On le sait, le passage de Martine Ouellet au Bloc Québécois a causé passablement de remous; démission de sept députés du caucus sur dix, départ de la cheffe, hésitation puis retours des dissidents. Le parti demeure jusqu’à maintenant sans chef et semble désorganisé. Tout cela est déplorable et masque le bon travail effectué en Chambre par les dix députés bloquistes sur différents dossiers : chantier Davie, libre-échange, environnement, etc… Dans ce contexte on parle de refonder le Bloc Québécois. Cette refondation, toute nécessaire soit-elle, doit attendre après les prochaines élections fédérales.
Il faut voir la refondation du Bloc québécois dans un contexte plus global. Le mouvement indépendantiste semble être à un point tournant de son histoire. Même s’il est toujours aussi pertinent, il est appelé à être actualisé. Le Parti Québécois, suite à la déconfiture subie le 1er octobre dernier, s’inscrit dans cette démarche. Comme l’ont expliqué plusieurs députés péquistes réélus, le temps sera un allié. C’est pourquoi au Bloc québécois rien ne sert d’agir avec précipitation. L’épisode Martine Ouellet a été un véritable traumatisme pour la formation souverainiste et nous n’en sommes sortis que depuis quelques mois. Comme le PQ ne suggère de tenir sa prochaine course au leadership que dans deux ans, le temps de tenir une grande réflexion sur les orientations futures du parti, je propose de tenir cette réflexion au Bloc en même temps. Et si possible au même endroit.
Dans l’optique d’une union des forces indépendantistes, il faut que le Bloc et le PQ envisagent une refondation commune. La solution proposée récemment par un député de fusionner les forces indépendantistes serait possible en se limitant à ces deux formations. En assumant que les éléments de gauche radicale regroupés chez Québec Solidaire refuseront de participer à une telle fusion, le nouveau parti souverainiste serait susceptible de réunir une plus large coalition d’indépendantistes allant du centre-gauche au centre droit, ouvrant la voie à une véritable majorité parlementaire, tant à l’Assemblée nationale qu’à la Chambre des communes, de manière à rendre possible l’accession du Québec à son indépendance. La solution à notre question nationale deviendrait effectivement plus simple : un seul programme, un même objectif et une mission coordonnée à l’intérieur des parlements de Québec et d’Ottawa.
Dans cette perspective à moyen terme, comment aborder l’élection fédérale d’octobre 2019? L’échéance étant très rapprochée, il faut oublier une refondation précipitée qui serait par le fait même bâclée. Ce qu’il faut, c’est se choisir un chef charismatique qui pourra prendre sur ses épaules le parti actuel et le mener vers des gains électoraux. La situation en politique fédérale est propice à de tels gains : division du Parti conservateur en deux entités suite à la fondation du Parti Populaire de Maxime Bernier, très faible popularité du nouveau chef du NPD partout au pays, insatisfaction de beaucoup d’électeurs libéraux due à la nationalisation du pipeline Trans Mountain et à l’abandon des producteurs laitiers québécois par Justin Trudeau. Avec une telle division chez les partis fédéraux, le Bloc Québécois peut certainement espérer être un groupe parlementaire reconnu au matin du 22 octobre 2019. Tout va dépendre du chef que le parti va se donner. C’est à la suite d’une telle victoire que la refondation pourra être envisagée.
Dans ce contexte et avec une échéance électorale si rapprochée, il faut savoir gérer ses priorités. La refondation du Bloc peut attendre.
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