Depuis, la dernière victoire - avril 2014 - sans appel des libéraux, beaucoup de citoyens, de politiques, de militants de tout bord, considèrent que l'économie mène tout et mène à tout. Tous se sont laissés séduire par cette conception qui voudrait qu’un pays fonctionne si son économie fonctionne. Or personne ne l’ignore, elle mène tout droit au mur.
Cette économie qui est présentée comme l’épine dorsale des sociétés développées enrichit quelques-uns au détriment de pans entiers de la population. C’est le nouvel instrument de domination mondiale des ultras libéraux et leurs petits frères libéraux tentent de s’en servir pour modeler une société rampante, aux ordres des plus nantis, acceptant de se soumettre au diktat de prédateurs de la finance internationale sans savoir ou cela peut mener et comment en sortir. À un moment ou à un autre la carte de crédit, elle aussi, ne vaudra rien.
Selon bien des analystes et des observateurs avertis, ce qui est le plus effrayant, c’est que l’éducation, la santé, la culture, le social et l’environnement ont été positionnés comme dépendant directement de l’économie au point où le citoyen n’a plus l’instruction et le savoir-faire rationnel qui le préparent à comprendre ce que ses gouvernants lui font faire ; il n’a plus la santé qui le renforce et le consolide pour faire face aux maladies, aux épidémies et autres pandémies ; il ne sait plus comment agir face aux dérives de la met navigation à vue de la mauvaise gouvernance, que plus personne ne contient et il ne sait plus quoi penser d’un budget social qui se déprécie de plus en plus au lieu de l’inviter à se solidariser et à vivre avec ses semblables dans un bien-être approprié et dans un monde qui fragilise la terre nourricière soit par son exploitation outrancière soit par un laisser-aller dans le pillage inconsidéré de ressources naturelles qui une fois extraite fragilise encore plus un environnement qui n’a pas encore réagi pour se défendre.
C’est là que la conception et l’énoncé clairs d’une plateforme d'idées rassembleuses avec des principes et des objectifs bien réfléchis et bien définis deviennent une nécessité vitale pour ceux qui veulent libérer un pays, lui donner son indépendance et lui octroyer la plénitude d’une gouvernance tant rêvée.
C’est connu, d’autres peuples l’ont vécu : plus ils se résolvent à vivre dans le confort matériel que l’aliénation identitaire et culturelle leur confère, plus ils se dispersent et se divisent. Plus ils tardent à décider de leur devenir, plus leur émiettement et leur atomisation se matérialisent. Afin d’y remédier l’essentiel est d’initier et de formaliser la sensibilisation aux objectifs assignés pour réaliser le futur pays et définir le profil du nouveau citoyen dans un monde en devenir.
Même si la liberté n'est pas totale, c'est la nôtre et le pays est devenu le nôtre
Le Québec, les Québécoises et les Québécois pures laines, de souche ou les nouveaux venus d’ailleurs, doivent méditer le parcours et le chemin suivi par des pays qui ont été pendant des décennies si ce n'est des siècles soumis au joug colonialiste : Le Viet Nam (ancienne Indochine) et l'Algérie sont des exemples à revisiter.
Je viens de ce dernier pays. Lorsqu'après 132 ans d'occupation, d'aliénation culturelle et identitaire - je suis né colonisé et il m’a été enseigné que mes ancêtres étaient les Gaulois - lorsqu’un groupe de jeunes militants - moyenne d’âge 25 ans - a décidé de mettre à la porte le colonialisme français tout est devenu possible, j’étais encore gamin. Mais, à 5 ans, un enfant ne l’est plus lorsqu’il entend ses aînés parler d’indépendance, de libération, de lutte, de bataille, de combat, de militantisme. À cinq ans, un enfant est conscient que quelque chose de nouveau prend place dans l’environnement familial, le voisinage, la rue. Le reste, il le découvre au fur et à mesure que le temps passe.
Le temps est passé et une fois chassé et dépossédé de ce qu’il s’était octroyé indûment, le colonialisme a laissé un pays exsangue, des caisses vides, un peuple presque sans culture et sans identité mais avec une mémoire. La joie, l’euphorie, la détermination, la résolution, la volonté et l’énergie impulsées par l’objectif final atteint comme de rigueur ont rassemblé des jeunes (avec à peine le niveau du secondaire V pour la plupart et quelques diplômés de niveau collégial et universitaires) de reprendre le flambeau. Le résultat ultime est un pays libéré et indépendant. Le Québec est dans une meilleure posture par ses intelligences.
Bien entendu, d'aucuns diront mais alors qu'en avez-vous fait ? La réponse est simple même si la liberté n'est pas totale, c'est la nôtre et le pays est le nôtre. Nous en faisons ce que nous en voulons et plus personne ne nous imposera de faire autrement que ce que nous voulons faire, mal ou bien, ce sont les générations futures qui nous jugerons, qui le prendront en charge et en ils en feront ce qu’elles voudront.
Certes, l’ère des révolutions armées n’a plus court. Ces révolutions ont été portées par des militants déterminés à réaliser les indépendances. Ils ont pris sur eux de se parler pour s’unir, de se rassembler et de sacrifier corps et âmes pour l’indépendance de leurs pays et la libération de leurs peuples. Ce sont nos martyrs. Oui ! La situation au Québec est bien différente. La Belle Province a réinventé et mis à jour la ‘’Révolution Tranquille’’ mais une question subsiste : jusqu’où ses militants sont-ils prêts à aller pour l’habiller de la belle étoffe de l’émancipation ?
Les générations futures seront sans pitié lorsqu’elles constateront que le potentiel d’indépendance a été dévié de sa trajectoire au point ou la libération du pays n’a jamais été effective, que les libertés ont été restreintes et brimées, que les valeurs sociétales ont été dévoyées, que la culture des ancêtres a disparu et qu’elle a été remplacée par de nouvelles qui sont régressives, que l’identité originelle n’est plus que l’ombre d’elle-même, que la langue n’a pas été préservée, que les valeurs d’entraide et de partage qui ont été, depuis plus de 400 ans, le ciment entre les individus et y compris avec les autochtones ont été remplacées par celles de l’argent et du confort individuel et personnel.
Il reste à espérer que s’il est vrai que le Québec est comme un caillou dans la chaussure du Canada, il appartient aux Canadiens de s’en débarrasser et si ce n’est pas le cas, alors aux Québécoises et Québécois : Levez-vous ! Unissez-vous ! Assumez-vous !
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4 commentaires
Normand Paiement Répondre
18 mai 2016Monsieur Chikhi,
Comme je l'ai écrit à M. Lisée (http://vigile.quebec/Message-a-Jean-Francois-Lisee), le PQ doit devenir une véritable "machine de guerre" s'il espère atteindre un jour son objectif et avoir ainsi raison des adversaires du Québec.
Bref, je crois que vous et moi nous rejoignons sur le fait qu'une organisation solide et disciplinée est indispensable à la réussite du projet souverainiste. Peut-être votre expérience passée pourrait-elle être utile à cet égard!?...
Cordialement,
Normand Paiement
Ferid Chikhi Répondre
17 mai 2016L’Étoffe d’un meneur, d’un rassembleur !
M. Paiement,
Merci pour vos bons mots.
Comme je le disais dans mon texte l’ère des révolutions armées est terminée à jamais. Une nouvelle a débuté portée par des actions pacifiques et rassembleuse. Dans bien des pays elles sont contrées par des moyens et des instruments gouvernementaux que les militants des partis traditionnels ne possèdent pas et/ou ne maîtrisent pas. Souvent elles sont empêchées d’être activées par des politiques subversives endogènes œuvrent d’infiltrés qui travaillent pour limiter les effets, découragent, brisent l’élan, etc.
À mon humble avis tant que le Parti Québécois - et même les autres partis qui se disent ‘’souverainistes, indépendantistes ou les deux à la fois’’ - n’a pas une discipline et une organisation acceptées et respectées par toutes les militantes et tous les militants quelques soit leur niveau dans l’organisation, tant que ce parti n’a pas conçu, élaboré et diffusé une vision, une philosophie, un programme validés par les élites, l’indépendance n’est pas pour demain.
Je le dis et je le répète le programme doit être celui de toutes et de tous les militants. Il se décline lors d’un congrès ordinaire ou même extraordinaire. Il est porté par un ou plusieurs politiques avec le soutien de toutes les militantes et tous les militants.
Quant à votre idée de cibler Monsieur Régis Labeaume… elle est intéressante. Il pourrait être l’homme d’une situation par référence à son travail en tant que maire de Québec. Cependant, au risque de vous décevoir je me demande s’il l’étoffe d’un meneur, d’un rassembleur au niveau national ? Personnellement je ne le sais pas.
J’ai encore trois autres questions pour lui (et toutes les autres candidates et tous les autres candidats) : Quel est son programme ? Quels sont ses objectifs ? Comment agirait-il ?
Meilleures salutations
Normand Paiement Répondre
17 mai 2016Monsieur Chikhi,
Merci de prendre fait et cause pour la libération du Québec! C'est tout à votre honneur et il est à souhaiter que davantage de Québécois issus de l'immigration comme vous en viennent avant longtemps à partager votre point de vue.
Cela dit, c'est d'abord aux Québécois «de souche» qu'il appartient de se libérer du joug colonial qui les empêche encore de jouir pleinement de leur liberté. Comme vous ne l'ignorez pas, la lutte des Patriotes de 1837-38 a échoué lamentablement. Quant aux «efforts de libération» entrepris par nos «révolutionnaires du dimanche» et qui ont cumulé avec la Crise d'octobre 1970, ils ont surtout démontré que le Québec n'est pas l'endroit idéal où transposer les idées révolutionnaires qui étaient alors en vogue dans d'autres pays colonisés, dont celui d'où vous êtes originaire. La lutte armée chez nous? Faites-moi rire!
D'ailleurs, au Québec, la meilleure arme dont nous disposons, c'est encore l'humour! La preuve: comme vous avez pu le constater encore ces jours-ci, même la lute politique y ressemble de plus en plus à une farce dont nous sommes tous les dindons depuis bientôt cinquante ans!
«Plus on est de fous, plus on rit!» comme le veut le proverbe. Par conséquent, à mon tour de vous exhorter à signer et à faire circuler la pétition que j'ai mise en ligne il y a quelques jours et à laquelle vous pourrez accéder en cliquant sur les liens ci-joints:
http://vigile.quebec/OUI-a-la-candidature-de-Regis
http://www.petitions24.net/oui_a_la_candidature_de_regis_labeaume_a_la_succession_de_pkp
Cordialement,
Normand Paiement
Traducteur, auteur d’un ouvrage en préparation sur l’avenir du Québec
PS - Plus sérieusement, le principal obstacle à l’indépendance du Québec est avant tout d'ordre psychologique, comme ces deux textes en font foi: http://vigile.quebec/Les-3-complexes-du-Quebec et http://vigile.quebec/Le-desir-maladif-de-plaire-aux. Mais la thérapie collective que j'envisage doit aller de pair avec des arguments économiques convaincants en faveur de l'indépendance. Chose que, paradoxalement, les leaders souverainistes ont toujours négligé d'utiliser jusqu'à présent. Car il existe quantité d'arguments susceptibles de convaincre l'ensemble de la population québécoise (immigrants compris!) que l'indépendance sera payante, TRÈS payante, comme ne cesse de le répéter l'ingénieur Jean-Jacques Nantel dans sa série de vidéos (https://www.youtube.com/channel/UCpmnbvqwLntSFQSbIAEPlGA/videos). Bonne lecture et bon visionnement!
Archives de Vigile Répondre
16 mai 2016Désolé! Des corrections s'imposent
§ 3 ligne 07 - supprimer ''met''
§ 3 ligne 12 - ''une fois extraites''