En entrevue au Soleil, le ministre des Ressources naturelles Jonatan Julien raconte vouloir encourager le développement minier au Québec en réduisant les délais bureaucratiques qui retardent l’ouverture des mines.
Avant qu’une société minière puisse commencer à creuser le sol au Québec, il lui faut obtenir un total de 660 permis et autorisations gouvernementales. Un «parcours du combattant» qui s’échelonne sur 10 à 12 ans, déplore le ministre Julien. «Ça va pas assez vite.»
M. Julien explique que son ministère a en main une cinquantaine de projets miniers, pour des investissements potentiels d’environ 30 milliards $. Dans les prochains mois, il veut faire en sorte que les différents ministères (Ressources naturelles, Environnement, Forêts, Faune et Parcs, etc.) travaillent de pair pour réduire la longueur des processus administratifs, dans une perspective de lean management. «On veut pas être complaisants, mais est-ce qu’on peut faire cheminer les investissements de manière plus efficiente? Je pense que oui.»
M. Julien ne s’est pas fixé d’objectif précis de réduction des délais pour les projets miniers, mais il dit croire que si ceux-ci sont plus courts de 20 % par exemple, «ça va faire toute une différence».
Le ministre promet toutefois de ne pas être moins exigeant envers les compagnies minières. «On ne veut pas réduire la robustesse règlementaire.» Celles-ci devront respecter l’environnement et obtenir une acceptabilité sociale pour leurs projets, assure-t-il.
Pragmatique
Se décrivant comme quelqu’un de «pragmatique», qui «prône le développement économique», M. Julien voit dans le Nord du Québec des possibilités énormes d’«emplois payants», à plus de 100 000 $ par année. Il salue l’héritage de l’ex-premier ministre libéral Jean Charest, qui a évoqué l’idée du Plan Nord pour la première fois en 2008.
«Le lancement du Plan Nord a fait réaliser à plusieurs Québécois la richesse de nos ressources et c’est bien comme ça», commente le ministre.
Ayant vu officiellement le jour en 2015, la Société du Plan Nord a développé «une connaissance fine du Nord», selon M. Julien. Elle agit aujourd’hui comme une sorte de «scellant» entre les compagnies, le gouvernement et les communautés locales.
M. Julien trouve les priorités de la Société du Plan Nord intéressantes, mais il juge qu’il manque «d’actions concrètes» au nord du 49e parallèle. «Il est temps de passer des vœux à l’action.»
En plus du développement minier, le ministre aimerait voir d’autres projets de développement socioéconomiques voir le jour. Il voit par exemple d’un bon œil le fait qu’un conteneur hydroponique chauffé par des déchets domestiques fasse pousser de la laitue et du chou kale à Kuujjiaq, Nunavik. Ces produits frais sont ensuite vendus à l’épicerie locale.
«Les gens me disent qu’ils ne veulent pas occuper le territoire, mais habiter le territoire. C’est là toute la différence», indique M. Julien, qui souhaite un développement du Nord en collaboration avec les communautés locales, dont les communautés autochtones.
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