La messe n’est pas dite; l’histoire n’est jamais écrite d’avance. Le chef intérimaire du Parti québécois, Pascal Bérubé, a raison.
Mais à tous ceux qui au PQ et ailleurs parlent de la nécessaire introspection à mener après la nouvelle débâcle du 1er octobre, de l’incontournable renouvellement à opérer, prière, s’il vous plaît, de ne pas oublier que la formation fondée par René Lévesque il y a tout juste 50 ans est coutumière de ces exercices. Le PQ en a essayé, des choses! Trop, même.
Il y a eu l’«étapisme» de René Lévesque et de Claude Morin, l’éternel débat sur l’élection référendaire, le «si vous votez pour nous, vous aurez un référendum sur la souveraineté» de Jacques Parizeau, les «conditions gagnantes» de Lucien Bouchard, le référendum «le plus tôt possible» de Bernard Landry et d’André Boisclair.
Il y a eu des débats sur la pertinence de poser des «gestes de rupture» avec le reste du Canada, la proposition de «référendums sectoriels», la «gouvernance souverainiste» de Pauline Marois, ainsi que le référendum au «moment approprié».
Il y a eu des allers-retours entre le «nous» et le nationalisme «civique».
Avec Jean-François Lisée, il y a eu le report de tout référendum à un éventuel deuxième mandat en 2022.
Il y a eu des virages à gauche et des coups de volant à droite.
On est passé par le «brassage d’idées» et la «saison des idées»; du rapport des «trois mousquetaires» en 2004 à celui, plus récent, de Paul St-Pierre Plamondon.
Il y a aussi eu Pierre Karl Péladeau à la direction du parti. Il y a aussi eu, remontons à nouveau dans le temps, le «beau risque» de René Lévesque et «l’affirmation nationale» de Pierre Marc Johnson.
Que personne ne fasse semblant que rien n’a été tenté au fil des ans au Parti québécois, tout de même! Ce parti est dans le renouvellement permanent; dans le renouvellement à l’excès, même. Le PQ est à la croisée des chemins? Il l’est depuis 50 ans, tout en étant plus faible aujourd’hui qu’hier, mais résilient.
Oui, mais comment?
L’homme d’affaires Alexandre Taillefer affirme que le Parti libéral du Québec doit se rebrancher sur l’électorat francophone, qu’il doit être plus nationaliste. La belle affaire! Il dit l’évidence. Ça ou défoncer des portes ouvertes...
Se rebrancher? Oui, mais comment? En posant quels gestes? En faisant quoi? Voilà ce qu’il faudrait entendre. Trop tôt pour cela au Parti libéral? Voilà pourtant 10 ans qu’on y entend ce message.
Contrairement au PQ, le PLQ n’a jamais vraiment cherché à «retourner chaque pierre» — pour reprendre une expression de Lucien Bouchard.
Il existe depuis longtemps des visions opposées au sein du Parti libéral du Québec quant au «positionnement» nationaliste. Il y a ceux qui réclament cette «reconnexion» avec les francophones — sans jamais oser dire comment — et ceux qui, comme le désormais ex-chef Philippe Couillard, veulent que les libéraux restent «fidèles à leurs valeurs»; autrement dit, qu’ils promeuvent d’abord et avant tout les libertés et les droits individuels, particulièrement sur les questions identitaires.
On ne sait rien du «quoi», mais on parle des «qui» — de qui sera chef… On se bouscule déjà au portillon pour succéder à Philippe Couillard. Pourtant — et c’est un autre effet des élections à date fixe —, rien ne presse, comme l’a dit Pascal Bérubé lorsqu’il a invité le PQ à prendre son temps. Le gouvernement de François Legault demeurera en poste au moins jusqu’au 3 octobre 2022. Et jusqu’en 2026 s’il décroche un deuxième mandat d’affilée.
Ah le dosage!
Certains des candidats pressentis à la direction du PLQ et du PQ pourraient bien ne pas être sur le fil de départ lorsque les courses à la direction seront lancées dans probablement 18 mois. Les anticipations du système politico-médiatique ne sont pas des vérités. L’histoire n’est pas écrite d’avance.
On n’échappe pas au renouvellement. Le bon renouvellement, lui, est une affaire de dosage.