Une chose me frappe lorsque je me penche sur notre vie publique : c’est l’absence de références historiques chez la plupart de nos politiciens et commentateurs.
Qu’il s’agisse de parler de la place du Québec dans le Canada, de l’avenir du français, d’immigration, de l’évolution de l’idée d’indépendance, du financement du système de santé, du comportement électoral du bloc anglophone et allophone ou de la situation des Amérindiens, notre vision de la politique est enfermée dans une vision très étroite du présent.
Démocratie
Notre lecture de ces réalités en est terriblement appauvrie et nous finissons par ne plus rien comprendre des dynamiques lourdes qui traversent le Québec. C’est que l’histoire n’est pas une simple discipline traitant le passé à la manière d’un objet d’antiquaire.
L’histoire cherche aussi à saisir les tendances lourdes et les permanences qui façonnent la vie des peuples et des civilisations. Je le dirai autrement : l’histoire éduque les peuples et ceux qui les dirigent, pour les aider à prendre des décisions éclairées.
Quelques exemples : si nous avions une conscience historique développée, nous comprendrions la portée de la régression démographique des francophones au Québec.
Nous comprendrions les véritables racines de la situation dramatique des Amérindiens, qui a tout à voir avec le colonialisme britannique et son institutionnalisation à travers le système des réserves.
Nous saurions que la frénésie centralisatrice de Justin Trudeau s’inscrit dans l’histoire longue du Canada.
Inculture
Nous saurions que le piétinement des droits des francophones albertains s’inscrit dans l’histoire longue de la négation des droits des francophones hors Québec.
Nous saurions que les Québécois sont les derniers à croire à la thèse des deux peuples fondateurs.
Rien de tout cela, en fait, ne nous surprendrait. Mais puisque notre conscience historique est en panne, nous sommes chaque fois condamnés à ne rien comprendre, à prendre les problèmes par le mauvais angle, et à répéter les mêmes erreurs.
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