Tentés par le vocabulaire adéquiste et péquiste qui fait recette auprès de l'électorat francophone, les stratèges du PLQ ont essuyé une rebuffade de leurs militants, hier, au conseil général du parti.
La présentation d'un groupe de travail sur l'identité et le fédéralisme, formé par Jean Charest en juin dernier et présidé par l'avocat Marc Tanguay, a tourné à la collision avec bien des libéraux d'origine étrangère.
Pour le groupe de travail, le Parti libéral doit proposer des gestes pour donner plus de chair à la reconnaissance du Québec comme nation. «"La reconnaissance de la nation québécoise doit avoir des suites concrètes», affirme le comité.
Pour rendre plus concrète la «nation civique» québécoise, le groupe propose des gestes dans le dossier linguistique, sur les questions constitutionnelles ainsi que dans le champ des relations internationales.
Après plusieurs interventions qui n'étaient pas sans rappeler les échanges entendus depuis quelques jours à la commission Bouchard-Taylor, les dirigeants du PLQ se sont inquiétés. Le président de l'association libérale de Chutes-de-la-Chaudière, Michel Bélanger, s'est précipité hors de la salle pour demander au président du parti, Marc-André Blanchard, d'intervenir. «C'est en train de virer comme la commission Bouchard-Taylor. Ça n'a plus de bon sens, il faut arrêter ça», a lancé M. Bélanger. Dans Chutes-de-la-Chaudière, on est particulièrement sensible au discours de l'ADQ. «On les a aux fesses depuis longtemps, chez nous», a-t-il dit.
Pour Benoît Pelletier, ministre des Affaires intergouvernementales canadiennes, ce débat sur les questions d'identité est sain. Si certaines personnes y ont vu un risque de clivage, «cela démontre l'importance de définir les termes et les concepts. Souvenez-vous, il y a quelques années, au PLQ, on débattait sur la reconnaissance des Québécois comme nation. C'est un débat accompli maintenant», a-t-il souligné.
Les membres du comité qui soumettront en région le résultat de leurs réflexions «devront recentrer leur document sur l'adhésion du Québec au Canada, sans négliger l'importance de revenir à une approche centrée sur l'identité du Québec», a dit M. Pelletier.
Devant les 600 délégués au conseil général, plusieurs libéraux d'origine étrangère ont toutefois mis en garde leur parti contre la tentation du discours identitaire de l'ADQ et du PQ.
La série d'interventions, hier après-midi, ne laissait pas de doute sur les réticences des militants à voir leur parti jongler avec le «nous» et les questions d'identité, un débat qui semble appartenir depuis quelques mois à Mario Dumont et à Pauline Marois.
Pour l'avocat Marc Tanguay, il ne s'agissait que de propositions en vue des discussions à venir d'ici la fin octobre en région. «La nation qu'on met de l'avant est civique, pluraliste. Elle inclut tous les Québécois de toutes les origines», a-t-il dit.
N'empêche que la direction du PLQ a refusé de distribuer aux journalistes les propositions écrites du groupe de discussion, qui avaient pourtant été présentées sur écran.
Militante de La Pinière, Linda Caron a sonné l'alarme: «Dans un débat qui peut devenir hautement émotif, il faut faire attention aux mots qu'on utilise. Le PLQ vise une société pluraliste. Quand on parle de l'autre, il y a toujours un "nous" supérieur qui est sous-entendu.»
L'inquiétude palpable
Les problèmes du PLQ dans l'opinion publique mobilisent les conversations de corridor. Déjà, certains prédisent que Jean Charest aura des problèmes à obtenir un score impressionnant au vote de confiance de ses membres, au congrès de mars 2008.
Les associations de circonscription où il a rétrogradé des ministres ne lui donneront aucun appui, prédit-on.
Pour Pierre Paradis, député de Brome-Missisquoi, le retour de John Parisella et de Michel Bissonnette au PLQ est une bonne nouvelle. «Ils peuvent aider à trouver de nouvelles idées, et ils peuvent aider à communiquer les idées du parti», a-t-il dit.
Pour Marc-André Blanchard, il est vrai que les militants libéraux «sont inquiets». «Ce n'est pas le bruit des sondages, on est immunisés, mais il y a eu des erreurs en campagne électorale qui ont été reconnues», résume-t-il. Des idées proposées par la base militante du PLQ ne se sont pas transformées en engagements pendant la campagne libérale, «parce que les ministres avaient des réticences». «Le soir des élections, c'est ce que m'a dit Jean Charest, il faut redonner une voix au parti», a dit M. Blanchard. Il devait quitter son poste au congrès de février dernier, il poursuivra jusqu'au prochain, en mars.
Pour Claude Béchard, «au chapitre des idées, le parti n'a pas été à la hauteur dans les dernières années». Comme Pierre Paradis, il voit une «volonté de rebâtir» quand il voit réapparaître des John Parisella et Michel Bissonnette.
CONSEIL GÉNÉRAL DU PLQ
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