L’espoir de Lisée

Il doit convaincre qu’il a appris de ses erreurs et aborde les choses vraiment différemment aujourd’hui.

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«La pente est très abrupte pour Lisée»






Il fallait que tous les analystes reviennent des vacances estivales en disant que la course à la chefferie du PQ manquait totalement d’intérêt pour que ladite course devienne pas mal plus intéressante. Le premier débat, puis l’adhésion de quatre députés au camp Lisée ont vraiment remis du piquant cette semaine.




La question demeure: Jean-François Lisée a-t-il une vraie chance de gagner? Alexandre Cloutier est talentueux, bien organisé, il s’est forgé une avance significative... Et il ne reste même pas un mois avant que les membres du PQ ne commencent à voter. Les membres d’un parti sont des gens politisés dont le comportement électoral est moins volatil que celui de l’électorat en général.




Succès de communication




Je crois sincèrement que la pente est très abrupte pour Lisée, mais pas impossible. Il faut reconnaître qu’il a réussi un tour de force en six mois. Son image publique est passée de «fendant solitaire qui croit tout savoir» à «courageux underdog capable d’écouter et de rassembler des appuis». En plus, il s’est positionné comme une machine à idées, mais sans le côté premier de classe fatigant.




Comme repositionnement, il s’agit d’un exploit communicationnel digne d’être enseigné dans les facultés universitaires de communication. D’autant plus que ce rôle de négligé au début de la course qui persévère et se bat jusqu’à la fin, les Québécois adorent ça... au cinéma comme dans la vie.




Pour espérer causer la surprise, Jean-François Lisée doit maintenant réaliser trois autres prouesses.




Programme chargé !




D’abord, il doit convaincre ses collègues et amis du Parti québécois que le nouveau Jean-François, revu et amélioré, est là pour rester. Il doit les convaincre que ce Jean-François 2.0, celui qui écoute les autres et agit en coéquipier exemplaire, n’est pas qu’un personnage le temps d’une opération séduction.




Au fond, il doit convaincre qu’il a appris de ses erreurs et aborde les choses vraiment différemment aujourd’hui. Pas une tâche facile... Dans un parti politique, les gens ont parfois la mémoire longue.




Ensuite, monsieur Lisée doit obtenir quelques appuis supplémentaires d’éminences grises du parti. J’ai la conviction que nombre de militants péquistes flottent dans l’incertitude face à son choix de renoncer clairement à un référendum dans le prochain mandat. Ceux-ci ne savent plus trop s’il s’agit de courage ou de lâcheté, s’il s’agit de défaitisme ou de sagesse.




L’entrée en scène de quelques voix respectées dans le PQ, accréditant que Lisée fait preuve de clairvoyance, lui donnerait beaucoup de crédibilité. Encore là, les délais sont courts et plusieurs des ténors du PQ se sont déjà engagés en faveur d’Alexandre Cloutier, qu’ils voient comme l’avenir du parti.




Finalement, compte tenu des délais courts, Lisée n’aura pas le choix. La victoire n’est pas possible sans un coup percutant sur le meneur lors d’un des prochains débats. S’il est assez fort pour faire fléchir Alexandre Cloutier, les péquistes auront peur que Cloutier se fasse éventuellement rosser par les Couillard et Legault. En politique, la peur fait bouger les électeurs.




Faisable, tout ça, en quatre semaines? Lisée vit d’espoir.



 




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