ROBERT BURNS 1936-2014

La Loi sur le financement politique perd son parrain

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Un vrai !

La Loi sur le financement des partis politiques a perdu son parrain, et la démocratie québécoise un grand défenseur. L’ancien ministre et avocat Robert Burns est décédé jeudi, à l’âge de 77 ans. Il était atteint d’un cancer.
Le Parti québécois (PQ) a confirmé la nouvelle vendredi après-midi. « Robert Burns a consacré sa vie à la défense des droits des travailleurs, a souligné le chef intérimaire du PQ, Stéphane Bédard. Nous perdons aujourd’hui un homme de droit et un homme politique engagé. »
« C’était un gars sincère, engagé et très ouvert aux autres, a commenté Gilles Duceppe. Et c’était un excellent avocat, vraiment. » L’ancien chef bloquiste a fait ses débuts en organisation politique aux côtés de M. Burns, en 1970.
Dans une entrevue publiée sur le site de l’Assemblée nationale, Robert Burns raconte qu’il s’était lancé en politique « à reculons », courtisé par des militants du PQ qui voulaient bloquer la voie à Marcel Chaput (un ex du Rassemblement pour l’indépendance nationale). À l’époque, M. Burns était directeur du service juridique de la CSN.
Les bons liens de Robert Burns avec le mouvement syndical ont facilité son élection dans Maisonneuve en avril 1970. Il a ainsi fait partie du premier groupe de députés — sept — du PQ à l’Assemblée nationale, avec Claude Charron et Camille Laurin. Une équipe « complètement en dehors du pattern », se rappelait-il en 2006.
Robert Burns est rapidement devenu un bon débatteur en Chambre, maîtrisant tôt les règles parlementaires. « Je me suis senti à l’aise dans ce contexte », disait celui qui sera leader parlementaire du PQ entre 1970 et 1978.
Mais c’est son passage comme ministre d’État à la Réforme électorale et parlementaire dans le premier cabinet Lévesque qui marquera les esprits. À ce titre, Robert Burns est chargé de parrainer la Loi sur le financement des partis politiques, une législation phare à laquelle tenait mordicus René Lévesque.
L’idée était « d’empêcher du financement qui pourrait lier les partis », expliquait-il alors. « Nous voulions confier à l’électeur le soin de contribuer aux partis. » « Cette grande loi a fait la fierté des Québécois, a soutenu Stéphane Bédard vendredi. Héritage inestimable, elle fut une étape importante de l’assainissement des mœurs politiques au Québec et de la lutte contre la corruption. »
En 1978, un infarctus avait incité M. Burns a abandonné ses fonctions de leader. Un an plus tard, il quittait la politique — non sans avoir réussi à imposer la télédiffusion des travaux de l’Assemblée nationale. Il a ensuite été juge au Tribunal du travail (entre 1980 et 2001). Vendredi, la FTQ a salué un ardent « défenseur des droits des travailleurs ».
Ses relations avec René Lévesque ont été « compliquées », reconnaissait Robert Burns en évoquant un rapport « amour-haine ». « J’avais beaucoup d’admiration pour lui, mais j’ai souvent réprouvé ses hésitations sur les questions importantes, comme l’accession à l’indépendance du Québec. Des fois, il était plus tiède et pensait qu’on devrait en parler moins. Moi, j’ai toujours pensé qu’un parti qui défend une idée aussi importante doit en parler constamment. »
Un débat qui, encore aujourd’hui, divise le mouvement souverainiste…


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