Qui a peur de Nathalie Normandeau? De toute évidence, pas mal de monde, tous partis confondus. Bientôt de retour à la radio privée suivant son congédiement d’une autre station après son arrestation par l’UPAC, aucun élu de l’Assemblée nationale n’entend lui accorder la moindre entrevue.
Que les partis d’opposition en profitent pour brandir les fantômes troubles de l’ère Charest est de bonne guerre. Il n’en reste pas moins qu’au-delà de la joute partisane, la gravité des accusations portées contre elle – complot, fraude, corruption et abus de confiance – enlève toute crédibilité à son retour hâtif en ondes.
Pestiférée même aux yeux de ses ex-collègues libéraux, l’ancienne vice-première ministre de Jean Charest devient aussi radioactive qu’une centrale nucléaire.
Or, à l’autre extrême, Philippe Couillard n’avait pourtant pas hésité une seconde à défendre l’«intégrité» de son «ami» Sam Hamad, soupçonné de trafic d’influence dans une histoire de subventions révélée par l’émission Enquête.
Paradoxe révélateur
Il est vrai que, contrairement à Mme Normandeau, l’ex-ministre Hamad n’est accusé de rien. La bienveillance dont M. Couillard honore encore M. Hamad, pendant que la «présomption d’innocence» fout le camp au gouvernement pour Mme Normandeau, laisse néanmoins songeur.
Le paradoxe est fascinant et révélateur. Il témoigne d’une certaine inquiétude chez les libéraux. À savoir que, malgré leur sentiment d’invincibilité électorale nourri par une division persistante du vote francophone, l’impact à terme des rafles de l’UPAC leur est encore impossible à prédire.
Ce qu’ils savent, par contre, est qu’accorder une entrevue à Nathalie Normandeau serait l’équivalent, pour eux, de se tatouer par association le mot «corruption» sur le front.
La perquisition toute récente de l’UPAC dans les locaux de Schokbéton, où officiait Marc Bibeau, le mystérieux «grand argentier» de Jean Charest, vient aussi leur rappeler que plusieurs enquêtes sur le financement politique illégal sont toujours en cours.
Pour la même raison, après avoir longtemps «opéré» sans contraintes comme organisateur libéral et collecteur de fonds, l’ex-ministre Marc-Yvan Côté – un des coaccusés de Mme Normandeau – est dorénavant aussi pestiféré chez les libéraux qu’il leur fut profitable jusque sous M. Charest.
Problème corsé
Jugé pourtant indispensable au PLQ même après son expulsion à vie du PLC pour financement illégal – y compris par son ami Sam Hamad et Mme Normandeau –, le «beu de Matane» porte à son tour les stigmates de l’UPAC.
Marc-Yvan Côté a néanmoins l’avantage de ne pas animer une émission de radio à Québec.
Nul besoin pour les libéraux de le renier trois fois. Son arrestation suffit.
S’agit seulement de ne pas prendre l’apéro en sa compagnie sur la Grande Allée.
Le retour de Nathalie Normandeau à la radio leur pose un problème autrement plus corsé.
Parlera-t-elle «politique»? Si oui, la pestiférée sera-t-elle tentée, en ondes, de servir la même médecine à son ex-famille politique?
Pour le gouvernement, la question se pose.
D’autant plus que Mme Normandeau en a sûrement pour des années à devoir «gagner sa vie» en attendant un éventuel procès...
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