La police de Montréal refuse de dire aux élus montréalais si elle utilise les fameux «Stingray», ces appareils qui permettent d’épier à distance les communications cellulaires.
Le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) n’a pas voulu répondre à une question du conseiller municipal Marvin Rotrand à ce sujet, prétextant que cela pourrait «révéler des techniques d’enquête».
Une demande faite par Le Journal a abouti à la même réponse. Le SPVM ne voulant ni «confirmer [ni] infirmer» l’acquisition ou l’utilisation de ces appareils, dont le vrai nom est «intercepteurs d’IMSI».
«C’est inquiétant. Le service de police dit: “On refuse de vous dire si on le fait, mais faites-nous confiance”. Mais c’est à nous, les élus, de nous assurer que la loi est respectée par les forces de l’ordre», déplore Marvin Rotrand.
Selon lui, la réponse transmise laisse croire que le SPVM utilise la technologie.
La semaine dernière, le Toronto Star dévoilait que la police de la Ville Reine avait fait l’acquisition d’au moins un intercepteur d’IMSI.
Le SPVM invoque même la Loi sur l’accès aux renseignements des organismes publics pour refuser de répondre.
Depuis 2015, la police de Toronto avait évoqué des raisons similaires avant d’être forcée par un tribunal de répondre au Toronto Star.
Aussi les textos et courriels
Les Stingray imitent une tour de téléphonie cellulaire et permettent aux policiers d’intercepter toutes les communications mobiles d’un secteur.
Les messages textes, courriels et conversations téléphoniques peuvent ainsi être recueillis.
L’utilisation massive d’intercepteurs d’IMSI, faite par la police de New York, a d’ailleurs été déclarée inconstitutionnelle en 2017.
Le porte-parole de l’opposition en matière de sécurité publique, Abdelhaq Sari, s’inquiète aussi du silence de la police.
«Si le SPVM utilise les Stingray, c’est le droit de tout citoyen de le savoir», juge-t-il.
Le directeur des communications de l’administration Plante, Youssef Amane, indique pour sa part qu’il est «normal que le SPVM ne divulgue pas ce genre d’information».
MM. Rotrand et Sari croient plutôt que les citoyens ont le droit de remettre en question l’utilisation d’une telle technologie.
Surtout que leurs communications pourraient être stockées par le SPVM.
«Le SPVM dit qu’il respecte la vie privée, mais on n’a aucune idée de ce qui est fait avec les données», ajoute M. Rotrand.