La nette majorité des signalements retenus au Centre de prévention de la radicalisation menant à la violence (CPRMV), pourtant basé à Montréal, viennent de la région de Québec.
Depuis le printemps, le CPRMV a retenu une trentaine d’appels pour des propos haineux, des incitations à la haine ou des affiches racistes, par exemple, et environ 80 % proviennent de la région de la capitale, souligne le directeur de l’organisme, Herman Deparice-Okomba. Le constat a été fait en novembre et depuis, le CPRMV a transféré deux employés à temps plein à Québec.
Des signalements comme quoi?
«Des appels à chasser les immigrants, des discours militaristes, des généralisations sur le chômage et les immigrants, des propos racistes dans les classes», etc.
Hors Montréal
Et pourquoi à Québec plus qu’ailleurs? «Plus on quitte Montréal, plus on est confronté à l’extrême droite», répond M. Deparice-Okomba.
Il nomme aussi certains groupes comme Pegida, Atalante, La Meute ou la Fédération des Québécois de souche qui sont très présents dans la capitale, selon lui. D’ailleurs, ces groupes ont beau se dissocier de l’attentat à la mosquée de Québec, reste que «le discours de ces gens est polarisant et ils ont une part de responsabilité», accuse-t-il.
À Québec comme ailleurs, l’extrême droite montait déjà en flèche avant l’attentat. Le nombre d’incidents haineux et l’islamophobie avaient déjà doublé en deux mois. «Ça nous inquiète. Les gens, avant, ne nous appelaient pas pour l’extrême droite. Y’a quelque chose...», assure M. Deparice-Okomba. «Et il y a probablement des liens à faire avec la campagne électorale aux États-Unis» qui a mené à l’élection d’un président au discours xénophobe.
Radicalisation
Herman Deparice-Okomba voit au Québec des «indicateurs clairs et nets de radicalisation politico-religieuse, et c’est de plus en plus préoccupant».
Le nombre d’appels qui «explose» depuis l’attentat de dimanche est à cet égard un signe encourageant. «On dirait que ça a pris une tragédie pour que des gens se réveillent. C’est triste, mais là, les gens n’hésitent pas à appeler.» Ce que ces gens dénoncent donne froid dans le dos: «Bissonnette aurait pu faire mieux que ça» ou «C’est un héros», etc., cite M. Deparice-Okomba.
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