À entendre le député Denis Coderre, le gouvernement Harper aurait franchi les limites de l’indécence politique en nommant l’ex-ministre péquiste, Daniel Paillé, aujourd’hui professeur aux HEC de Montréal, pour examiner les pratiques des gouvernements en matière de sondages publics.
Depuis hier qu’il multiplie les entrevues sur le sujet, M. Coderre appuie lourdement sur le fait que M. Paillé est «un ancien ministre séparatiste» et «un ami de Jacques Parizeau», comme si cela le disqualifiait d’occuper quelque fonction que ce soit auprès du gouvernement fédéral.
En fait, ce que craignent surtout les libéraux, ce n’est pas tant M. Paillé lui-même, mais le fait que le gouvernement Harper donne suite à sa promesse électorale d’enquêter sur la pratique des sondages sous les libéraux. Des sondages qui coûtaient très cher et qui n’étaient parfois l’objet que d’un rapport verbal aux ministres, question de ne pas laisser de traces écrites et susceptibles d’être obtenues par la Loi d’accès à l’information ou autrement.
Les sondages sont, d’une certaine manière, le dernier chapitre du scandale des commandites. Cette partie cachée de l’iceberg qui n’a pas fait l’objet de l’enquête du juge Gomery, même si la Vérificatrice générale Sheila Fraser avait dénoncé ces pratiques dans un célèbre rapport.
Les libéraux ont bien raison de craindre que ce rapport tourne tout aussi mal pour leur image de marque que celui du juge Gomery. D’où la précipitation pour tuer le messager et discréditer d’avance son message.
Mais, en nommant un ancien ministre péquiste, le gouvernement Harper ne fait que suivre l’exemple du gouvernement de Brian Mulroney qui avait activement essayé de promouvoir une politique de «réconciliation nationale» en nommant des péquistes éminents à des postes élevés de l’appareil fédéral. Comme l’ancien ministre des Finances, Yves Duhaime, au Conseil d’administration de la Banque du Canada ou Denis de Belleval, comme président de Via Rail.
Ces gens n’avaient pas été nommés à ces postes parce qu’ils étaient péquistes, mais pour leurs compétences. Le message politique, cependant, était évident : le fait d’avoir été membre d’un gouvernement du Parti québécois ne doit pas disqualifier quiconque de travailler pour un gouvernement auquel, comme tous les autres citoyens, il paie ses taxes et impôts.
La même chose est vraie pour M. Paillé. Qu’il ait été un «ami de Jacques Parizeau» ne lui enlève aucune compétence et, dans un pays démocratique, elle ne devrait disqualifier personne de travailler pour le gouvernement du Canada.
Quoi qu’en dise M. Coderre…
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