Une auto-patrouille qui brûle est-elle une promesse ?

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Incitation inadmissible à la violence


La haine de la police n’est pas chose nouvelle. Je ne parle pas ici de la colère d’un citoyen qui se fait coller, à tort, de son point de vue, une contravention, et qui maugrée, convaincu au fond qu’il n’a rien fait de mal. 


Non : je parle de la diabolisation de la police et des policiers. Ce discours en pleine renaissance vient souvent de la gauche radicale, animée par une vision paranoïaque et complotiste de la réalité, qui voit dans la police un instrument de répression des minorités. 


On le sait, ce discours nous vient des États-Unis. On résumera sa vision ainsi : la police serait au service de la «suprématie blanche» et interviendrait de manière néocoloniale dans les quartiers habités par des «non-blancs». Elle y ferait régner une forme de terreur sous le signe du «profilage racial». 


Haine


À l’heure où les gangs installent une insécurité croissante à Montréal et à Laval, il y a de quoi rire. 


Mais poursuivons notre réflexion.


Ce qui frappe, c’est la banalisation de ce discours dans les milieux intellectuels. 


Prenons le cas de Philippe Neméh-Nombré. Vice-président de la Ligue des droits et libertés, il vient de faire paraître un petit livre, Seize temps noirs pour apprendre à dire kuei. On le considère comme une figure montante de la jeune gauche radicale. 


Dans son livre, il écrit cette phrase qui semblera à plusieurs effarante : «Une auto-patrouille qui brûle est une promesse.» 


Je répète : «Une auto-patrouille qui brûle est une promesse.»


Une auto-patrouille brûle rarement d’elle-même. 








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On comprendra donc que ceux qui les incendient font un acte héroïque, ce que nous dit aussi l’auteur en parlant de destruction créatrice.


Il faut oser dire les choses : nous sommes devant un appel à la violence antipolicière. 


On se demandera si l’auteur souhaite que l’auto-patrouille brûle quand les policiers y sont encore, ou s’il consent à ce qu’ils en sortent avant qu’on ne l’incendie. 


Sur Twitter, il a bafouillé une explication hésitante et jargonneuse pour faire croire qu’il n’avait pas vraiment voulu dire cela. C’est ce qu’on appelle fuir son propre propos, qui ne manque pourtant pas de clarté.


Violence


Pourtant, il n’en est pas à son premier éloge de la violence. En 2019, dans la revue Relations, il écrivait : «Je pense que la décolonisation, les luttes contre le racisme et celles liées aux questions de classe et de sexe ne peuvent se mener ni aboutir sans entraîner une perte de privilèges pour certains, ce qui implique presque nécessairement une forme de violence. Pas forcément une violence physique, évidemment, mais certainement matérielle [...].»


Pas forcément une violence physique. Donc, peut-être, peut-être pas, on verra. 


Je pose la question aux policiers de Montréal et de Laval : que pensez-vous de cet appel à la violence contre vous?


Ce qui est agaçant, je le redis, c’est que ce discours se banalise. Il serait temps d’y répondre.











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