La takiyya islamique vient de nous être rappelée par la récente pantalonnade de l’émission The Voice du 3 février 2018 : une jolie jeune femme enturbannée pourrait avoir réussi d’abord à se glisser en tant que candidate, acceptée par un comité aveugle ou aveuglé, pour concourir sur le plateau de TF1, puis à être choisie par les quatre coachs devant un public de 6 millions de téléspectateurs. Des internautes surpris ont voulu en savoir plus et ont fouillé son compte Facebook et ses interventions sur les réseaux sociaux : était-elle en mission commandée par des maîtres es visibilité médiatique de l’islam dans un pays de « mécréants » ? C’est peut être un banal exemple de l’évolution du sens de la takiyya aux temps modernes, temps de conquête de la planète par un l’islam qui se veut hégémonique. C’est la tactique du « stealth jihad » (le jihad de ruse) dénoncé ainsi par les Américains.
Que signifie le mot takiyya ?
Takiyya est un mot arabe (التقيّة) tiré du verbe ittaka (إتّقى) qui signifie se protéger d’un mal, d’un danger, se prémunir d’une maladie. Dans l’islam, la piété se dit takwa (تقوى) : le musulman se protège par sa piété du feu et de la souffrance de l’enfer.
Le sens général de takiyya est dissimulation, peu importe les circonstances. Cela peut aller jusqu’à une méfiance omniprésente puisqu’on utilise aussi le verbe ittaka à l’impératif (ittaki, إتّقي) dans le sens de : « Méfie-toi de celui à qui tu as fait du bien ». L’islam étant toujours dans la victimisation, le musulman reste toujours méfiant, même quand il fait le bien !
Quel est le sens religieux de la takiyya ?
L’islam attribue à la takiyya une place primordiale car elle assure la protection de la oumma ou du musulman face au mal et face à un environnement hostile ou perçu comme tel. Le but de la takiyya émane du Coran et de la sunna (le Hadith et la vie du prophète) : on est en droit de manifester son incroyance et de dissimuler sa foi ou bien de manifester le faux et de dissimuler le vrai. Pour l’islam, l’hypocrisie serait de montrer une foi de musulman tout en intériorisant une incroyance. Pour le musulman, peu importe ce qu’on montre, pourvu que le fond de son cœur soit juste et pieux.
Le but de la takiyya, à l’origine, est donc de protéger sa personne, son honneur ou ses biens en cas de force majeure : expulsion, déportation, meurtre ou torture. D’autres personnes aussi agissent de la sorte en cas de péril.
Mais l’islam excelle dans la takiyya et dispose d’autres variantes dont la frontière est difficile à fixer.
Ainsi la tawriya (التورية) est une dissimilation où l’art du mensonge est bien présent. Par exemple, on n’appelle pas ses ennemis par leur appartenance religieuse mais on utilise un subterfuge. On emploie le mot de « égarés » en lieu et place de « chrétiens, juifs, athées. ».
Le kitmân (الكتمان , c’est taire la vérité et présenter le discours d’une façon lissée et incomplète pour plaire aux interlocuteurs.
La mourouna (المرونة), c’est la souplesse. On peut choisir de réciter un verset abrogé mais pacifiste et on passe sous silence le verset abrogeant, agressif et belliqueux. Ainsi se comporte l’islam dans sa stratégie de conquête. Par exemple dans la sourate de la Vache, le verset: 256 qui dit : « Nulle contrainte en religion […] » est un verset abrogé.
L’islam pratique la takiyya dans un lieu où il considère qu’il n’a pas la liberté d’expression ni d’action. L’islam cite volontairement un fait ancien : sous le calife abbasside al-Ma’moun (786-833), soutien du mutazilisme (logique et rationalisme), des musulmans eurent recours à la takiyya face à des circonstances critiques où le calife voulait pousser les chefs religieux et les juristes à reconnaître, sous la menace du sabre, que le Coran est créé (al-Tabari). Ils ont donné alors leur accord par takiyya. De même, l’islam rapporte volontiers que, sous la domination du communisme sur les régions musulmanes de l’URSS, ceux qui ont pu échapper à la confiscation de leurs biens et de leurs mosquées sont ceux qui ont pratiqué la takiyya et qui ont montré de la souplesse en cachant leurs manifestations religieuses et en pratiquant les prières à leur domicile. On peut noter que les juifs d’Espagne ont utilisé aussi la dissimulation sous les rois catholiques pour garder leur foi sans risques. Les chrétiens sont peu enclins à dissimuler leur foi, ils n’acceptent pas de la renier, même si cela leur coûte très cher.
Les fondements coraniques de la takiyya
Pour justifier la takiyya, l’islam se fonde sur deux principaux versets :
– « Quiconque a renié Allah après avoir cru… – sauf celui qui y a été contraint alors que son cœur demeure plein de la sérénité de la foi – mais ceux qui ouvrent délibérément leur cœur à la mécréance, ceux-là ont sur eux une colère d’Allah et ils ont un châtiment terrible (Al-Nahl – Les abeilles 16 :106). »
– « Que les croyants ne prennent pas, pour alliés, des infidèles, au lieu de croyants. Quiconque le fait contredit la religion d’Allah, à moins que vous ne cherchiez à vous protéger d’eux. Allah vous met en garde à l’égard de Lui-même. Et c’est à Allah le retour (Âl-Omrân – La famille Omrân 3 :28.»
Les justifications de la takiyya dans le Hadith
« La guerre est une ruse » aurait dit Mohammad, rapporté par Al-Boukhari dans son Sahih, Vol 4, livre 52 hadith 269.
Le prophète a dit « Par Allah et s’il plaît à Allah! Je ne ferai pas un serment et trouvant ensuite qu’il y a mieux à faire, sans que j’expie ce serment et fasse ce qu’il vaut mieux». Sahih Vol 7, livre 67, hadith 427.
Mahomet lui-même ordonna à des gens de mentir. Lorsque des gens, à qui il avait ordonné d’aller tuer quelqu’un [Ka`b ibn Al-‘Achraf], lui dirent : «Nous ne saurions pas le tuer si nous ne lui mentons pas », il leur répondit : « D’accord, c’est bon, mentez ».
La justification de la takiyya par les juristes de l’islam
Nombreux sont les auteurs anciens de l’islam qui ont justifié le recours à la takiyya. Nous rapportons ici un choix de quelques citations tirées de 13 références (1) :
– « Nous sourions à pleines dents à des gens alors que nos cœurs les maudissent. »
– « Le bien, c’est la takiyya, le mal, c’est de parler. »
– « Rien n’est plus paisible à mes yeux que la takiyya, le paradis du croyant. »
– « La takiyya à laquelle s’oblige le fils d’Adam, Allah la rend licite. »
– « La takiyya est une cuirasse entre Allah et ses créatures… »
La takiyya chez les chiites duodécimains (2)
Les chiites au cours de leur histoire ont vécu dans un milieu politique et religieux qui leur était particulièrement hostile. Alors qu’ils étaient minoritaires dans l’islam (15%), ils ont été pourchassés par les Omeyyades (670-750) et par les Abbassides (750-1258) en tant que minorité hérétique de l’islâm, qui les appelait les « rawâfed » (ceux qui refusent la vraie religion, selon les sunnites). Cet antagonisme sunnites/chiites persiste et s’accentue de nos jours par la guerre indirecte entre les puissances sunnites (et à leur tête l’Arabie Saoudite) et la principale puissance chiite, l’Iran de la République Islamique.
Le concept de takiyya a été établi par Ja’far al-Sâdiq (mort en 765), le 6e imâm, chez les chiites, dans l’ordre de succession au 1er imam reconnu que fut Hassan, le fils du calife Ali, lui-même gendre du prophète, le mari de Fâtima.
La place de la takiyya est grande chez les chiites : « Elle fait partie de ma religion et de la religion de mes ancêtres. Celui qui ne pratique pas la takiyya n’a plus la foi » disait Ja’far al-Sâdiq. De même : « Si tu dis que celui qui abandonne la takiyya est comme celui qui abandonne la prière, tu auras raison.»
Le 7e imâm, Ismaïl, prit la tête des Septimains ou Ismaéliens et entama une lignée d’imams du « Satr », les « imâms cachés » (période d’occultation) (3) : ce fut pour les Ismaéliens une longue takiyya jusqu’à la fondation des Fatimides en Egypte (909-1171).
Les chiites cesseront d’avoir recours à la takiyya dès la réapparition d’al-Mahdi (2).
On constate que les chiites utilisent la takiyya principalement contre les sunnites. Mais rappelons que la takiyya a été pratiquée par le chiisme au 20e siècle en pays de « mécréants ». Réfugié en France en 1978, où la liberté d’expression était garantie, l’imam Khomeiny (1902-1989) poursuivit pourtant une activité politique à Nauphle-le-Château, avec la complicité de l’Etat français, malgré la mise en garde du président Giscard d’Estaing : « L’ayatollah Khomeiny est venu en France dans des conditions régulières, comme un étranger en résidence en France. Il lui a été indiqué à deux reprises que le sol de la France n’était pas un territoire d’où pouvaient être lancés des appels à des actions de violence. »
Khomeiny diffusait sous le manteau, via des cassettes, son appel à la révolution. On parlera même de « révolution des cassettes ». Mais il est était assez intelligent pour tenir un tout autre discours dans les médias français. Il était donc passé maître à cultiver la takiyya et à berner la presse et les intellectuels. Avec sa grande barbe et son discours spirituel modéré, on le présentait comme un chef religieux non-violent, un nouveau Gandhi, qui plaisait même à Michel Foucault, qui se fit grand défenseur de l’ayatollah et de la révolution islamique. On a vu la suite… C’est un exemple flagrant d’une takiyya qui a bénéficié de complicités politiques pour perdurer.
La takiyya chez les sunnites
Les sunnites critiquent les chiites pour la considération qu’ils portent à la takiyya. Ils citent Ibn Taymiyya (1263-1328) de l’école hanbalite qui dénonce les chiites : « Les rawâfed [les chiites] sont les plus ignorants dans les sectes et les plus menteurs. Ils sont les plus éloignés dans la connaissance de la tradition et du raisonnable. Ils considèrent la takiyya comme un des fondements de leur religion. Ils mentent tellement aux sunnites que seul Allah peut recenser leurs mensonges […]. Chez eux [les chiites], la takiyya est le slogan de l’hypocrisie, leurs langues disent autrement que ce qu’ils ont dans le cœur. C’est le vrai sens de l’hypocrisie.» On voit que les sunnites accusent les chiites d’afficher la doctrine des sunnites alors qu’ils la considèrent comme fausse, et de taire la doctrine chiite qu’ils considèrent comme la vraie doctrine.
Les savants sunnites déclarent que la takiyya est par principe interdite. Elle n’est licite qu’en cas de peur d’être tué, d’être amputé [d’un membre] ou d’une atteinte corporelle grave. La takiyya est donc pour eux une attitude passagère. Ils disent qu’elle n’est pratiquée qu’exceptionnellement s’il y a une impérieuse nécessité.
Le sunnisme considère que la takiyya ne se pratique que face aux « mécréants ». Pour al-Qaradawi, un ponce des Frères Musulmans, « La takiyya citée dans le Coran s’applique face aux mécréants et non face aux musulmans. » Cela explique le comportement actuel de l’islam en Occident qui est pour eux le pays de la « mécréance » par excellence.
Rappelons comme exemple probant que les intégristes sunnites, qui, en Allemagne, préparaient les attaques du 11 septembre 2001, ont utilisé la takiyya pour écarter les soupçons sur ce qu’ils tramaient : ils buvaient de l’alcool, mangeaient du porc, fréquentaient les boites de nuit.
La dérive de la takiyya islamique en Occident
Quand les musulmans protègent leur religion en la qualifiant de « religion d’amour, de tolérance et de paix », ils retirent la séparation, d’ailleurs fictive, entre takiyya et mensonge. Ils s’assurent par cette mention bidon l’endormissement des peuples des pays qu’ils convoitent. Quand Mennel assure : « Je prône un message d’amour, de paix et de tolérance […] » cela signe une takiyya.
Nous disposons à présent d’un document écrit top-secret (c’est déjà la takiyya) qui révèle la stratégie de l’islam dans le monde libre. Il s’agit d’un document, daté du 22 mai 1991, signé par Ahmad Akram, haut responsable des Frères Musulmans, mouvement fondamentaliste sunnite, et intitulé Mémorandum explicatif. Comme le mémorandum est sous-titré : But général stratégique de la Communauté en Amérique du Nord, il va de soi que ce projet se calque aussi sur la stratégie islamique en Europe.
La diffusion de ce document revient aux courageux Sylvain Besson du journal suisse Le Temps, qui publia un livre paru en France en 2005 sous le titre La Conquête de l’Occident, et Scott Burgess qui publia à Londres sur son blog, en 2006, The Daily Ablution (L’ablution quotidienne). Besson qualifia le projet des Frères Musulmans d’« idéologie totalitaire d’infiltration [encore de la takiyya] qui représente à terme le plus grand danger pour les sociétés européennes ».
Le fer de lance de l’islam sunnite en France est représenté par l’UOIF (Union des Organisations Islamiques en/de France) récemment débaptisée « Musulmans de France ». Ce camouflage (toujours de la takiyya) n’a pour objectif que de faire main basse sur tout l’islam en France, sans être mandaté. Mais la ficelle est trop grosse pour être crédible. Aucune nouvelle appellation de l’UOIF ne peut dissimuler ses objectifs et son appartenance aux Frères Musulmans. Quand il mue, le serpent change de peau mais reste un serpent.
Toute la stratégie de l’islam en France est takiyya : les Frères Musulmans, l’UOIF (Union des Organisations Islamiques en/de France) et les autres associations fondamentalistes, comme les salafistes quiétistes ou non, les tablighis, les milli-gorus turcs etc., peaufinent une image de modération (takiyya aussi) afin de se présenter aux pouvoirs publics comme fréquentables. Leur stratégie, in fine, n’est autre que celle d’al-Qaeda. La seule différence entre les deux visions est une question de timing. Les Frères Musulmans ne veulent pas engager un jihad au grand jour (toujours la takiyya) tant qu’ils ne sont pas en position de force et ils pratiquent un jihad de ruse, le stealth jihad (takiyya, bien sûr) alors qu’Al-Zawahiri, chef contesté d’al-Qaeda après la mort de Ben Laden, veut prendre l’Occident de front et vite. Les Frères Musulmans préfèrent prendre le temps d’infiltrer tous les rouages de la vie civile (par takiyya sûrement). En France, toutes les institutions publiques et privées sans exception, sous prétexte d’intégrer les gens issus de la « diversité », ont, de « leurs propres mains », aidé les Frères Musulmans à avancer dans leur projet d’introduire la charia dans nos pays et de réaliser ainsi leur rêve d’un califat mondial. L’Occident tente d’éradiquer le terrorisme à l’extérieur mais laisse le front intérieur à découvert – prélude au triomphe du projet des Frères Musulmans ? – tout en imposant dans les médias une chape de plomb d’autocensure pour ne pas avouer la réalité de la dérive qu’il ne veut ou ne peut plus maîtriser. La takiyya est un piège permanent qui nous est tendu, à nous, les « mécréants ».
De 2006 à 2017, nous avons eu l’émergence de l’Etat Islamique et de ses criminels fanatiques. S’ils ont perdu les territoires conquis en Irak et en Syrie, certains, par milliers, se sont maintenant repliés sous nos cieux et poursuivent leur action destructrice par takiyya de quoi poser un problème insoluble à notre gouvernement et aux services de sécurité.
Si nous sommes dans cette situation, c’est en raison de la lâcheté et de la connivence de nos gouvernants qui seront jugés devant le tribunal de l’Histoire.
La parole et l’action ne peuvent émerger que des peuples.
Bernard Dick
(1) NIZÂM ‘Abdallah, La Dissimulation (Takiyya) dans l’islam. Une étude comparative entre les huit écoles juridiques. Centre de développement de la pensée islamique. Beyrouth, 2014, p. 40-42.
(2) Les Duodécimains, tirent leur nom du « 12e imam (duodecim en latin), al-Mahdi, actuellement en occultation. Les fidèles attendent son retour à la tête de la communauté. Il la conduira contre ses ennemis et écrasera les forces du mal. La justice règnera alors sur le monde.
(3) DICK Bernard, L’ismaélisme précoce et la période du « Satr » à Salamiyya (Syrie) aux VIIIe et IXe siècles, Mémoire de maîtrise, Université Paris III, Sorbonne nouvelle, 2003-2004.