Langue: Curzi craint le démembrement social

Le député péquiste Pierre Curzi brandit le spectre de tensions sociales accrues, si le gouvernement tarde à imposer le français comme langue d'usage au Québec.

Vers une crise annoncée - Québec 2008 - dossier linguistique - canadianisation outrancière - déconstruction du "modèle québécois"


Le député péquiste Pierre Curzi brandit le spectre de tensions sociales accrues, si le gouvernement tarde à imposer le français comme langue d'usage au Québec. Selon lui, le meilleur moyen de ne pas voir le Québec sombrer dans le «démembrement social» consiste à donner du mordant à la loi 101 au plus tôt.

«C'est ce que j'appréhende le plus. C'est que si on n'agit pas efficacement, on va créer des problèmes qui peuvent s'amplifier», a fait valoir le député de Borduas, porte-parole de l'opposition péquiste en matière de langue, lors d'une longue entrevue à La Presse Canadienne.
«La langue commune permet peut-être d'éviter qu'il y ait un démembrement social lié à l'apparition de ghettos culturels avec tout ce qui s'ensuit», selon lui.
Aux yeux du député, la nouvelle mouture de la Charte de la langue française promise par le PQ deviendra donc «l'outil du futur», en ce qui a trait à la cohésion sociale.
C'est du moins ce dont est persuadé Pierre Curzi, qui a accepté en entrevue de préciser le projet du Parti québécois visant à rédiger une super-loi 101, annoncé dans ses grandes lignes par la chef péquiste, Pauline Marois, le 27 avril dernier.
Si la première loi 101, il y a 30 ans, insistait beaucoup sur la langue d'affichage et la langue d'enseignement pour les enfants allophones, la suivante visera essentiellement deux objectifs: imposer l'apprentissage du français aux immigrants et imposer son usage dans toutes les entreprises, quelle que soit leur taille.
Un gouvernement du PQ s'engagera aussi à assurer une application stricte de la loi, grâce à des budgets accrus, des sanctions sévères et surtout davantage d'enquêteurs sur le terrain.
De plus, les organismes de la langue (l'Office québécois de la langue française, le Conseil supérieur de la langue française et le Secrétariat à la politique linguistique) seraient regroupés sous une seule entité, par souci d'assurer une approche «transversale», s'il n'en tient qu'à M. Curzi.
Si les règles du jeu sont claires, l'adoption d'une telle super-loi 101 ne créera pas de tollé au sein des différentes communautés du Québec, selon lui. Au contraire, cela apaisera les tensions.
L'important consiste à agir rapidement, avant que le climat social se dégrade.
«Il faut de toute urgence commencer à mettre en place des moyens réels, si on veut avoir un effet, j'imagine, sur quelques années», a-t-il dit, soucieux d'inverser la tendance actuelle qui fait que de trop nombreux immigrants passent à l'anglais au lieu du français.
D'où la nécessité de les obliger à apprendre la langue officielle du Québec.
«Il faut, un moment donné, qu'il y ait des mesures où on dit: vous avez l'obligation légale de vous franciser», a-t-il plaidé, nullement intimidé par la controverse suscitée l'automne dernier par le projet de loi 195 sur l'identité, parrainé par le PQ.
Le projet de loi, qui n'a aucune chance d'être appelé par le gouvernement, prévoit notamment que les immigrants devraient apprendre le français et en avoir une «connaissance appropriée» pour pouvoir se porter candidat aux élections.
Malgré les critiques, M. Curzi persiste à dire qu'il s'agit là d'une disposition parfaitement légitime, qui a été mal comprise. «C'est clair que la connaissance du français semble être un incontournable pour l'ensemble des gens, si on veut conserver une langue commune» et réussir l'intégration des immigrants, a-t-il argué.
Le projet présenté par Mme Marois en avril a suscité lui aussi plusieurs critiques d'observateurs et éditorialistes, convaincus que l'idée de franciser les 200 000 entreprises de 50 employés et moins n'était tout simplement pas applicable.
Ces commentaires ont mis Pierre Curzi en furie.
«Ça m'enrage, parce que c'est comme si on était assez stupides, assez imbéciles» pour croire qu'une telle chose pouvait se faire en un tournemain.
«On n'imposera pas le français à 200 000 entreprises l'année prochaine. C'est clair qu'il va y avoir un échéancier, qu'on va aller vers des mesures applicables, qu'on va aller vers des secteurs qui sont névralgiques. C'est clair aussi que ça va être sur un certain nombre d'années», a-t-il commenté, en rappelant que 20 pour cent des entreprises de 100 employés et plus n'affichaient toujours pas de certificat de francisation, 30 ans après l'adoption de la loi 101.
L'esprit de la nouvelle loi 101 ne sera pas tant la protection du français que le fait d'imposer la langue française comme «lieu de rassemblement et lieu d'unification» au Québec.
Le PQ compte peaufiner le contenu de son futur projet de loi linguistique d'ici aux prochaines élections, de manière à le faire adopter dès la prise éventuelle du pouvoir, car en reportant l'échéance, selon lui, «on travaille à notre propre fragilisation».


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