La continuité

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N'en déplaise à André Pratte et Alain Dubuc, il y a bel et bien rupture. Elle s'est amorcée sous Jean Charest et s'accélère sous Philippe Couillard

S'il faut en croire les partis de l'opposition, les leaders syndicaux et nombre d'observateurs, le gouvernement de Philippe Couillard est en train de démolir à coup de masse les piliers du modèle québécois. Pourtant, comme le soulignait samedi dernier Alain Dubuc, les faits contredisent cette façon de voir les choses.
Quelques faits, justement. Les compressions dénoncées visent à ramener à 0,7% la croissance des dépenses de programme pour l'an prochain (2015-2016). Dès l'année suivante, le rythme d'augmentation des dépenses remontera à 2,3%. Le modèle québécois a subi des coups bien plus durs dans le passé.
En 1982, le gouvernement de René Lévesque était confronté à une impasse budgétaire. Incapable de convaincre les syndicats d'ouvrir les contrats de travail en vigueur, Québec adopte une loi spéciale imposant une diminution de salaire moyenne de 15% aux employés du secteur public. Du même coup, le gouvernement modifie unilatéralement les conventions collectives et les régimes de retraite. Notamment, dans le cas des enseignants, le gouvernement décrète une hausse du nombre d'élèves par classe.
Pour justifier cette approche «brutale» (dixit Louise Harel), le premier ministre Lévesque explique: «Le devoir qu'on a vis-à-vis nos concitoyens, avec le poids fiscal qu'ils portent, avec tout ce que cela implique pour les millions de gens qui sont dans le secteur privé qui doivent faire les frais de ce que coûte le secteur public, tout cela nous impose de faire, hélas, ce que nous avons décidé de faire.» Qui oserait soutenir aujourd'hui que René Lévesque voulait démanteler le modèle québécois?
Quatorze ans plus tard, le premier ministre Lucien Bouchard fait face à son tour à un cul-de-sac financier. Son gouvernement décide de réduire les dépenses de 1,5 milliard en 1996-1997. On ne parle pas ici d'une croissance plus lente des dépenses, comme ce qu'a annoncé le gouvernement Couillard, mais d'une coupe de 4%. Or, à la fin de ce pénible exercice, le modèle québécois était toujours en place. Comme il l'était après la décennie au pouvoir du «réingénieur» Jean Charest, pendant laquelle les dépenses de l'État provincial ont augmenté deux fois plus vite que l'inflation.
Ainsi, depuis plus de 40 ans, au-delà des nuances dictées par les circonstances et par leurs idéologies respectives, le Parti libéral et le Parti québécois ont gouverné au centre. Tous deux ont cherché à développer le modèle québécois tout en évitant un dérapage des finances publiques.
D'ailleurs, dans le dernier discours du budget prononcé par Nicolas Marceau, on retrouve plusieurs mesures adoptées depuis par le gouvernement libéral: hausse des tarifs des services de garde, établissement d'une «rémunération responsable» pour le personnel du secteur public, possibilité de «restructurer certaines commissions scolaires» et «examen systématique de la valeur de tous les services offerts par l'ensemble des ministères et organismes».
Le gouvernement Couillard se situe donc dans la continuité des gouvernements précédents, péquistes et libéraux. On peut parier sans risque qu'à l'issue des années Couillard, le modèle québécois sera toujours là. Qui sait? il sera peut-être devenu financièrement viable.

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André Pratte878 articles

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[une chronique intitulée « Tout est pourri » (critique de Anne-Marie Gingras) ->http://books.google.fr/books?id=EZWguAMXAtsC&pg=PA27-IA27&lpg=PA27-IA27&dq=pratte+Tout+est+pourri&source=bl&ots=MUti9NTQuH&sig=h2zgJlLgOg844j5ejxnUl4zH2_s&hl=fr&sa=X&ei=73RrT8aQEqnh0QHuh4GyBg&ved=0CEEQ6AEwBQ#v=onepage&q=pratte%20Tout%20est%20pourri&f=false]

[Semaine après semaine, ce petit monsieur nous convie à la petitesse->http://www.pierrefalardeau.com/index.php?option=com_content&task=view&id=30&Itemid=2]. Notre statut de minoritaires braillards, il le célèbre, en fait la promotion, le porte comme un étendard avec des trémolos orwelliens : « La dépendance, c’est l’indépendance ». « La soumission, c’est la liberté ». « La provincialisation, c’est la vraie souveraineté ». « La petitesse, c’est la grandeur ». Pour lui, un demi-strapontin à l’Unesco est une immense victoire pour notre peuple. C’est la seule politique étrangère qu’il arrive à imaginer pour le peuple québécois. Mais cet intellectuel colonisé type n’est pas seul. Power Corp. et Radio-Cadenas en engagent à la poche.





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