Sondage Léger: creux historique pour le PQ

Le parti glisse au 4e rang chez les moins de 45 ans

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Mesure de la faillite du leadership de Pauline Marois

La dure défaite encaissée par le Parti québécois le 7 avril annonçait des lendemains difficiles pour la formation politique. Ceux-ci se révèlent pleinement entre les lignes d’un nouveau sondage Léger-Le Devoir, qui montre un effritement historique des appuis du PQ. Le parti est ainsi complètement largué par les moins de 45 ans.

En 28 ans de carrière dans les sondages, Jean-Marc Léger n’a « jamais vu ça » : selon son coup de sonde réalisé les 7 et 8 mai, le PQ n’aurait récolté que 19 % des appuis si des élections avaient eu lieu cette semaine. Un résultat bon pour une troisième place. La Coalition avenir Québec (CAQ) est maintenant deuxième (27 %), alors que les libéraux sont toujours loin devant (40 %). Québec solidaire ferme la marche avec 11 %.

Le parti d’une génération ?

Ces résultats montrent que la tendance observée dans les derniers jours de la campagne électorale s’est accentuée. « Si l’élection avait été une semaine plus tard, la CAQ passait devant le PQ », note Jean-Marc Léger, président de la firme de sondage. Au soir du 7 avril, le Parti libéral a obtenu 42 %, le PQ 25 %, la CAQ 23 % et QS 8 %. Le pire résultat électoral du PQ a été enregistré en 1970 (23 %).

Les résultats détaillés montrent l’ampleur de la côte à remonter pour le PQ. Ainsi, chez les francophones, le parti est troisième (23 %) derrière la CAQ (33 %) et les libéraux (29 %). Même chose en ce qui a trait au vote des femmes (17 %).

Pire : le Parti québécois est désormais le quatrième choix des électeurs de moins de 45 ans. Québec solidaire recueille en effet plus d’appuis dans les échantillons basés sur l’âge des répondants. Il n’y a que les 55-64 ans qui sont plus réceptifs au message péquiste. « Une question s’impose clairement, dit Jean-Marc Léger : est-ce que le PQ a été le parti d’une génération ? »

La conjoncture — défaite récente, parti sans chef — explique une partie des résultats de ce sondage [quoique le Bloc québécois n’avait pas perdu de points dans le premier sondage suivant sa débandade électorale, en mai 2011]. Mais il y a plus, dit M. Léger. « C’est normal que le parti descende un peu, mais pas aussi rapidement. C’est comme si les gens sentaient que le parti a perdu son âme : on entend des militants et des députés renier la charte de la laïcité, renier l’ancienne chef, renier la démarche constitutionnelle… »

Autre résultat peu encourageant pour le Parti québécois : moins d’un tiers (32 %) des répondants du sondage aurait voté pour la souveraineté du Québec si un référendum avait eu lieu dans les derniers jours. « C’est faible, remarque M. Léger. On a souvent des appuis autour de 40 % en posant cette question. » Et même si le PQ faisait la promesse de ne pas tenir de référendum dans un premier mandat, il ne profiterait « d’aucun impact positif », indique M. Léger.

Duceppe en avance

Le prochain chef du PQ aura donc quelques kilos de pain sur la planche lorsqu’il sera nommé. Or, c’est Gilles Duceppe qui a le plus de chance d’être élu, selon ce que disent les répondants du sondage. Pierre Karl Péladeau est l’autre nom qui ressort du bassin de prétendants.

Chez les péquistes sondés, M. Duceppe obtient ainsi 26 % d’appuis, devant M. Péladeau (21 %). Les anciens ministres Sylvain Gaudreault (10 %), Bernard Drainville (9 %), Jean-François Lisée (9 %) et Véronique Hivon (6 %) suivent. Lorsqu’on prend en compte tous les répondants du sondage, M. Duceppe obtient 21 %, M. Péladeau 13 %, Véronique Hivon 7 %, et les trois autres 4 %.

Dirigé par Gilles Duceppe, le Parti québécois ferait un bond de 10 points dans les intentions de vote et reprendrait le deuxième rang (29 % au lieu de 19 %). Avec PKP aux commandes, le bond serait de 4 points. Véronique Hivon aurait un impact statistiquement nul (+1 %), alors MM. Lisée et Drainville feraient reculer le PQ à 16 %. Ces résultats sont cohérents avec ce qu'enregistrait CROP il y a dix jours.

Les libéraux en « symbiose »

Pour Philippe Couillard, les nouvelles sont excellentes. Non seulement son parti domine-t-il largement dans les intentions de vote, mais le faible taux d’insatisfaction qu’enregistre son gouvernement n’a pas été vu depuis longtemps (44 % de satisfaits, contre 27 % d’insatisfaits).

Mais il y a plus, relève Jean-Marc Léger. Questionnés sur les choix budgétaires à faire, les Québécois « sont en symbiose avec les solutions libérales », note le sondeur. Une écrasante majorité de répondants (71 %) estiment que la meilleure chose à faire pour relever les finances publiques serait de « réduire les dépenses du gouvernement et maintenir les taxes et impôts à leurs niveaux actuels ». À peine 14 % suggèrent de reporter l’atteinte de l’équilibre budgétaire.

S’il fallait vraiment augmenter les revenus du gouvernement, c’est la possibilité d’une hausse des taxes d’essence, d’alcool et de tabac que les Québécois préfèrent (34 %).

Parmi les solutions avancées pour contrôler les dépenses, les Québécois adhèrent fortement à l’idée de réduire de 3 % les dépenses de fonctionnement dans les administrations publiques (84 % d’appuis), de geler l’embauche de nouveaux fonctionnaires (80 %), et d’opérer des compressions de 3,7 milliards dès cette année (55 %).

Seule la perspective d’une privatisation partielle de la Société des alcools du Québec et d’Hydro-Québec est plus contestée (46 % d’opposition, et 41 % d’appuis).

Jean-Marc Léger souligne que ces données auront de quoi réjouir le chef de la CAQ, François Legault. « Le débat sur les finances publiques, c’est celui de la CAQ, dit-il. Le PLQ a parlé plus de création d’emplois que de gestion des finances publiques pendant la campagne électorale. C’est M. Legault qui a fait ce débat. Il avait raison. »

Le sondage a été réalisé en ligne mercredi et jeudi auprès de 1050 répondants. Un échantillon probabiliste de cette taille aurait une marge d’erreur de 3,1 % dans 19 cas sur 20.


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