La Bataille de la Mémoire

Billet de Caroline


Après un roman,

TROIS P’TITS TOURS,

publié chez VLB en 2006

l’écrivain René Boulanger,

également chroniqueur au journal Le Québécois,

nous revient quelques mois plus tard

avec un essai sur l’invasion

de la Nouvelle-France en 1759 intitulé

LA BATAILLE DE LA MÉMOIRE.
«Ce livre, Patrick Bourgeois et Pierre-Luc Bégin des Éditions Le Québécois m’ont obligé à l’écrire à la suite d’une discussion qu’on a eue au sujet du destin de la Nouvelle-France. Pierre-Luc et Patrick étaient persuadés que même si on avait remporté la guerre contre les Anglais, ils seraient revenus et nous auraient plantés. »
Dans son essai, René Boulanger

remet les pendules à l’heure:

«On n’était pas si faibles que ça. On s’est toujours battus. Notre armée était supérieure, nos soldats émérites. On avait formé une alliance avec les Amérindiens. On était une société guerrière. Ce qu’on n’est plus...»
Parce que le problème qui est en cause, c’est celui de l’interprétation de notre histoire où l’idée de la faiblesse congénitale de la Nouvelle-France s’impose au mépris des faits, en vue d’une démoralisation permanente insérée comme verrou dans notre pensée collective. (p.38)
«Toutes les sociétés se défendent. Il faut être capable de se défendre », estime René Boulanger. «Il faut être capable d’imaginer se défendre comme on l’a fait.»
«L'indépendance, soulève le politicologue Guy Bouthillier, ce n'est pas seulement le monopole des lois, des revenus et des traités, comme on le dit au Parti Québécois. C'est aussi, c'est d'abord, la capacité de défendre un territoire, ce qui suppose la volonté et la légitimité de le faire -- avec, pour corollaire, le droit d'exiger l'impôt du sang, comme on dit dans les livres. C’est comme ça partout dans le monde. Si le Canada est un pays indépendant, c'est qu'il a démontré sa volonté et sa capacité de défendre son territoire (seul ou au moyen d'alliances avec des pays amis, peu importe). C'est d'ailleurs sur les champs de bataille de la Première, puis de la Seconde Guerre qu'il a forgé son statut de pays indépendant.

Tout ce qui nous rapproche de cette idée nous rapproche de l'indépendance, tout ce qui nous en éloigne contribue à nous maintenir dans l'état de dépendance provinciale (on réfléchira ici sur l'étymologie du mot pro vincia).

Ce que l'immense majorité des historiens ont écrit sur 1759 entretient l'esprit de dépendance: "on ne pouvait pas gagner", "on était condamnés par avance", "c'était peine perdue", "la défaite, inévitable, était finalement une bonne chose", "nous avons eu tort de même essayer d'éviter la défaite", etc.

Tout ce qui nous aide à nous réapproprier la chose militaire est important pour notre combat. C'est ce que fait le livre de René Boulanger, notamment en nous rappelant que cette guerre était bien la nôtre (et pas seulement celle des "Français"), que ce sont les nôtres, nos ancêtres, qui se sont battus, et que nous sommes déterminés à suivre leur exemple lorsque la situation le commandera. D'où il découle que nous ne saurions nous vautrer dans une mentalité du refus de la guerre et du pacifisme à tout prix.

L'indépendance, c'est le droit de décider de faire la guerre ou de ne pas la faire, suivant son jugement... souverain.»
Pour le cinéaste et pamphlétaire Pierre Falardeau, lequel signe la préface de LA BATAILLE DE LA MÉMOIRE, l’histoire que son ami René Boulanger raconte est «une histoire terrible, tragique. Notre tragédie. La tragédie qui fonde notre Histoire. Ne pas comprendre cet événement fondateur, c’est se refuser à comprendre notre situation politique actuelle.»
(…) si l’on a bien appris de l’histoire, si on a bien saisi comment s’est opérée notre chute, on aura peut-être saisi que la force naît de la volonté! Le même mot, encore mais à redire combien de fois! (p.147)
«Je viens des milieux syndicaux» résume René Boulanger. «J’étais tanné de travailler dans des shops. J’y ai mis du temps mais j’ai fini par me découvrir une vocation d’artiste.
J’ai étudié le cinéma à l’UQAM et j’ai réalisé des courts métrages. Puis, je me suis tourné vers l’écriture; le théâtre, le roman. Je me suis installé en Mauricie afin de pouvoir militer et écrire en même temps, ce que je ne pourrais pas faire à Montréal où ça coûte des prix de fou. Je me suis construit une maison que je chauffe au poêle à bois. Réduire les dépenses, c’est une façon de vivre libre.»
LA BATAILLE DE LA MÉMOIRE

Essai sur l’invasion de la Nouvelle-France en 1759

Les Éditions du Québécois

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Caroline Moreno476 articles

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Château de banlieue

Mieux vaut en rire que d'en pleurer !


Chapitre 1
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Chapitre 3
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