Isabelle Paré - Même si un rapport de la Ville de Montréal attribue une valeur patrimoniale, historique et culturelle indéniable à l'église du Très-Saint-Nom-de-Jésus (TSNJ) et à ses orgues, la ministre de la Culture, Christine St-Pierre, refuse d'accorder toute aide d'urgence pour éviter la vente du bâtiment et de l'instrument convoité par plusieurs acheteurs.
Hier, le comité de sauvegarde de l'église TSNJ a annoncé que la rencontre survenue le 21 juin dernier avec des représentants du ministère de la Culture pour obtenir un fonds discrétionnaire de 50 000 $ pour chauffer l'édifice l'hiver prochain s'était soldée par un échec.
Le diocèse de Montréal a maintenant sur la table une offre d'achat ferme d'un million de la part du diocèse de Toronto, fortement intéressée par ses orgues. L'église ontarienne est prête à allonger cette somme et à en dépenser autant pour assurer le démantèlement et le déménagement de l'instrument majestueux vers la Ville reine. En dépit de cette offre alléchante, le diocèse de Montréal a consenti la semaine dernière à retarder la transaction pour laisser le temps au ministère de la Culture et au comité de sauvegarde de s'entendre sur un projet de revalorisation de l'église TSNJ.
«On est au point zéro. L'archevêché avait même accepté un moratoire, mais le ministère nous a traités de façon cavalière dans ce dossier. On voit bien que la ministre n'a aucune sensibilité», a déploré Carole Poirier, députée de la circonscription d'Hochelaga-Maisonneuve et membre du comité de sauvegarde.
À Québec, l'attachée de presse de Mme St-Pierre affirme que la ministre de la Culture ne dispose pas des sommes réclamées d'urgence pour entretenir l'église. «On ne peut pas donner 50 000 $ en fonds discrétionnaires. Il s'agit d'une somme beaucoup trop importante», a dit Valérie Rodrigue, ajoutant que l'église n'était ni classée ni citée pour l'instant. La ministre de la Culture se dit prête à se pencher sur le dossier seulement quand un projet concret de conversion et de financement de l'église sera présenté.
Déception
Le maire de l'arrondissement Hochelaga-Maisonneuve, Réal Ménard, s'est dit fort déçu hier puisque la ministre laisse à la communauté l'entière responsabilité de payer pour l'entretien et le chauffage de l'immeuble afin de sauver son église. Si l'argent n'est pas au rendez-vous, le diocèse a averti qu'il ira de l'avant avec la vente de l'instrument. «50 000 $ pour un quartier comme Hochelaga-Maisonneuve, c'est énorme. Mais pour le ministère de la Culture, ce n'était pas déraisonnable. Mais on ne va pas abandonner. On espère amasser des sommes cet automne grâce à des concerts-bénéfices», a dit hier M. Ménard.
En 1996, les citoyens d'Hochelaga-Maisonneuve avaient réussi à payer une partie de la restauration du fameux orgue monumental fabriqué par Casavant en récoltant 50 000 $. «On l'a sauvé à coups de 2 $ à droite et à gauche, cette église-là. Je ne peux pas croire que Québec ne peut rien faire pour aider notre communauté», a déploré hier Robert Cadotte, qui se désole du non catégorique servi par la ministre. «La ministre refuse une collaboration élémentaire, soit le soutien minimal nécessaire pour présenter un projet», dit-il.
Sauvegarde de l'église et des orgues du Très-Saint-Nom-de-Jésus
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