Faut-il devenir parano?

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La liberté ? Quelle liberté ?






Quand je suis allé voir la première du film Snowden, sur le célèbre lanceur d’alerte, j’ai pu voir, en complément de programme, une conversation entre le réalisateur Oliver Stone et Edward Snowden lui-même.


Cette conversation, projetée sur écran géant, se déroulait en temps réel, au moment même où je la regardais.


Stone était aux États-Unis, et Snowden quelque part en Russie, où il vit en exil depuis juillet 2013.


THÉORIES DU COMPLOT ?


«Que peuvent faire les gens pour mieux protéger leur vie privée?» de lancer le modérateur à Snowden.


«Ils peuvent commencer par mettre un diachylon sur la webcam de leur ordi lorsqu’ils ne l’utilisent pas, a répondu Snowden. Car des hackers ou des agents du gouvernement peuvent utiliser cette webcam pour les surveiller... Même si la lumière sur votre ordi indique que votre webcam est éteinte, elle peut être utilisée pour vous espionner.»


Complètement parano, ai-je lancé à ma blonde en sortant. Le pauvre gars a vu trop de films d’espionnage, il croit aux théories du complot.


Eh bien, après ce qui est arri­vé à mon ancien complice des Francs-Tireurs, je commence à croire que la paranoïa est peut-être une forme de lucidité.


Quelle histoire abracadabrante, quand même!


Non seulement la SQ a-t-elle déjà suivi notre reporter Éric-Yvan Lemay et effectué une perquisition à son domicile pendant qu’il déjeunait avec sa famille...


Non seulement la SQ a-t-elle effectué une perquisition dans les locaux du Journal et saisi l’ordinateur de notre reporter Michaël Nguyen...


Mais le SPVM a espionné Patrick Lagacé pendant plusieurs mois par le biais de son téléphone cellulaire!


Grâce à des juges de paix qui ont autorisé 24 mandats de surveillance!


QUELS COURS THÉORIQUES ?


Coudonc, on vit où, là?


Dans une république de bananes? Dans un pays du Bloc de l’Est en 1955?


Et si Patrick (que je n’ai jamais vu en train de prendre la moindre substance illicite, mais on parle pour parler) avait, je ne sais pas, moi, appelé un pusher connu des policiers pour acheter du pot, la police aurait fait quoi, avec cette information?


L’aurait-elle refilée à quelqu’un?


Comme je l’ai écrit pour l’affaire Nguyen, si des gens qui ont été témoins de malversations acceptent de donner des informations à un journaliste, c’est parce qu’ils savent que leur nom ne sera JAMAIS dévoilé.


S’ils pensent que leur identité risque d’être révélée, ils vont garder le silence et ce sera la fin du journalisme d’enquête.


Comme vous le savez, pour l’émission J.E., j’ai récemment participé à une séance de formation de la SQ.


C’était une formation pratique, où l’on apprend aux policiers à intervenir avec le maximum de tact, d’intelligence et d’efficacité dans des situations de crise.


Mais ce que j’aimerais savoir, aujour­d’hui, c’est quel genre de cours théoriques on donne aux futurs policiers.


Leur parle-t-on de démocratie, de liber­té de la presse, de respect de la vie privée?


MANQUE DE JUGEMENT


Et je suis peut-être naïf, mais les juges ne sont-ils pas censés faire preuve, justement, de jugeote?


Je ne suis pas paranoïaque. Je n’aime pas les théories du complot.


Mais je trouve ce genre d’histoire dérangeant et inquiétant.



 




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