Depuis le temps qu’on se fait baiser, on est devenu habitué aux crosses.
Mais celle dévoilée par l’émission Enquête cette semaine est dans une catégorie à part.
CATÉGORIE A
On ne parle plus d’un mononcle bedonnant qui va aux bécosses pour cacher une liasse de billets dans son bas.
Ni d’un échange d’enveloppe brune dans un resto italien.
Non, monsieur. Mais d’une crosse avec un grand C. La plus importante fraude dans une société d’État au Québec et peut-être même au Canada.
Des transactions immobilières douteuses, des prolongements de baux suspects, des millions de dollars qui transigent dans des comptes en Suisse, en Belgique et aux Bahamas, des solliciteurs de fonds du Parti libéral qui s’en seraient mis plein les poches...
Une arnaque de catégorie A, préparée avec soin par des professionnels.
De quoi faire pâlir d’envie les gars d’Ocean’s Eleven.
« ÇA NE M’INTÉRESSAIT PAS... »
Et tout ça s’est passé au nez et à la barbe de nos politiciens et de nos hauts fonctionnaires.
Il faut dire que personne ne semblait s’intéresser à ce qui se passait à la Société immobilière du Québec. Ses dirigeants étaient laissés à eux-mêmes et pouvaient piger dans le plat de bonbons tant qu’ils le voulaient, sans rendre de compte à qui que ce soit.
Même Monique Jérôme-Forget, qui était la ministre responsable de la SIQ, se foutait totalement de ce qui se tramait dans les murs de la société d’État.
Vous avez entendu ses propos? Hallucinant.
«Sincèrement, ça ne m’intéressait pas. Peut-être que ça aurait dû m’intéresser. Moi, Monique Jérôme-Forget, la SIQ ne m’intéressait pas...
«Peut-être que je ne devrais pas dire ça, mais aller au conseil d’administration de la SIQ, ce n’est pas prestigieux. Ça n’a pas d’envergure. Aller m’intéresser aux édifices du gouvernement. Voyons. Zéro intérêt.
«Les gens qui siégeaient sur le CA de la SIQ étaient une gang de pas bons. Les gens qui sont bons, qui connaissent la construction, la location, ne veulent pas aller à Québec à la SIQ.»
Résultat: le bar de la SIQ était ouvert, et tout le monde se servait, pendant que la ministre responsable s’intéressait à des dossiers plus «dignes» de sa fonction.
Ben coudonc.
Avec des ministres responsables comme ça, on est en business!
Voici la définition du mot «responsable» dans le dictionnaire Larousse: «Qui doit rendre compte devant une autorité de ses actes ou de ceux dont il a la charge.»
«Ça ne m’intéressait pas» n’est pas une excuse.
Ni «Je le savais pas» ou «Ce n’était pas assez prestigieux pour que je daigne m’y intéresser».
T’es ministre responsable ou bedon tu l’es pas.
UN ORGANISATEUR DE COUILLARD
Et qui paie pour ce cambriolage «propre»?
Bien, nous, voyons.
Parmi ceux qui auraient profité de ces malversations, il y a William Bartlett, ex-organisateur de Philippe Couillard.
«Il ne faut pas faire de tentatives de culpabilité par association», s’est défendu le premier ministre.
Effectivement. Tout comme il ne faut pas rendre monsieur Couillard responsable des actes posés par Arthur Porter.
Mais peut-on lui suggérer de mieux choisir ses amis et collaborateurs?
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