Il est beaucoup question de laïcité dans le débat sur les accommodements raisonnables. Le Québec, on ne cesse de le répéter, a choisi d'être une société laïque. Que veut-on dire par là?
Dans la société laïque dont rêvent plusieurs Québécois, la pratique religieuse serait reléguée à la vie privée. Les croyants pourraient prier, bien sûr, mais seulement à la maison et au temple. Ils devraient laisser chez eux les symboles de leur foi, du voile au kirpan. Ces derniers seraient exclus non seulement des écoles et des bureaux de vote, mais de tous les lieux appartenant à l'État - celui-ci affirmant par là sa neutralité - voire de tous les espaces publics définis au sens large, c'est-à-dire fréquentés par la population. Les Québécois exprimeraient ainsi leur réprobation pour certaines pratiques allant à l'encontre de leurs valeurs.
Une telle compréhension de la laïcité fait fi du sens réel de la liberté de religion protégée par les chartes des droits. «Liberté ne veut pas dire droit», entend-on dire. Cela n'est pas exact. La liberté de pratiquer sa religion est bel et bien un droit fondamental. À ce sujet, la Déclaration universelle des droits de l'homme ne laisse pas place à l'ambiguïté: «Toute personne a DROIT à la liberté de pensée, de conscience et de religion.» Et ce droit ne se limite pas à la sphère privée mais «implique la liberté de manifester sa religion ou sa conviction seule ou en commun, tant en public qu'en privé».
Une société qui interdirait toute manifestation religieuse dans les lieux publics n'imposerait pas la laïcité, mais l'athéisme. Sur ce point, nous sommes d'accord avec Jacques Grand'Maison qui écrit dans son dernier ouvrage: «Ce serait bien bête de passer, au Québec, d'un confessionnalisme à tout crin à un laïcisme à tout crin.»
Bête et risqué. Car, comme le souligne le sociologue, «la non-reconnaissance des religions dans l'espace public pave le chemin du sectarisme religieux ou de l'intégrisme politico-religieux». On peut bien interdire aux jeunes musulmanes de pratiquer leur sport préféré en portant le voile. Mais seront-elles plus libres, plus égales si pour cette raison, elles choisissent (ou on leur impose) de compétitionner seulement entre elles? De cesser de faire du sport?
Il y aurait, dans l'imposition d'une laïcité absolue, non seulement de l'intolérance mais de l'arrogance. De quel droit les Québécois, qui se sont définis pendant plus de trois siècles par leur religion, regarderaient-ils de haut ceux qui n'ont pas en même temps qu'eux vu la lumière laïque? Et ce dans une ville dite «aux cent clochers» dont le symbole le plus visible, planté sur le Mont-Royal et illuminée, est une croix de 103 pieds de haut...
En cette matière, la majorité devrait savoir faire la différence entre ce qui la dérange, la rend inconfortable et ce qui lui est absolument intolérable. Les Québécois de cette majorité sont suffisamment nombreux et devraient avoir assez confiance en eux pour convaincre l'autre, par le dialogue et par l'exemple, d'adhérer à leurs valeurs plutôt d'imposer celles-ci partout et en tout temps. Qui sait, ils pourraient sortir eux-mêmes grandis de ce dialogue...
» Les passages du document de la Commission Bouchard-Taylor sur la laïcité (document PDF)
Réplique à André Pratte
_ [L’athéisme d’État est contraire à la laïcité->9268]
La ville sans clochers
Laïcité — débat québécois
André Pratte878 articles
[une chronique intitulée « Tout est pourri » (critique de Anne-Marie Gingras) ->http://books.google.fr/books?id=EZWguAMXAtsC&pg=PA27-IA27&lpg=PA27-IA27&dq=pratte+Tout+est+pourri&source=bl&ots=MUti9NTQuH&sig=h2zgJlLgOg844j5ejxnUl4zH2_s&hl=fr&sa=X&ei=73RrT8a...
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[une chronique intitulée « Tout est pourri » (critique de Anne-Marie Gingras) ->http://books.google.fr/books?id=EZWguAMXAtsC&pg=PA27-IA27&lpg=PA27-IA27&dq=pratte+Tout+est+pourri&source=bl&ots=MUti9NTQuH&sig=h2zgJlLgOg844j5ejxnUl4zH2_s&hl=fr&sa=X&ei=73RrT8aQEqnh0QHuh4GyBg&ved=0CEEQ6AEwBQ#v=onepage&q=pratte%20Tout%20est%20pourri&f=false]
[Semaine après semaine, ce petit monsieur nous convie à la petitesse->http://www.pierrefalardeau.com/index.php?option=com_content&task=view&id=30&Itemid=2]. Notre statut de minoritaires braillards, il le célèbre, en fait la promotion, le porte comme un étendard avec des trémolos orwelliens : « La dépendance, c’est l’indépendance ». « La soumission, c’est la liberté ». « La provincialisation, c’est la vraie souveraineté ». « La petitesse, c’est la grandeur ». Pour lui, un demi-strapontin à l’Unesco est une immense victoire pour notre peuple. C’est la seule politique étrangère qu’il arrive à imaginer pour le peuple québécois. Mais cet intellectuel colonisé type n’est pas seul. Power Corp. et Radio-Cadenas en engagent à la poche.
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