L'un est exemplaire, l'autre est infatué et roublard

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Guy Biéler, le plus grand espion canadien-français

Je viens de terminer la lecture d'un livre exceptionnel dont je parle, ce samedi, dans ma chronique Livre du Journal. Il s'agit d'une biographie écrite par le journaliste Guy Gendron, sur un héros méconnu de la Seconde Guerre mondiale, Guy Biéler, qui a grandi à Pointe-aux-Trembles, dans l'est de Montréal.


Cet espion hors du commun, qu'on appelait Commandant Guy dans les rangs de la résistance française, a, paraît-il, inspiré le personnage de James Bond, l'Agent 007. L'auteur des aventures de Bond, Ian Fleming, lui-même officier de renseignement naval pendant cette même période, a côtoyé de près le Special Operations Executive (SOE) ou Direction des opérations spéciales, l'organisation secrète britannique qui avait recruté Guy Biéler et l'avait parachuté en France, derrière les lignes nazies, pour préparer le terrain à un nouveau débarquement des forces alliées, en juin 1944, en lançant diverses actions de sabotage avec l'appui surtout des cheminots.


Je ne peux m'empêcher d'y revenir tant ce récit m'a bouleversé. Le journaliste Gendron a rencontré par hasard, au cours d'un reportage sur le débarquement de Normandie, une femme qui le met sur la piste du « plus grand espion canadien », Guy Biéler, dont le réseau a joué un rôle prépondérant dans la résistance en France.


Mais, en fin de compte, ce sera la fille de ce héros de l'ombre, Jacqueline Biéler, qui après des années de silence, part sur la piste de son père pour en retracer les moments heureux et tragiques de son combat contre les forces nazies. Elle était encore bébé lorsque son père est parti à la guerre. Elle découvre, à travers les témoignages de ceux qui l'ont connu, dont le frère de Michel Chartrand, Gabriel, un grand humaniste, un homme à part que les sentiments de haine et les désirs de vengeance n'atteignaient pas. Ce n'est pas pour rien que ce livre s'intitule Le meilleur des hommes.


Cette histoire vraie m'a chaviré. D'autant plus que quelques jours auparavant, j'avais feuilleté le livre de Jean Chrétien, ce «grand Canadien» qui n'a pourtant réalisé aucun exploit digne de mention. Il a tout de même voulu laisser des traces écrites de son passage en politique, comme si la participation au référendum de M. Balles-de-golf, avec l'injection de fonds non autorisés dans le camp du NON, ne suffisait pas.


Il a une mémoire sélective, le vieux snoreau. De Fidel Castro, dont il se réclamait d'amitié il n'y a pas si longtemps, aucun mot. Pourtant, de son vivant, Fidel Castro s'est souvenu, lui, de ce premier ministre qui, en visite officielle dans son pays, n'a eu de cesse de lui prodiguer des conseils qu'il n'a jamais sollicités. Dans une entrevue au journal Granma, en décembre 2007, le leader cubain raconte que Chrétien lui avait proposé beaucoup d'argent pour éliminer toutes les mines antipersonnelles sur les territoires de l'Angola et du Mozambique. Vous fournissez la main-d'oeuvre, vos soldats sont de vrais experts en la matière, et nous on paie la facture. D'ailleurs les budgets sont déjà votés, avait-il déclaré.


Fidel avait longuement réfléchi à la proposition de Chrétien. Mais surtout, il s'est senti vexé. Comme si on pouvait tout acheter avec de l'argent. Ces mines avaient été posées là par l'affreux régime d'Apartheid d'Afrique du sud et les Américains, mais ce serait aux soldats cubains de risquer d'être mutilés, voire de mourir pour réparer les dégâts d'un régime raciste ? «J'avais la forte impression qu'on voulait louer nos services, comme si nous étions des mercenaires», avait affirmé Fidel. D'autant plus que Cuba traversait une grave crise économique avec l'effondrement du camp socialiste. «Quelqu'un voudrait-il profiter de cette situation difficile pour nous tenter avec de telles missions ?»


Dans sa grande intelligence, Fidel a proposé plutôt de former du personnel du Canada et d'ailleurs, et ce serait ces personnes fraîchement formées qui effectueraient les missions de déminage. Mais cette proposition n'a pas eu l'heur de plaire au petit gars de Shawinigan et il ne l'a pas retenue.


Le leader cubain déplore aussi, dans cette entrevue, que certaines ententes qu'il croyait conclues n'ont jamais donné les résultats escomptés. Chrétien avait promis d'envoyer des fonds de l'ordre de 300 000 $ pour une aide commune en faveur d'Haïti qui venait d'être durement frappée par le cyclone Georges. Finalement, Cuba, petit pays victime d'un blocus asphyxiant, y est allé seul, sans l'aide promise. Chrétien, par la voix de son ministre des Affaires extérieures, suspendait cette aide et toute autre forme d'aide à Cuba parce que Cuba ne remplissait pas certaines conditions en matière des droits de la personne !


Ses rencontres avec Chrétien lui ont laissé un goût amer. « Ce ne sont alors que des opérations démagogiques, que des pauses publicitaires qui visent, en fait, à satisfaire certaines vanités et ambitions personnelles. »