’indépendance devenant la source d'immanquables compromis, quand ce ne sont pas des compromissions, l’indépendance étant finalement toujours reléguée aux calendes grecques.
Pourquoi appuieraient-ils indéfiniment un tel parti ? On comprend dès lors pourquoi la crise qui survient aujourd’hui au PQ était inévitable.
Dans un tel contexte, on se demande bien pourquoi la direction actuelle du PQ ne comprend pas que si elle continue de diluer sa raison d’être jusqu’à faire fuir ceux qui veulent faire l'indépendance, il ne restera plus que ceux qui veulent prendre le pouvoir, les pragmatiques.
La nature détestant le vide, ou les indépendantistes reprendront le contrôle de leur parti, ce à quoi s’oppose fermement l’équipe actuellement en place, ou ils se trouveront un nouveau véhicule pour atteindre leur objectif.
Chose certaine, ceux qui quitteront le PQ parce qu’ils ont fait de l’indépendance du Québec leur priorité n’iront probablement pas vers l’ADQ, le PLQ, QS, ou le parti de François Legault.
Ils voudront éviter les mêmes écueils sur lesquels ils se son butés au PQ et iront vers un parti qui a fait de l’indépendance sa seule priorité, le PI, à moins qu’ils privilégient une démarche analogue à celle de François Legault qui a décidé de fonder son propre parti plutôt que de s’associer avec l’ADQ. La même stratégie qu’avait adoptée René Lévesque à l’égard du RIN en fondant le PQ, un parti moins radical qui proposait alors la souveraineté-association.
De toute façon, peu importe le véhicule choisi, c’est la qualité et la détermination des personnes qui s’y joindront qui feront le succès de ce parti. Un beau risque qui méritera certainement qu’on y médite, l’été qui vient s’y prêtant volontiers.
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8 commentaires
Archives de Vigile Répondre
17 juin 2011M.Louis Lapointe
C'est un option un très gros risque. Ce nouveau parti va mettre, au moins, 12 avant de pouvoir prendre le pouvoir. Et dans l'intervalle, il risque aussi d'être aussi 'détourner' par des intérêts personnels ou des arrivistes. Dans 12 ans, je crois que nous aurons définitivement perdu nos chances de faire notre pays. Mais j'avoue que sans cet aspect du problème, je détournerais du PQ sans le moindre remord. Mais le risque de se retrouver dans 12 ans devant le même problème existe. C'est pour cette raison que je suis partisan d'une solution qui ne nous garderais plus prisonnier de parti. Car le risque sera toujours existant dans le modèle actuel.
À court terme, je crois que c'est sur un programme que les vrais souverainistes devraient travaillé. Un programme tellement mobilisateur qu'elle permettrait de mettre de coté nos "petites guerres" afin que les vrais souverainistes se réapproprient le Parti Québécois pour faire ce qui doit-être fait.
M.Christian Montmarquette
Par le passé, j'ai été souvent en désaccord avec vos positions. Mais je constate qu'en réalité, c'est plutôt votre engouement pour Québec Solidaire. Et votre texte "« L’indépendance d’abord » : Une stratégie de droite :" dénonce mieux que moi le "manque de viande" autour de ce projet de souveraineté. Le problème ne tient pas qu'à un chef ou à un parti, mais réside dans l'absence d'un projet de société emballant.
Il n'empêche que je continue à penser que la formule: ' Le Québec sera à gauche ou ne sera pas' est une horrible formule qui sert très mal vos idées. À toutes les fois que je l'entend, je vois le drapeau du Québec avec des serpes et des marteaux à la place des fleurs de lys. Yuk! Yuk! Yuk!
M.Gilbert Paquette
Sans vouloir dénigrez vos efforts. Si le projet soulevait les passions, l'élection de député souverainiste ne demanderait aucun effort. Spécialement contre le gouvernement actuel. BMW ne font aucune publicité. Et j'ai pas l'impression qu'ils aient de la difficulté à vendre leurs voitures. Vous n'aimerez sans doute pas la formulation. Mais il reste que l'on doit vendre ce projet à la population. Et jusqu'à maintenant ce projet est très nébuleux. Même pour ceux qui travaillent à la réalisation de ce pays. Et telqu'il est, il est difficile à vendre,
Ce n'est pas une stratégie de campagne dont on besoin les souverainiste, mais bien d'un programme politique qui adressera les préoccupations des gens. En gros, M. Montmarquette fait remarqué que les partisans de la souveraineté demandent un chèque en blanc à la population. Et je crois que c'est la raison fondamentale qui expliquerait que l'option fait du surplace depuis 95.
Pensez-y! il y a eu de nombreux porte-paroles pour la souveraineté. Pourtant les résultats des sondages n'ont jamais beaucoup bouger. Ce n'est donc pas de nouvelles figures qui vont changer la donne. C'est le projet qui doit être repensé.
Pour ma part, je crois que minimalement, il faudrait qu'il existe au moins des indicateurs que ce nouveau pays pourrait être meilleur que le Canada. Je sais bien que l'on ne peut pas garantir le futur, mais il y a au moins un certains nombres de choses. Mais si vous voulez vraiment voir ce projet de votre vivant, je miserais sur quelques chose de plus ambitieux que le programme actuel.
http://www.polemia.com/article.php?id=2876
Yann Jacques Répondre
17 juin 2011M. Lapointe,
Pourquoi opposez-vous indépendantistes et pragmatiques? On peut être indépendantiste et pragmatique. Pensez-vous que Mme Marois ait voté non au dernier référendum. Vous pouvez ne pas être d'accord avec la voie proposée par les pragmatiques (pas assez directe) mais de là à dire qu'ils ne veulent pas l'indépendance. En ce qui me concerne, lorsque je vois le résultat des deux derniers référendums, je préfère me ranger du coté des pragmatiques. Pour l'exemple, regarder ce qui se passe en Flandre. Avez-vous déjà vu les indépendantistes flamands parler de référendum. Pourtant la Flandre est bien plus prêt de l'indépendance que le Québec. Les pragmatiques ont compris une chose que les indépendantistes flamand on compris depuis longtemps : ce n'est pas en parlant de l'indépendance qu'on la fera. Lorsque je regarde la tentative de putsch des indépendantistes non pragmatiques (idéalistes?), j'ai l'impression que c'est eux qui ne veulent pas vraiment l'indépendance. C'est tellement vrai que même André Pratte, dans un de ses dernier éditoriaux, doit se frotter les yeux pour croire que des péquistes s'opposent au plan Marois. Effectivement, on se frotte toujours les yeux lorsque son adversaire décide de se tirer une balle dans le pied.
Y. Jacques
Marcel Haché Répondre
17 juin 2011Une simple hypothèse M. Lapointe.
C’est un P.Q. ÉLU AU GOUVERNEMENT qui pourrait et devrait forcer—je précise FORCER-- l’institution fédérale à être partie prenante à un référendum québécois à venir, selon ce que le gouvernement québécois pourrait décider souverainement quant à la date de sa tenue.
L’avantage de négocier—après avoir été élu-- pour forcer l’institution fédérale à s’impliquer dans la tenue de notre référendum provient de que cela encadrerait l’action de la partie apparaissant comme l’ennemie de l’indépendance. Si l’institution fédérale est l’ennemie de l’indépendance de notre peuple—ce que je crois— il faut bien admettre qu’elle interviendrait de toute façon. À vrai dire, les indépendantistes le savent mieux que quiconque, l’institution fédérale a toujours combattu sans invitation.
Aussi bien alors l’inviter Nous-mêmes, l’institution fédérale, l’impliquer et lui faire pression afin qu’elle suive certaines règles elle aussi ; cela pourrait éviter que le « fédéral » s’invite lui-même, de toute façon et de toutes les façons… avec sans doute des armes de destruction massive…
L’élection d’un gouvernement péquiste avec une stratégie de gouvernance souverainiste n’est pas seulement devenue le passage obligé pour éviter l’abattoir électoral, c’est devenu la façon de replacer la question nationale au centre du jeu politique.
Un parti d’opposition ne peut pas pratiquer pareille stratégie et l’appliquer à l’institution fédérale, mais un Gouvernement le peut.
Une telle stratégie de gouvernement éviterait aux indépendantistes de poser encore et toujours en victimes et en loosers auprès de l’opinion publique.
La prise du Pouvoir par le P.Q. est déterminante et de toute nécessité. Cela est une condition sine qua non à la réalisation de pareille hypothèse. ET ÇA,LA PRISE DU POUVOIR, C’EST LE GROS PROBLÈME DES INDÉPENDANTISTES. Toutes les sectes indépendantistes, incapables de négocier avec le « fédéral », tous les indépendants-indépendantistes ayant eux renoncé au pouvoir et à quelque rapport de force, dans un Mouvement plutôt que dans un Parti, mais tous amplement capables de tirer à plein temps aux flancs du P.Q., pourtant seul capable de se gagner le Pouvoir, voudraient barrer la route à cette hypothèse, parce que celle-ci contredit l’analyse orthodoxe de l’indépendantisme.
Ce n’est pas vrai que les indépendantistes sont condamnés à tourner en rond, ni dans leurs têtes, ni dans les urnes.
Entre la rupture et l’usure, le P.Q.-Marois a choisi l’usure et la pression sur l’institution fédérale. C’est avec la seule gouvernance souverainiste, sur une longue durée, qu’une pareille hypothèse pourrait être possible.
C’est l’électorat lui-même qui dicte la realpolitik du P.Q. La realpolitik n’exclut pas l’idéalisme. D’ailleurs, elle seule peut lui donner vie. Les indépendantistes devraient enfin marcher sur leurs jambes, s’ils ne veulent pas bientôt se marcher sur le cœur.
Le déni consiste présentement à considérer que le 2 Mai, c’est du vent. Ce n’était pas du vent. C’était une vague de protestation si puissante, qu’elle ne laisse plus au mouvement indépendantiste ni le temps, ni le choix des moyens.
Gilbert Paquette Répondre
17 juin 2011Plutôt qu'un troisième parti indépendantiste, continuons à construire ce mouvement citoyen déjà sur pied qu'est Cap sur l'indépendance. Pour l'élection, ce mouvement pourra soutenir une coalition citoyenne de candidats indépendantistes.
L'indépendance n'est pas une question partisane, même s'il faut élire des députés indépendantistes pour la réaliser.
Archives de Vigile Répondre
17 juin 2011En attendant,pour passer un bel été.
Rire et réfléchir 2011
http://espace.canoe.ca/jptellier/album/view/852622
François Ricard Répondre
16 juin 2011Il m'est avis qu'on ne fait pas l'indépendance pour l'indépendance. L'indépendance n'est pas un but en soi mais un moyen essentiel pour nous donner le pays que nous voulons.
Nous voulons un pays plus démocratique que la faiblarde démocratie offerte par le parlementarisme à la britannique; nous voulons un pays qui nous assurera de la propriété de nos richesses naturelles; nous voulons un pays dont la langue sera le français; nous voulons un pays qui aura plein contrôle de sa citoyenneté et de son immigration; nous voulons un pays qui veut combattre la pauvreté plutôt que les Talibans de l'Afghanistan; nous voulons un pays qui décide entièrement des investissements en santé et en éducation. Voilà pourquoi nous nous devons d'être libres: pour se donner le pays que nous voulons. L'indépendance est l'outil essentiel qui nous permettra d'atteindre ces buts.
L'engagé Répondre
16 juin 2011J'aime tellement vos billets et votre esprit de synthèse. C'est en même temps tellement rassurant de savoir qu'il existe des individus de votre trempe.
Je l'écris sans flagornerie, je regrette que les intellectuels, et Dieu sait que nous en avons, ne soient pas plus actifs à expliquer la politique dans une perspective indépendantiste.
Christian Montmarquette Répondre
16 juin 2011Premièrement, je tiens à vous féliciter pour votre article Monsieur Lapointe, même si je me pose plutôt en critique dans mon commentaire.
Même si j'en reconnais parfaitement le droit, fonder troisième parti souverainiste ne nous avancera à pas à grand chose à mon avis; et qui plus est, que jamais les gauchistes indépendantistes dont je suis, n'accepteront de renier leurs valeurs sociales pour soutenir cette unique cause qu'est l'indépendance. Nous nous sommes bien trop fait avoir avec cette «approche-écran», pour que l'on nous y reprenne.
Il faut donc «changer d'approche».
Et cette nouvelle approche devrait selon moi, être non partisane, non partidaire, citoyenne et autonome, si ce que l'on souhaite est la réunification des forces de la base indépendantiste au Québec.
Puisque de par leur nature même, les partis politiques semblent surtout être conçus pour «gouverner des États» et non pour «les créer».
La création de pays me semblent d'abord appartenir «au peuple», même si certains partis politiques «pourraient» l'appuyer au Québec.
Mais redonner une fois de plus l'initiative de l'indépendance à un parti politique, c'est infantiliser et déresponsabiliser les citoyens, en plus que de leur retirer leur propre cause, et du même coup, la possibilité d'agir et de militer directement à sa réalisation.
Jamais on me prendra dans ce piège à con que de travailler «d'abord pour un parti politique» qui me fera miroiter «ensuite» l'indépendance comme on brandit une carotte devant un âne.
L'indépendance c'est tout de suite, ici et maintenant.
C'est immédiatement qu'il faudrait faire du porte à porte pour aller chercher les appuis et signatures, jusqu'à concurrence de 50% + 1 de l'électorat du Québec.
On ne me fera pas sortir de chez moi pour aller vendre un autre «parti politique» souverainiste. -No Way !
La prise en otage de la question nationale par les partis politiques a assez durée.
«La folie est de se comporter de la même manière et de s’attendre à un résultat différent.» - Albert Einstein
Christian Montmarquette
Montréal
Référence :
« L’indépendance d’abord » : Une stratégie de droite :
http://www.vigile.net/L-independance-d-abord-Une
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