La Presse Canadienne - Le président d'une entreprise de construction mêlée au controversé contrat de rénovation du parlement n'a pas de beaux mots pour décrire l'industrie de la construction. Selon Paul Sauvé, il s'agit d'un monde truffé de trafic d'influence, corruption, pot-de-vin, et infiltré par la mafia.
Le président de LM Sauvé a affirmé, en dénonçant l'industrie de la construction au Québec, avoir été menacé, de même que ses enfants et sa famille, et que son équipement avait été incendié. Ces incidents n'étaient cependant pas liés au contrat du parlement.
Et il s'est dit convaincu, lors de sa comparution en comité parlementaire mardi matin, que la Fédération des travailleurs du Québec (FTQ) est liée au monde interlope.
Confronté par un député conservateur mettant en doute ses déclarations, M. Sauvé a déclaré ceci: «Lorsque vous même aurez fait l'objet de menaces de mort, lorsque vos voitures auront été vandalisées, lorsque vous vous situez dedans, alors je pense que vous serez peut-être un peu plus qualifié pour faire état du fait que le Québec a un grave problème, que le crime organisé, qui a des tentacules à même les grands syndicats, entre autres celui de la FTQ, prolifère.»
D'après le président de la FTQ, Michel Arsenault, le témoignage de M. Sauvé relève du «délire».
«Je n'ai jamais eu aucune fréquentation avec ces gens-là, d'aucune façon, et à ma connaissance, personne de la FTQ ne fréquente les Hells Angels et le crime organisé», a-t-il déclaré lors d'un entretien téléphonique avec La Presse Canadienne.
Il a accusé à deux reprises M. Sauvé d'avoir «lui-même livré son entreprise aux mains des Hells Angels» après avoir essuyé un refus de partenariat du Fonds de solidarité de la FTQ, il y a de cela quelques années.
Il l'a également mis au défi de répéter ce qu'il a dit «en dehors de la commission».
«Je le mets au défi de le faire, sans son immunité, puis on va s'en occuper de M. Sauvé. On va le poursuivre. Là, il y a des limites.»
M. Sauvé se trouve au coeur d'une controverse qui sévit aux Communes depuis quelques mois.
Le dirigeant de LM Sauvé a révélé avoir payé un homme d'affaires proche du Parti conservateur, Gilles Varin, 140 000 $ pour qu'il l'aide à obtenir le contrat de rénovation de l'édifice de l'Ouest du parlement en 2008. Convoqué au même comité, M. Varin a expliqué avoir reçu seulement 118 000 $ et a nié avoir fait du lobbyisme dans ce dossier.
Mais M. Sauvé a dit estimer, devant le comité des opérations gouvernementales, avoir obtenu le contrat grâce à sa contribution à M. Varin.
M. Sauvé a affirmé que MM. Varin et Gilles Prud'Homme, un organisateur du Parti conservateur, l'avaient par la suite encouragé à organiser une activité de financement pour l'association conservatrice du comté de Bourassa en janvier 2009, plusieurs mois après avoir obtenu le contrat.
M. Sauvé a indiqué n'avoir parlé que 90 secondes à l'ancien ministre des Travaux publics, Christian Paradis - aujourd'hui aux Ressources naturelles - lors du cocktail.
Selon des témoignages obtenus depuis le début de cette affaire, plusieurs entrepreneurs auraient profité de la soirée pour aborder le ministre Paradis et parler affaires. Une allégation niée formellement par M. Paradis.
La compagnie LM Sauvé a fait faillite un an après avoir obtenu le contrat de rénovation et a dû y renoncer.
La Gendarmerie royale du Canada (GRC) mène aussi une enquête sur l'attribution de contrat pour la rénovation de l'édifice de l'Ouest.
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