Au cours des prochains jours, les militantes et militants du Parti québécois (PQ) décideront ce qu’ils souhaitent proposer aux élections de 2018 : un projet provincial ou un programme de pays.
Ce choix, l’aile parlementaire de leur parti refuse de le faire depuis le vol du référendum de 1995. C’est pourtant cette décision qui déterminera si le PQ contribuera à la renaissance du mouvement indépendantiste ou s’il lui fera obstacle.
Toujours hésitants, enchaînant les timides avancées et les francs reculs, les élus du PQ ont nourri l’illusion qu'il était possible de donner le goût du pays et d’en avancer la construction en proposant de rester dans le Canada. Aujourd’hui, il faut reconnaître que cette stratégie a échoué. Et s’il y a une leçon qu’on peut tirer des 20 dernières années, c’est bien que la gouvernance provinciale et l’accession à l’indépendance sont des objectifs qui requièrent des stratégies différentes et incompatibles. Comme le disait Andrée Ferretti : « Qui ne fait pas l’indépendance la combat. »
Lorsqu’un parti indépendantiste met de côté l’indépendance en tentant d’élargir sa base électorale, il fait reculer l’indépendance. Pourquoi ? Parce qu’il occulte la critique du régime canadien au profit de la critique du parti au pouvoir et ne propose aucun des avantages que nous procurera une démocratie renouvelée et indépendante.
Ce faisant, il contribue lui-même à faire disparaître des consciences les raisons pour lesquelles nous voulons faire du Québec un pays. Il finit par convaincre les électrices et électeurs que le plus gros problème du Québec n’est pas sa subordination politique, mais plutôt le Parti libéral du Québec. Il ne faut pas chercher loin pour comprendre l’indifférence qu’éprouve une partie de la jeunesse québécoise par rapport au projet d’indépendance. Il y a maintenant 21 ans qu’on tente de lui faire croire que la solution à ses problèmes est l’alternance entre les partis provinciaux. Le PQ doit cesser de vider de son sens notre quête de liberté collective.
Changement de cap
Ce déclin du PQ n’est toutefois pas une fatalité si ses membres décident de mettre le cap sur l’indépendance dès la prochaine élection. Ils auraient alors comme ami.e.s — peut-être comme allié.e.s — les militantes et militants de toutes allégeances pour qui la souveraineté du peuple québécois constitue le seul vrai changement de cap pour le Québec.
En choisissant de se présenter aux électeurs comme une alternative provinciale à Philippe Couillard, le parti devra au contraire rassembler tous ceux dont l’ambition collective se limite à prendre la place des libéraux, qu'ils soient indépendantistes ou pas. Pour y arriver, le PQ devra promettre de ne pas profiter du pouvoir pour faire avancer le Québec vers l'indépendance. Il devra nier que l'indépendance est urgente, puisqu'il accepte de la repousser à un avenir incertain. Comment pourra-t-il à la fois démontrer la nécessité de fonder un nouveau pays tout en vendant l'idée qu'il pourrait gouverner avec succès un Québec-province ? Il devra convaincre la population qu'il est possible de régler durablement les problèmes qui nous affligent en demeurant une province canadienne, ce qui minerait profondément le projet indépendantiste.
PARTI QUÉBÉCOIS
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