Au point où si rien ne réussit à stopper la saignée d'ici la prochaine élection, il devra envisager la possibilité de subir un sort comparable à celui du Bloc.
Vivotant autour des 18% dans les sondages dès qu'on y ajoute le nom de François Legault, le Parti québécois est en chute libre.
Même Jean Charest - sachant qu'on ne tire pas sur une ambulance - s'en prend dorénavant beaucoup plus à François Legault qu'au PQ...
De toute évidence, le chemin de croix de Pauline Marois est loin d'être terminé. Nonobstant les promesses de loyauté de ses députés restants et ses propres concessions obligées.
Pendant ce temps, quatre de ses députés démissionnaires - Pierre Curzi, Jean-Martin Aussant, Louise Beaudoin et Lisette Lapointe - promettent de se faire visibles et audibles. Le départ de Mme Lapointe signalant à lui seul un divorce politique douloureux entre son mari Jacques Parizeau et Mme Marois.
Pendant que M. Aussant réfléchit à la possibilité de créer un nouveau parti, M. Curzi sollicite carrément le poste de Mme Marois si elle quittait, sans que personne n'ose même s'en formaliser...
Bref, une course informelle pour sa succession est ouverte.
Certains rêvent de l'arrivée de Gilles Duceppe pendant que des députés péquistes sentent le besoin, disent-ils eux-mêmes, de "sauver" leur parti en pondant un modèle démocratique "parfait" pour faire de la politique "autrement"...
Et enfin, même en plein été, des centaines de personnes ont assisté à la création du Nouveau Mouvement pour le Québec (NMQ) de Jocelyn Desjardins - un groupe intergénérationnel d'indépendantistes farouchement opposés à la fameuse "gouvernance souverainiste" de Mme Marois dont l'objectif est de rapatrier certains pouvoirs d'Ottawa si elle prend le pouvoir.
Or, la véritable source de cette crise est plus profonde encore.
Face à la montée de M. Legault et l'anéantissement du Bloc, autant les députés démissionnaires que M. Parizeau, militants et intellectuels déçus du PQ, envoient le même message.
Soit qu'ils en ont ras-le-pompon de voir le PQ, depuis le dernier référendum, remettre aux calendes grecques la promotion active de la souveraineté et l'engagement à tenter de la réaliser une fois au pouvoir.
Le bris de confiance est tel que tout ce beau monde réclame des États généraux sur la souveraineté.
Ayant perdu l'autorité que lui conféraient auparavant des sondages favorables, Mme Marois se voit obligée d'approuver l'idée. Même si elle risque d'y voir passer à la moulinette sa "gouvernance souverainiste" et qui sait, son propre leadership.
La réalité pure et simple est que ces États généraux auront comme conséquence de placer Mme Marois et le PQ lui-même sous la "tutelle" de tous ces groupes, ex-députés et militants inquiets de la suite des choses.
Du jamais vu dans l'histoire du PQ.
Il va sans dire que toutes ces discussions vues par plusieurs comme étant déconnectées de la réalité ne feront rien pour attirer un électorat déjà fatigué de sa classe politique.
Après tout, comme Machiavel l'a si brillamment écrit: "Une multitude tumultueuse est plus nuisible qu'utile à la guerre, parce que le plus léger bruit, un mot, un souffle suffisent pour la mettre en désordre..."
Et donc, pour le PLQ, c'est un cadeau tombé du ciel. À moins que M. Legault ne le lui ravisse le soir de l'élection...
Quoique l'important à terme pour messieurs Charest, Legault et le milieu des affaires dont ils sont les dignes porte-voix, c'est qu'après la décapitation du Bloc, le PQ mange sa propre raclée à la prochaine élection.
Ainsi, avec un François Legault et un Parti libéral parfaitement muets sur le front constitutionnel, c'est toute la question nationale qui pourrait enfin prendre le chemin des oubliettes de l'Histoire...
Un coup de poing sur la table péquiste
Il existe toutefois une autre manière de voir les événements actuels. De fait, pour plusieurs souverainistes déçus, cette crise est d'une autre nature.
Ils la vivent surtout comme un grand coup de poing sur la table péquiste. Un moment de vérité.
Pour reprendre ce terme remis à l'ordre du jour par Jack Layton, leur "espoir" est que de la division actuelle et des échanges aux allures ésotériques pour les non-initiés, émergeront un jour une clarté et une détermination nettement plus marquées dans le projet d'indépendance que celles défendues par le PQ depuis 1996.
Que ce soit en créant un nouveau parti ou en réinvestissant le PQ après la prochaine élection. S'il en reste quelque chose.
C'est évidemment un sacré coup de dés. Un pari presque impossible alors que les Québécois sont de plus en plus nombreux à penser que la souveraineté ne se fera jamais. Même parmi ceux qui la souhaitent...
Or, le fait est que l'espoir de renverser un jour cette tendance est ce qui anime avant tout plusieurs qui, dans le mouvement souverainiste élargi, jeunes et moins jeunes, sont dorénavant les "tuteurs" politiques du PQ et de Mme Marois...
La mise sous tutelle
La crise qui perdure au PQ est la plus périlleuse de son histoire.
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