Votre propos, monsieur Noël, est à bonne hauteur et il arrive à point, à la "veille" précisément du spectacle sans tête ou girouette à tous vents qu'est devenu la Fête nationale du... faux pays le Québec. Dans le cadre de cette fête de "colons patriotes et vice versa" (c'est ainsi que la pub, style mémaire Labeaume, définit sa clientèle, moralisée en 2 camps platement définis), deux stratégies dé-politisantes et aplaventristes sont mises de l'avant:
1- réduire l’événement à une fête familiale (rien de nationalisant là-dedans, la pulsion reproductrice étant plutôt de nature internationale);
2- et l'utiliser comme outil de désintégration des québécois comme une ethnie minorisable déjà passée date, diluée parmi d'autres encensées simultanément sur la même scène, des folklores divers rassemblés autour d'un feu de camp où le français s'affiche une fois par année en devanture d’une vitrine sans entreprise.
La Fête nationale est un « tape tes bretelles et flatte ta bedaine Ephrème», au même parfum de propagande pseudo-identitaire de surface que la Fête du Canada, mais à la mentalité de marketing fédéralisante en pratique. Une involution galopante par excellence.
Les chanteuses de variété au menu, particulièrement ces poupounes incultes politiquement (elles l'avouent autodérisoirement elles-mêmes), représentent exactement l'outil idéal des organisateurs: pense pas! Lis le texte qu’on t’a écrit et chante ta toune, distrais le peuple, fais-le boire et roter un bon coup ! tais-le idéologiquement et encaisse ton chèque. Pis, le 1er juillet, va faire pareille ma p’tite, à la Fête du Canada, c’est plus payant encore.
En lisant l’article sur Isabelle Boulay, d’une Nathalie Petrowski qui pétait le feu dans sa jeunesse journalistique à tout plumer sur son passage, d’un style sans ménagement et sur un ton arrogant (y’a plusieurs années de cela faut-il avouer !), j’ai cru voir une dame âgée qui a perdu toutes ses dents et qui, forcée par l’enfantement peut-être ? était désormais épanouie devant l’argent (quelle autre motif pourrait la faire « œuvrer » désormais si mollement à La Presse ?)
Aller écrire que devant la Boulay, une madame aux cheveux oranges à ses heures elle ausssi (vous vous souvenez de l’article corrosif sur Annie Girardot pondu par Petrowsky?), elle voyait une femme « épanouie par la maternité », wow ! plus trivial et insignifiant que ça pour parler d’engagement politique à la Fête nationale, tu meurs et tu ressucites deux fois plutôt qu’une.
Si « épanouie par la maternité » veut dire rendre gaga et pleurer sur les pôvres étudiants grévistes en les voyant d’une hauteur materno-romantique comme de simples « souffrants » derrière « leur colère et leur « rage », pour lesquels maman Boulay a de la « tendresse », pourquoi pas y ajouter de la pitié et un petit chausson avec ça !
Quand on rêve, ce qui impressionne maman Petrowsky avant d’interviewer Boulay, d’avoir à l’entrée de sa porte, une exposition de chaussures comme une mimimini Elton John, pas surprenant qu’elle ne puisse encore définir le mot « indépendance ». Ré-épanouissez-là madame Petrowsky, donnez-lui un de vos dictionnaires singuliers !
D’autant que papa n’a jamais fait l’éducation de sa fille sur ce plan, sinon à l’envers, idée tordue s’il en est, être indépendantiste dit « féroce » et amener son enfant voir Trudeau : une férocité toute en inversion, épèrenoui. Si la majorité silencieuse ressemble à cela, hélas, Charest peut dormir tranquille, sa réélection est dans le sac à Desmarais.
Devant ces articles pro-culte de personnalisation, le « vedettantisme » entrainant le potinage sur les épanchements et sentiments d’ordre personnel et privé, il devient facile d’attaquer ces chanteuses de variété mondaine. On voit difficilement, sans rire, Petrowsky parler des Leclerc, Lévesque (Raymond), Vigneault, Piché, Bourgault (sic), Chartrand, Falardeau, comme « épanouis par la paternité » pour les aborder sur leur engagement politique. Ça ressemble à de la misogynie réductiviste de pensée.
Peut-on être « épanoui » d’être ni mère, ni père ? La radiosité, le bien-être et l’expansion de ses pétales n’a rien à voir avec la maternité. Les mères malheureuses et souffrantes, bref, dé-panouies par l’enfantement, ça existe aussi. Flatter le lecteur dans le sens du vent, voilà bien une des fonctions assimilées par beaucoup de journalistes parvenus et n’ayant plus l’intelligence pour critère de communication.
Sortir l’identification populaire de ces images infantilisantes pour faire «s’épanouir » de la population une conscience majoritairement politisée, critique et profonde, argumentée, criante et non plus silencieuse, n’est pas donné, surtout pas par les médias actuels interposés.
Et voilà en plus, que la Fête dite nationale, est rabaissée à ce niveau d’insipidité régressive. À croire qu’au Québec, le décrochage n’est pas que scolaire, mais mental et conditionné par les institutions !
Une fuite, un évitement, de ce que madame Lise Payette, la douce et modérée grand-mère du PQ, rappelle, par citation interposée : « S’informer fatigue, et c’est à ce prix que le citoyen acquiert le droit de participer intelligemment à la vie démocratique. » –Ignacio Ramonet, ex-directeur du Monde diplomatique.
C'est aussi ça, au bout du compte, la médiatisation de la Saint-Jean du 24 juin : la négation et la banalisation du projet indépendantiste. L’indépendance, médiatiquement, n’a pas de véhicule de masse, populaire ; pire, c’est une réalité, grâce aux médias traditionnels, marginalisée, onirisée et méprisée, voire romantico-comique.
De là l'existence d'une Fête nationale autre et autrement, la vraie, l’à- jour, mise à niveau de la Rue par les étudiants, casseroles à l’appui, déplacée, détournée, vers et par le spectacle de Loco Locass du 15 juin 2012, polico-franco-Fêto-phonique (n’en déplaise aux faux apolitiques Simard, Rozon et Compagnies !).
La Fête nationale a désormais honte du 24 juin et a choisi (de foutre) son camp –et n’ira surtout pas à la Fête du Canada : elle va prendre un autre nom que « Jean » qui n’a plus rien, ni de saint, ni de Baptiste, ni de valable, ni de responsable, ni de respectueux, ni de respectable, ni d’etc...
C’est redevenu une fête païenne et laïque, d’une seule religion collective vouée à un prêche unique: la naissance d’un pays par une épanouissante intranquillité et une résistance multisexuée.
« Conclusion »
À la différence de Lise Payette, moins triomphaliste et plus « réaliste » à la Trudeau (désolé pour cette fatale référence), « gardant mon idéal mais ayant perdu mes illusions » selon le mot de René Lévesque, je termine en disant : peut-être, et seulement peut-être, saurons-nous être un grand peuple et pas simplement quelque chose… d’indéfiniment indéfini. Car, le Savoir, éducation et information compris, encore ici, y est pour quelque chose dans notre avenir, les étudiants nous le montre depuis quelques mois déjà, à chaque jour pratiquement.
Cristal de Paix
Par-delà le « politiquelitcorrect »
La déFête nationale
Appui à Jacques Noël pour son article « Qui organise cette fête ? »
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6 commentaires
Archives de Vigile Répondre
25 juin 2016On peut au moins se réjouir que pendant ce temps eut lieu le BREXIT qui devrait annoncer qu'à la place de l'anglais, le français deviendra la langue principale de l'UE.
Pierre Demers LISULF 25VI2016
Stéphane Sauvé Répondre
25 juin 2012Votre article aurait pu être écrit après les Fêtes au Parc Maisonneuve.
Assez impressionnant cette animation sans âme (des textes appris par coeur) de GA Lepage, d'un spectacle qui ne semblait pas lever, de cette présence policière étouffante...
...je n'y étais pas, mais les images à la TV résonnent avec votre texte...
...on se reprendra l'an prochain.
La seule chose dont je suis certain, c'est que cette crise économique qui va nous peter dans la face bientôt...sera cette "crise du verglas" multiplié par 100...elle permettra de comprendre que l'aide dont ils ont besoin ne viendra pas du fédéral ou du pronvincial, elle viendra de leurs voisins Québécois d'en face...ce sera le début de notre pays.
Daniel Roy C.A. Répondre
24 juin 2012Vous pouvez commenter directement à la suite du vidéo de Marie-Mai: http://www.youtube.com/watch?v=ZTKxJHTJGEs
Archives de Vigile Répondre
24 juin 2012La prochaine étape que projète Régis Labeaume à l'avenir; déménager les célébrations de la fête de la St-Jean dans le stationnement du Colisée Pepsi. Ça va libérer les Plaines pour un autre gros show britannique. Les restaurants de la Grande-Allée vont faire la piasse.
Archives de Vigile Répondre
23 juin 201223 juin 2012
Merci pour votre commentaire Monsieur Cloutier. Mais vous le savez sans doute à présent, aux nouvelles de 18h, ce soir, à la télé, on nous apprenait, tant à SRC qu’à TVA que les deux lieux principaux de la Fête nationale, soient le Parc Maisonneuve à Montréal et les plaines d’Abraham à Québec, seraient enclavés et policés fortement, de la même manière que les îles Notre-Dame et Sainte-Hélène le furent lors du Grand Prix de F1 à Montréal; et qu’AUCUNE CASSEROLE, par sécurité donne-t-on comme motif, ne sera tolérée sur les sites.
Une casserole est ainsi devenue officiellement un objet contondant grâce à la complicité des organisateurs des festivités de « notre » Fête nationale avec les autorités policières, en plus d’être déjà un instrument de musique et de cuisine. Quelle sera la prochaine fonction pour en limiter l’utilisation?
S’est-on lancé systématiquement des casseroles par la tête depuis le début de ces tintamarres? Encore de l’abus de pouvoir et de la provocation. En plus du carré rouge, ce sont à présent les casseroles qui sont identifiées à l’intimidation et à la violence. La boucle est bouclée.
Ce serait un clin d ’œil ironique et de « bonne guerre » que les casseroles se manifestent non plus à partir de la foule, mais sur la scène du spectacle à Québec, grâce à la profonde liberté d’expression revendiquée par Loco Locass, le groupe musical faisant partie des artistes prévus au programme demain soir. À suivre…
Cristal de Paix
Archives de Vigile Répondre
23 juin 2012C'est tout à fait cela. Bien écrit en plus.
Même sous le PQ, on a tout fait pour "dépolitiser" la prétendue Fête Nationale, neutraliser son caractère revendicatif pour l'aseptiser et la rendre insignifiante, incolore, inodore et sans saveur.
D'où vient et qui contrôle le budget et la programmation de cette insignifiance institutionnalisée annuelle?
J'espère que cette année au moins, le bruit des casseroles va mettre un peu d'atmosphère et de piquant dans ce rassemblement de moutons et que la mère Marois va rester chez elle. Au moins, cela va être cela de pris.
Pierre Cloutier