Ce thème du nationalisme ressort du cahier de consultation qui circulera au cours de l’été auprès des jeunes militants du Parti libéral du Québec (PLQ) et dont Le Soleil a pu avoir un aperçu.
«Ça m’enrage quand je lis sur les médias sociaux que le Parti libéral n’aime pas le Québec», confie en entrevue Stéphane Stril, président de la Commission-Jeunesse du PLQ. Il rappelle que même si le PLQ est un parti fédéraliste, l’identification au Québec fait partie des huit valeurs libérales énoncées par Claude Ryan.
«On entend dire que les libéraux sont d’abord Canadiens et ensuite Québécois, ce qui est faux. Notre premier engagement, c’est envers le Québec. Mais peut-être que l’équilibre a été rompu ces dernières années», ajoute M. Stril.
C’est pourquoi le cahier de propositions propose de «rebâtir les ponts avec la majorité francophone» en posant plusieurs questions aux jeunes. Par exemple, «comment mieux préserver et défendre notre identité, notre langue, notre culture et notre héritage commun?» ou encore «comment incarner les aspirations de la ruralité et lutter contre le fossé territorial qui se creuse entre les villes et les régions?» et surtout «comment concilier une volonté d’affirmation identitaire de la majorité francophone tout en respectant les droits et libertés des minorités culturelles, religieuses et linguistiques?».
Congrès à Québec en août
Les réponses à ces questions influenceront les résolutions du Congrès-Jeunes qui se tiendra à l’Université Laval, à Québec, les 10 et 11 août. «On veut poser les premiers jalons de la relance du Parti libéral et exprimer nos attentes au prochain chef», indique M. Stril.
Le président des jeunes libéraux fonde d’ailleurs beaucoup d’espoir en la personne qui sera élue à la tête du PLQ au printemps 2020. «Il nous faut un Jean Lesage qui va pouvoir trouver un projet rassembleur pour le Québec, un projet nationaliste et vert.» Jean Lesage, premier ministre libéral du Québec de 1960 à 1966, est considéré comme l’un des pères de la Révolution tranquille.
Si la Commission-Jeunesse ne veut pas militer pour l’un ou l’autre des candidats à la succession de Philippe Couillard, Stéphane Stril trouve d’emblée que les candidates pressenties Dominique Anglade et Marwah Rizqy ont «ce qu’il faut» pour gagner la course à la chefferie. «Je sens chez ces deux femmes une grande volonté de moderniser le parti et de reconnecter avec les régions.»
Après avoir hésité pendant quelques semaines, le député de Jean-Talon Sébastien Proulx — seul élu libéral à l’est de Montréal — a fermé la porte à se lancer dans la course, selon La Presse. Certains militants du PLQ croient qu’il aurait pu incarner le courant nationaliste au sein du parti.
Anxiétés identitaires
Stéphane Stril est d’avis que la mondialisation et les nombreux moyens de communication produisent «des anxiétés identitaires» pas seulement au Québec, mais dans plusieurs pays du monde. «Lors de la dernière campagne, on a probablement choisi de ne pas parler d’identité pour ne pas jeter de l’huile sur le feu, mais je pense qu’il y a moyen d’aborder le tout de façon positive.»
Selon lui, il faut que le PLQ démontre que la menace à l’identité québécoise ne vient pas des immigrants ou des minorités qui portent des signes religieux, mais plutôt du fait qu’il se consomme moins de culture québécoise par exemple. «La CAQ a une vision nationaliste qui est très rigide, très fermée. De notre côté, il faut arriver avec un nationalisme positif et ouvert pour pouvoir battre le gouvernement actuel», évalue M. Stril.