Bucarest - Avec 48 heures d'avance sur le premier ministre canadien, Stephen Harper, Jean Charest a amorcé hier sa visite officielle à Bucarest où se tient le 11e Sommet de la Francophonie. Accompagné du député Jacques Chagnon et de la mairesse de Québec, Andrée Boucher, il a réitéré que sa priorité était de convaincre le plus grand nombre de pays possible de ratifier au plus vite la convention sur la diversité culturelle adoptée à l'UNESCO, mais ratifiée par seulement 11 pays.
«Le premier dossier, c'est la convention [...]. pour nous, c'est une bataille qui se poursuit, et nous tenons à mettre autant d'énergie dans la ronde de la ratification qu'on l'a fait pour la première ronde à l'UNESCO. Nous croyons qu'il est absolument essentiel de rallier le plus grand nombre de pays possible le plus rapidement possible [...] afin que l'on puisse passer de la parole aux gestes.»
La Roumanie a d'ailleurs été le premier pays européen à ratifier la convention qui vise à permettre aux pays de protéger leurs productions culturelles. Mais Jean Charest veut convaincre beaucoup plus que les 30 pays qui permettront de la mettre en oeuvre. «On veut un nombre beaucoup plus élevé et on veut des pays qui vont déborder la Francophonie.» Le premier ministre s'est dit particulièrement réjoui d'apprendre que le Mexique avait ratifié la convention. Il souhaite voir la Chine faire de même d'ici peu. «On veut un très grand nombre, mais on veut aussi des pays qui vont vraiment peser de tout leur poids.»
Demain se tiendra une rencontre de concertation entre le Québec, le Canada et le Nouveau-Brunswick (représenté par Bernard Lord). Une tradition dans ce genre de sommet où le Québec occupe un siège identique à ceux des 62 autres chefs d'État et de gouvernement. Le premier ministre en profitera pour faire le point sur les dossiers du déséquilibre fiscal avec Stephen Harper. Interrogé sur la rumeur selon laquelle Ottawa pourrait consacrer à la péréquation une enveloppe supplémentaire de trois milliards à répartir entre les provinces, le premier ministre a dit continuer à percevoir des «signes encourageants».
«Rappelons nous qu'il y a moins d'un an, on avait un gouvernement fédéral qui ne reconnaissait pas le déséquilibre fiscal. [...] Je vous rappelle qu'il n'y a pas que la péréquation. On a toujours été très clairs là-dessus, il y a les transferts, un espace fiscal qui pourrait être libéré, d'où l'importance de voir au net les résultats.» Même si le sommet n'est pas vraiment le lieu de ce genre de débats, le premier ministre entend rappeler demain à son homologue «les positions québécoises qui sont connues depuis longtemps.»
Le 400e anniversaire de la fondation de la ville de Québec est évidemment l'autre «dossier-phare» qui mobilise le premier ministre. On sait que, à cette occasion, la capitale nationale accueillera le prochain Sommet de la Francophonie. La mairesse de Québec est arrivée à Bucarest avec une équipe complète de fonctionnaires qui s'intéressent à tous les aspects du sommet, des manifestations culturelles à la sécurité. Celle-ci, dit-elle, est beaucoup complexe depuis les attentats de Londres et de Madrid. C'est pourquoi elle est accompagnée de deux représentants de la police municipale. «Je n'ai aucun doute dans mon esprit que les pays seront très intéressés à planifier une visite à Québec, a dit le premier ministre. On n'a jamais eu beaucoup de difficulté à attirer les gens chez nous.»
Dans la journée d'hier, Jean Charest a rencontré le ministre roumain de l'Économie et du Commerce, Ion-Codrut Seres. Il prononcera aujourd'hui l'allocution de clôture du colloque des écoles d'administration publique francophones. Il entend notamment parler aux responsables économiques roumains de la phase 3 du projet de centrale nucléaire de Cernavoda situé le long du Danube entre Bucarest et la mer Noire. Le projet, qui pourrait avoir des retombées au Québec, date d'une vingtaine d'années et n'a pas beaucoup évolué depuis, au dire du premier ministre. L'achèvement de la phase 3 est théoriquement prévu aux environs de 2013.
Ce soir, le premier ministre reçoit les représentants de la Francophonie, peu avant le spectacle du Québec qui met en vedette Yann Perreault, Thomas Helleman, Catherine Durand et Catherine Major. Le tout sera suivi de la projection extérieure de La Grande Séduction sur la place de la Révolution.
Le premier ministre s'est dit très encouragé de redécouvrir un pays qui «a beaucoup progressé surtout depuis les six dernières années. Politiquement, c'est bon pour le moral de voir un pays faire des pas de géant dans un si court laps de temps».
Correspondant du Devoir à Paris
La diversité culturelle d'abord
Le premier ministre du Québec discutera aussi de déséquilibre fiscal avec Stephen Harper
Laissez un commentaire Votre adresse courriel ne sera pas publiée.
Veuillez vous connecter afin de laisser un commentaire.
Aucun commentaire trouvé