La justice que nous avons vue à l’œuvre dans le cas de Claude Robinson est celle des grands cabinets d'avocats.
Une justice qui coûte cher puisqu’il s’agit d’une industrie qui fonctionne à l’argent. L’argent des contribuables pour payer l’appareil judiciaire et l’argent des clients pour payer des avocats dont les tarifs horaires oscillent entre 300$ et 1000$ l’heure en fonction de leur expérience.
Qui peut se payer cette justice à part les riches ?
Bien sûr, il y a de plus petits cabinets, mais encore là, même au tarif famélique de 100$ l’heure, mon tarif d’il y a trente ans, la facture peut monter très vite, surtout lorsqu’on fait face à un adversaire qui multiplie les procédures parce que ses clients acceptent d’en payer les coûts exorbitants.
Aussi paradoxal que cela puisse paraître, le système récompense les plus prospères avocats qui multiplient les heures au tarif le plus élevé alors que les misérables qui vivotent dans leur sous-sol n’ont pas de clients assez riches pour s'offrir cette justice à grands frais qui multiplie les procédures.
L’industrie des services juridiques n’est pas très différente en cela de celles de la santé, de l’ingénierie ou de la comptabilité où là aussi ce sont les professionnels les plus prospères qui mènent le bal : les grandes firmes d’ingénieurs qui volent des millions aux gouvernements comme on l'a vu à la commission Charbonneau, les millionnaires de la médecine spécialisée qui n’en ont jamais assez et les grandes firmes de comptables qui sauvent des millions en impôts à leurs riches clients.
Le système professionnel a été conçu par des professionnels et pour des professionnels. Il est donc normal qu’il avantage ces derniers et leurs clients commerciaux qui peuvent déduire leurs frais de leurs revenus.
Si Claude Robinson a gagné sa cause, c’est parce qu’il a eu l'audace d'intéresser de prospères avocats d'un grand cabinet qui avait les reins assez solides pour faire face à des adversaires de la même trempe.
S’il avait retenu les services d’avocats pratiquants à plus petite échelle, il n’aurait pu bénéficier de la même expertise et aurait probablement depuis longtemps renoncer à poursuivre ceux qui l’ont floué il y a vingt ans.
Comment peut-il en être autrement alors que le Barreau du Québec a tout fait au cours des dernières années pour que les plus gros cabinets tirent mieux leur épingle du jeu?
La justice est une affaire de gros sous. Une industrie où, sauf exception, lorsque les montants en jeu sont importants, seuls les plus riches clients ont les moyens d’obtenir justice, parfois même s'ils ont tort.
À ce titre, Claude Robinson est l’exception.
***
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L’exception Claude Robinson
Chronique de Louis Lapointe
Louis Lapointe534 articles
L'auteur a été avocat, chroniqueur, directeur de l'École du Barreau, cadre universitaire, administrateur d'un établissement du réseau de la santé et des services sociaux et administrateur de fon...
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L'auteur a été avocat, chroniqueur, directeur de l'École du Barreau, cadre universitaire, administrateur d'un établissement du réseau de la santé et des services sociaux et administrateur de fondation.
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4 commentaires
Jean Lespérance Répondre
28 décembre 2013Votre message est encore de la poudre aux yeux pour tenter de faire croire que Claude Robinson a obtenu justice.
Obtenir justice signifie obtenir réparation. Or qu'a-t-il obtenu dans les faits? Seulement la permission de réclamer des sommes difficiles et coûteuses à récupérer. Cela ressemble étrangement aux jugements des petites créances où celui qui a gagné une cause au bout de 3 ans a le fardeau de récupérer l'argent qu'on lui doit. En réalité, il incombe au système judiciaire de s'assurer que son jugement soit respecté et dans le plus court délai possible.
Claude Robinson a été floué par des mesures dilatoires encouragées et permises par le système judiciaire pour décourager à dessein toute personne qui oserait l'imiter.
Le système judiciaire donne tout simplement une leçon, un avertissement à tous ceux qui voudraient tenter d'obtenir justice des amis des politiciens. On use et abuse et ruine le portefeuille et la santé de toute personne qui traduit en justice des amis des politiciens.
La justice est au service des politiciens et de leurs amis et non au service des citoyens en général. Le principe premier de la justice est servir leurs maîtres quels qu'ils soient même s'ils sont les plus pourris de la société.
Le système judiciaire nous a fait la démonstration qu'il est un larbin des riches et des puissants. Une véritable honte qui doit disparaître et être remplacée par un nouveau système judiciaire tel que je le préconise dans projetsdeloi.com sous la rubrique ou pamphlet: Justice pour tous.
Louis Lapointe Répondre
27 décembre 2013Bonjour M. Carmichael,
Il y a beaucoup de bons rapports qui ont été mis sur les tablettes parce que la volonté politique n’y était pas. L’administration de la justice relève du politique qui est lui-même influencé par le puissant lobby des grands cabinets d’avocat. Une réalité que j’ai décrite dans de nombreux billets. Les sommes d’argent en jeu sont trop importantes pour que cette question se règle uniquement en fonction des intérêts du public.
L.L.
Archives de Vigile Répondre
25 décembre 2013Un des juges de la Cour Suprême qui a participé au cas Robinson est Thomas Cromwell.
Celui-ci a présidé un comité qui a pondu le rapport suivant en Octobre 2013: L’ACCÈS À LA JUSTICE EN MATIÈRE CIVILE ET FAMILIALE - Une feuille de route pour le changement
Que pensez-vous de ce rapport, M. Lapointe?
Est-ce sérieux, ou n'est-ce qu'un ramassis de bonnes intentions qui risquent peu d'aboutir à quelque chose de concret?
Archives de Vigile Répondre
24 décembre 2013D'accord il y a eu justice. Tous les profs de Droit sont venus le dire à la télé et à la radio. Belle avancée pour les prochaines victimes. Belle consolidation pour la question des droits d'auteur. Bravo!
Mais d'après moi au final le résultat c'est qu'il n'y a pas apparence de justice. Et on ne comprends même pas pourquoi la Supreme Court n'a pas jugé pertinent voire nécessaire d'affirmer que les ordures qui l'ont volé étaient solidaires.
Et Claude Robinson est laissé tout nu dans le chemin de la revendication éternelle auprès des gens qui ont tous les moyens de continuer de rire de lui.
Kafka lui-même n'aurait pu imaginer un scénario plus tordu. Le Procès, le Château, la métamorphose, de la bière à côté de la saloperie dans laquelle se débat Claude Robinson, et de laquelle il ne sortira pas vivant...