Un texte que j’ai écrit en 2008...
Au dernier Festival de jazz, Montréal a célébré l’un de ses fils chéris : Leonard Cohen.
Il était temps !
Car même s’il passe la majorité de son temps à l’extérieur de la métropole, Cohen est aussi Montréalais que les bagels, le smoked meat et la Sainte Flanelle.
TOUT EST RELATIF
L’œuvre de Cohen (considéré par la plupart des artistes comme le plus grand auteur-compositeur vivant) est monumentale.
Mais une chanson en particulier me jette sur le cul chaque fois que je l’entends : The Future, qu’il a écrite en 1992.
À mon humble avis, c’est un poème génial qui capte parfaitement notre époque.
De quoi parle The Future ? Du relativisme culturel dans lequel l’Occident patauge depuis quelques années.
Vous savez, cette idée voulant qu’il n’y a plus de bonnes et de mauvaises valeurs, objectivement parlant. Tout s’équivaut, tout est bon, tout est sur le même pied d’égalité.
On ne peut plus porter un jugement sans passer pour un raciste, un macho, un snob. La burka n’est pas plus oppressive que le crucifix, le rap a autant de valeur artistique que la musique classique, il n’y a aucune différence entre les États-Unis et l’Iran, Bush et Hitler, Oussama Ben Laden et Che Guevara.
PLUS DE RÈGLE
« Things are going to slide in all directions / There won't be nothing, nothing you can measure anymore... »
Les choses vont glisser dans toutes les directions, et l’on ne pourra plus rien mesurer, car il n’y aura plus de règle sur laquelle tout le monde s’entend.
Tout va devenir relatif, tout va être une question de points de vue. On va pouvoir dire que les femmes qui portent un t-shirt bedaine sont aussi opprimées que les femmes qui portent un hidjab, personne ne va nous ramener à l’ordre, personne ne va nous traiter d’imbécile, cette comparaison boiteuse et complètement fausse va passer comme du beurre dans la poêle...
De même, vous pourrez comparer le Hezbollah au FLQ, Israël à l’Allemagne nazie, Sarkozy à Napoléon, les terroristes d’Al-Qaïda aux soldats de l’Armée américaine, pas de problème, c’est ton point de vue, t’as le droit de t’exprimer, tout est cool, tout est chill...
L’ORAGE DANS NOTRE TÊTE
« The blizzard of the world / has crossed the threshold / and it has overturned the order of the soul... »
La tempête du monde a traversé le seuil de notre porte et a mis notre âme sens dessus dessous...
Le chaos qui fait rage dehors est si fort qu’il a foutu en l’air notre tranquillité d’esprit. Nous sommes rongés par la peur, la paranoïa, l’angoisse.
En quelques mots, Cohen brosse un portrait implacable du désarroi qui nous habite tous. Notre âme est à l’envers, et on se bourre de pilules pour essayer de la remettre à l’endroit.
« Give me back the Berlin wall / Give me Stalin and St Paul / Give me Christ or give me Hiroshima... »
On croyait s’être débarrassé des idéologies meurtrières. Faux : elles reviennent en force, plus sanguinaires que jamais.
L’homme du XXIe siècle se sent tellement vide qu’il est prêt à avaler n’importe quel dogme pour se sentir plein à nouveau.
Si ce n’est pas un chef-d’œuvre, les amis, je me demande ce que c’est...
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