Jean Charest pourra bien difficilement y échapper : une enquête publique est devenue incontournable sur la corruption dans le monde municipal et sur le financement des partis politiques par d’éventuels fournisseurs de biens et services.
Le ministre de la Sécurité publique, Jacques Dupuis, tient le couvercle sur la marmite jusqu’aux élections municipales du 1er novembre, à Montréal, mais depuis les dernières révélations de TVA sur l’argent sale touché par le bras droit de Louise Harel à Vision Montréal, Benoît Labonté, la nécessité d’une large enquête publique ne se discute même plus.
Le Québec tout entier sera toutefois secoué par une telle commission d’enquête. Comme Robert Bourassa au début des années 1970, lorsqu’il a déclenché les commissions d’enquête sur le crime organisé (CECO) et sur l’industrie de la construction (Cliche), le gouvernement libéral ouvrira alors en effet une véritable boîte de Pandore.
La collusion entre entrepreneurs pour se partager les importants contrats ne se limite sûrement pas à Montréal. Les compagnies dans cette industrie sont souvent tentaculaires, ayant des ramifications dans toutes les régions à la suite d’acquisitions de petites firmes locales, particulièrement dans le but de pouvoir soumissionner pour toutes les catégories de contrats.
Accointances libérales
Or, ces gens d’affaires ont depuis toujours beaucoup plus d’accointances libérales que péquistes, même si, pragmatiques, ils souscrivent généralement à toutes les caisses électorales. Par ailleurs, l’absence de plafond dans les souscriptions aux caisses lors de courses à la direction des partis est la même à la grandeur du Québec. Les entrepreneurs ou les firmes d’ingénieurs ont le même intérêt à soutenir financièrement des décideurs partout au Québec, et non pas seulement à Montréal.
Une fois un entrepreneur coincé dans la boîte des témoins, devant des commissaires aguerris, bien alimentés par des policiers-enquêteurs qui auront fouillé leurs dossiers, comme nous y avons assisté lors de la commission Cliche en 1974, le pouvoir politique ne peut prévoir exactement l’ampleur des dommages collatéraux que causera son témoignage.
Au cours des années 1970, le gouvernement libéral, qui avait consenti à la tenue de la commission d’enquête sur la construction pour se donner une virginité, avait été copieusement arrosé.
Se protéger des politiciens
Les découvertes des médias au cours des derniers jours montrent que nous sommes en face de véritables systèmes mis en place à la fois du côté d’un groupe d’entrepreneurs à Montréal et du côté des politiciens. Les simples enquêtes policières derrière lesquelles se réfugie le ministre Dupuis pour repousser une commission d’enquête ne suffisent plus. Celles-ci ne peuvent mener qu’à des accusations portées contre quelques boucs émissaires.
L’adoption d’un projet de loi afin de resserrer pour l’avenir le financement des courses à la direction est également un diachylon apposé a posteriori sur un mélanome. Nous n’en finissons plus au Québec de voter en catastrophe des lois pour protéger la population contre les politiciens lorsque ceux-ci sont pris la main dans le sac : loi sur le lobbyisme, loi sur la gouvernance, etc., nouvelles règles d’éthique, et on découvre quelques mois plus tard d’autres magouilles.
La population ne compte donc plus depuis longtemps sur les politiciens pour faire le ménage dans leur cour. Ils n’ont pas fait la démonstration de leur capacité d’y parvenir.
Il faut vérifier l’étendue réelle du cancer et le soigner à la grandeur du territoire en même temps.
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